Concerts

FMBM 2025 | Louis-Jean Cormier, Def Mama Def, Chacón et Sara Curruchich

Toujours en direct de Gaspé: on a remis nos running pour une nouvelle ascension, on a découvert de nouveaux groupes franchement excitants avec lesquels on s’est trémoussé et on a veillé jusqu’à tard (ou tôt, c’est selon) avec une artiste qui valait tous les réveils matins à 4h du matin au monde. Retour sur la journée du samedi (et un peu du dimanche) au FMBM!

Louis-Jean Cormier. Crédit: Katianna Mennie

Louis-Jean Cormier

Nouvelle journée, nouveau concert en altitude au Festival Musique du Bout du Monde! Samedi, c’était au tour d’un certain Louis-Jean Cormier de monter la garde au sommet du Mont-Béchervaise. Je me suis pacté un petit sac et j’ai enfilé ma paire d’espadrilles tout terrain pour assister au show de cet artiste chouchou qui allait accorder ses phrases, et celles des autres, avec le sublime panorama que nous offre ce point de vue.

Avant le spectacle, nous ne savions pas si l’ancien barbu allait présenter son concert Les Entretoits, qu’il a rouler tout l’été, ou une prestation différente. L’auteur-compositeur-interprète a opté pour la première option; il faut dire que le décor s’adaptait plutôt bien aussi aux magnifiques reprises de chansons présentées dans ce spectacle, qui ont, entre autres, bercé sa tendre enfance. Ayant écrit sur le concert en juin dernier, je vous évite toutefois un retour trop exhaustif. On ne s’en formalise pas trop par contre. Il nous faisait plaisir d’entendre, une nouvelle fois, les reprises exquises de Tu m’aimes-tu?, de Gros Pierre, de Tue-moi et des autres.

Sur la montagne, Louis-Jean Cormier a offert une version légèrement tronquée du show qu’il avait présenté dans la pénombre de la Place des arts en juin dernier, faute de temps, alors que les randonneurs doivent redescendre à pied le versant escarpé de la montagne. Même s’il a élagué quelques chansons de la version complète, les allocutions rigolotes de l’artiste, à propos de tout, du hasard qui fait bien les choses, et de la beauté des accidents, ont réussi à charmer la grande foule sur place. Le spectacle affichant complet, tous les rondins étaient occupés face à la baie.

Là où le bât blessait un peu cependant, c’est avec les bruits ambiants. Des enfants légèrement dissipés et le bruit stridant de la remontée mécanique, qui se remettait en marche, venaient, par moments, nous taquiner l’oreille et nous extirper de la douceur d’une reprise comme celle du Tour de l’île, par exemple. Rappelons que, dans Les Entretoits, nous sommes seuls avec l’artiste en one-man show. Ce dernier assure le chant, la guitare et la podorythmie.

Même si, en ce sens, le concert n’a pas du être créé pour le sommet d’une montagne, Louis-Jean Cormier a, comme d’habitude, assuré et le public s’en est retourné, bâtons de marche en main, visiblement charmé.

Def Mama Def

Alors que le soir tombait sur Gaspé, on a fait une première belle découverte avec le duo musical sénégalais Def Mama Def qui met en vedette Mamy Victory et Defa. Les deux artistes ont, j’en suis certain, surpris pas mal de monde sous le chapiteau Harbour avec leur hip-hop dakarois, leur énergie flamboyante et leurs pas de danse endiablés.

Les rappeuses, sapées pour les circonstances, étaient jointes sur scène par deux percussionnistes qui ont fait vibrer les planches avec leurs rythmes franchement enlevants. En avant-scène, Mamy Victory et Defa délivraient leur prose en wolof et, à certains moments, faisaient état de leur agilité en alignant de savants moves avec synchronicité.

Profitant de leur rencontre avec le public gaspésien, les deux reines nous ont offert un cour express de la langue wolof, nous apprenant le mot « merci », avec la vibrante chanson Dieuredieuf. On est ensuite parti pour un tour dans lequel la belle foule a été emportée jusqu’à Dakar par les productions hip-hop et afro beats enivrantes. Quelle géniale rencontre!

CHACÓN

Notre soirée de découvertes ne s’arrêtait pas là, alors que le Cubain d’origine, maintenant basé à Montréal, CHACÓN, allait nous faire danser au Café Paquebot sur la rue de la Reine. Dès 23h30, ses premières notes ont retenti dans le salon presque vide du café. Sur le coup, les rythmes rebondissants de Prendio se sont fait entendre, et en un coup de vent, la salle s’est immédiatement remplie.

Fort sympathique, Javi Chacón a présenté plusieurs chansons de son album Solo, paru en 2024. Sa pop latine se vêtit de sonorités RnB tropicales et se prête superbement à la fête. Avec son timbre de voix chaud, ses mélodies convaincantes et les rythmes fournis par ses deux acolytes, l’artiste a fait danser le public à l’intérieur, comme à l’extérieur, avec la grande fenêtre du café ouverte sur la rue principale.

Sara Curruchich à l’aube. Crédit: Productions Luna

Sara Curruchich

Un concert à l’aube, c’est un peu le clou d’un festival. Et il ne me fait pas peur de dire que la performance de Sara Curruchich dans la nuit de samedi à dimanche aura été l’évènement le plus marquant de la 21e édition du FMBM.

L’équipe de la programmation, menée par Bianka Lévesque, nous conviait au Cap Bon-Ami, situé dans le parc national Forillon, pour le spectacle au lever du soleil de l’artiste guatémaltèque d’origine maya Cakchiquel Sara Curruchich. Il m’était donc tout naturel de mettre mon alarme à 3h30, et de conduire la trentaine de minutes sinueuses entre Gaspé et Forillon pour découvrir cette épatante autrice-compositrice-interprète.

À mon arrivée sur les lieux, alors que la nuit laissait doucement sa place à un ciel rose surplombant le golfe du Saint-Laurent, les premières notes du marimba retentissaient au loin. De nombreux festivaliers, assis ou couchés, ont aussi eu la même idée et ont bravé la nuit. Équipé d’un chaleureux café et d’un délicieux biscuit aux raisins secs qui m’ont gentiment été offerts, je me suis déniché une des dernières places restantes pour être témoin de ces deux épatants spectacles: celui de l’artiste invitée et celui de la journée qui s’éveillait.

Comme plusieurs, j’ai été d’emblée subjugué par la proposition folk et pop de la musicienne qui chante en espagnol et en Kaqchikel, la langue de sa mère. Elle le fait tendrement, derrière sa guitare, alors qu’elle est flanquée d’une percussionniste, d’une bassiste et d’une véritable virtuose du marimba, instrument qui a monté de manière fulgurante dans le classement de mes instruments favoris. Curruchich ponctue sa prestation de commentaires chargés, en espagnol, et par moments en français. Elle témoigne de la réalité d’être une femme autochtone au Guatemala et dans le monde. Dans sa musique, elle se fait aussi le devoir d’aborder les difficultés vécues par les femmes autochtones, ainsi que les injustices crasses causées par le patriarcat. Sa sensibilité et la puissance de ses messages se font sentir dans sa voix parfois fragile et parfois forte et dans la musicalité attachante de ses pièces.

C’est ainsi que le jour s’est levé, au son d’un concert fort et musicalement convaincant qui restera assurément gravé dans les mémoires, même de ceux qui en profitaient pour se reposer doucement. Bravo pour ça, Sara Curruchich et le FMBM. On s’en souviendra.

Crédit photo: Katianna Mennie (Louis-Jean Cormier), Productions Luna (Sara Curruchich)

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