Concerts

FIJM 2025 | Thundercat + Ariane Racicot

Les soirées se suivent, mais ne se ressemblent pas au FIJM 2025. On ne sait jamais trop à quoi s’attendre, mais ça déçoit rarement. Mardi soir: remise de prix, moitié-moitié (pas la loterie), déhanchements, fusion et bonnes vibrations. 

Thundercat. Crédit: Maya Goudreau

Thundercat: en deux temps

Confortablement assis dans l’un des 3000 sièges rouges de la salle Wilfrid-Pelletier, j’attends avec impatience l’arrivée d’un certain Thundercat. Le virtuose américain de la guitare basse était de retour dans la métropole, alors qu’il y a déjà poussé la note à l’occasion du Festival de jazz lors d’une soirée étouffante en juillet 2023. Mardi soir, il remettait ça, plus au frais cette fois, dans la salle mythique de la Place des Arts. 

Face à la scène, un public trépidant d’impatience s’installe. Les lumières se tamisent enfin. Sans fioriture, Stephen Bruner, de son nom de baptistère, entre en scène, accompagné de ses fidèles collègues Dennis Hamm, aux claviers, et Justin Brown à la batterie. Cool au possible, Thundercat empoigne son outil de prédilection, une Ibanez 6 cordes rouges reluisantes sur laquelle on y voit un personnage d’anime japonais, et on part pour un tour. 

On aura droit, dans l’heure et demie qui suit, à une succession incessante de chansons complexes, mélangeant funk psychédélique et jazz fusion qui se déploient avec ardeur, souvent sous la forme de longues improvisations qui satisferont les plus férus de jazz champ gauche. Au cœur de cette aventure, le bassiste et ses partenaires délivreront de nombreux morceaux qui apparaîtront sur un album qui devrait voir le jour bientôt, et d’autres chansons se trouvant sur son dernier long jeu, It Is What It Is, de 2020.

Toutefois, la première moitié du concert est assez dense et plutôt impersonnelle, alors que le trio enfile en vitesse les morceaux délaissant trop souvent la voix du musicien. En plus, ce dernier semble un peu timide dans la première demie-heure, alors qu’il n’adressera pas la foule, elle, qui semble avide de l’entendre blaguer et déblatérer à propos de sujets aléatoires comme à l’habitude. Heureusement, on peut se rabattre sur ses lignes de basse grondantes et maîtrisées, envoyées par ses doigts à la dextérité innée, ainsi que sur les euphorisants solos de batterie de Justin Brown, coiffé d’un impeccable panama pour l’occasion. Pour tout dire, la musique jouée sur scène est impressionnante, mais la connexion avec le public n’est pas tout à fait au rendez-vous.

Puis, tout bascule. On souffle enfin lorsque le bassiste entreprend une nouvelle chanson, pour l’interrompre immédiatement, en raison d’un gaz impromptu. « I farted », accuse simplement Bruner, ouvrant finalement les valves de sa folie sur scène. S’en est suivi d’autres morceaux, laissant de plus en plus de place à ses capacités de vocaliste, et à davantage d’interactions sympathiques avec les spectateurs. En sa compagnie, on aborde ses classiques oreilles de chats et la différence entre les maîtres canins et félins, avant de se lancer dans la très bonne A Fan’s Mail (Tron Song Suite II), sur laquelle il demande au public de miauler avec lui. Ragaillardi, le musicien affiche un grand sourire pendant l’acte et s’amuse à pianoter quelques fausses notes sur le clavier de son partenaire Hamm lors d’un solo de son percussionniste. De cette façon, la dernière heure déboule rapidement et la soirée atteint son paroxysme lorsque Thundercat annonce qu’il veut faire la fête. 

La foule, en jambe, se lève sans se faire prier et c’est ainsi que l’on embarque dans une fin de concert jouissive lors de laquelle les très festives Funny Thing et Them Changes se succèderont. Leurs grooves remarquables causeront de nombreux coups de bassin.

Finalement, l’apothéose. Se laissant guider par les bonnes vibrations, un gamin nommé Milo grimpe sur scène et offre ses meilleurs pas de danse aux 3000 personnes rassemblées et à un Thundercat grandement amusé. Le garçon restera pour les deux derniers morceaux, se récoltant les compliments du chef et l’admiration de bien du monde. 

Les musiciens reviendront sur scène pour un chaleureux rappel en Lotus & The Jondy, puis quitteront la scène pour vrai cette fois. Mais les lumières ne se rallumeront pas, puisque Maurin Auxéméry, le programmateur du festival, débarquera sur les planches, Prix Miles-Davis en main, pour l’offrir à Thundercat afin de célébrer son œuvre et sa contribution au genre. Cette surprise vient couronner une fin de soirée enivrante, marquée par le regain d’énergie sur les planches et dans l’audience.

Ariane Racicot. Crédit: Maya Goudreau

Ariane Racicot: le feu pour l’apéro

C’est avec la pianiste jazz Ariane Racicot que j’ai eu la chance de débuter cette soirée sur la très agréable esplanade Tranquille. Devant une foule généreuse, Racicot et ses musiciens, Guillaume Picard (batterie) et Antoine Rochefort (basse), ont présenté l’éventail de chansons jazz fusion de son plus récent album Danser avec le feu paru en début d’année. Sur ce projet, la musique de l’artiste est teintée d’inspirations latines, prog rock, métal et classiques, alors que les pièces deviennent le vecteur de thèmes chers à la pianiste, notamment l’écoanxiété et la résilience.

Sur scène, le trio de musiciens a fait preuve d’une belle cohésion leur permettant de nous surprendre souvent en cassant le rythme des pièces et en modifiant l’intensité de celles-ci. Le petit groupe s’est également amusé au son de solos qui se sont mérité les applaudissements allègres de la foule. 

Lovée au-dessus des ivoires, Ariane Racicot a fait preuve d’un doigté et d’un sens de la musique aguerri qui nous ont entraînés dans sa proposition jazz émancipée. Les chansons de l’album, en ordre, se sont succédé et la sympathique équipe s’est permis de longs passages sans interruption qui ont également soutiré les commentaires admirateurs des festivaliers. Belle façon de débuter une soirée de festivités en ce 1er juillet, pour les plus fêtards d’entre nous!

Crédit photo: Maya Goudreau

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