Concerts

FIJM 2025 | Katie Tupper + Sun Ra Arkestra + Esperanza Spalding

Quelle dernière soirée du Festival International de Jazz de Montréal pour l’édition 2025 ! La qualité était au rendez-vous devant une Place des Festivals remplie à rebord.

Pour cette dernière soirée, j’ai passé mon temps entre la scène principale et la scène Rogers pour attraper une jeune artiste canadienne, un groupe légendaire sans son meneur et une bassiste décorée qui a clôturé le festival en grand.

Katie Tupper

La sensation de la soul et du R&B canadien, Katie Tupper, était de passage pour présenter les pièces de ses deux premiers EP et les nouveaux extraits lancés au cours de derniers mois. Très à l’aise sur scène, la jeune femme a conquis la foule qui s’amassait devant elle. Elle a fait plusieurs allusions à sa bisexualité, en profitant pour lancer des messages de support et d’ouverture à la différence à la foule. Difficile de ne pas tirer des comparaisons avec Charlotte Day Wilson, puisque les deux femmes jouent dans les mêmes eaux musicales. Chez Katie Tupper, c’est un peu plus conventionnel musicalement, mais on y trouve tout de même beaucoup de réconfort. Sa voix est impressionnante sur scène et son interprétation déjà très profonde pour son jeune âge. Parmi les bons moments, on retient All of Me, une pièce écrite lorsqu’elle a fait son coming out à sa meilleure amie pour lui avouer qu’elle était en amour et Jeans (Fall On My Knees) paru plus tôt cette année.

Crédit : Productions Novak

Sun Ra Arkestra

Les légendes prenaient la scène Rogers à 19h avec toute la couleur qu’on lui connait : les habits brillants, les iconographies égyptiennes et une bonne quantité de cuivres et de bois. Petite déception d’entrée de jeu : Marshall Allen, le meneur actuel de la formation à l’âge vénérable de 101 ans n’a pas fait le voyage. C’était un peu prévisible, mais on peut toujours espérer! Bref, c’est plutôt Knoel Scott qui était responsable du Sun Ra Arkestra. Et même si le maître n’y était pas, les musiciens qui étaient au poste étaient eux aussi impressionnants à leur propre façon.

Dans le lot, on trouvait plusieurs musiciens de longue date de la formation, comme Michael Ray à la trompette et Tyler Mitchell à la contrebasse. Parmi les plus jeunes de la bande, notons l’excellent travail de Chris Hemingway, qui a notamment fait un solo qui valait le détour à lui seul sur la pièce-titre du dernier album. Outre que, musicalement, ce sont d’excellents musiciens et que leur performance était convaincante, il y a quelque chose d’incroyable à voir un groupe qui garde en vie le projet du Sun Ra Arkestra, qui existe depuis le milieu des années 50. Ceux-ci ont survécu à de nombreux de leurs contemporains grâce à l’esprit de groupe qui habite le projet et la volonté de garder la vision de Sun Ra en vie. Knoel Scott qui menait le groupe l’a fait de manière énergique et adroite.

Esperanza Spalding

Esperanza Spalding a offert un incroyable concert hier soir. OUF. L’autrice-compositrice-interprète a survolé sa discographie avec des pièces qui venait de son deuxième album paru en 2008, I Know You Know, jusqu’à Songwrights Apothecary Lab avec Formewela 5, paru en 2021. Théâtrale à travers son interprétation, Spalding a l’œil vif et le sourire toujours en coin, comme si elle avait déjà cinq gestes d’avance sur nous.

Son engagement politique a aussi été de la partie. Dès son entrée sur scène, assise au piano, elle a souhaité que, pour cette fin de semaine de l’indépendance américaine, l’on brûle bien des choses et pas seulement l’atmosphère. Elle a précisé qu’elle savait que nous n’étions pas du même pays, mais que nous étions de la famille, et que nous comprenions. Cet engagement s’est fait sentir aussi dans la magnifique et puissante Black Gold qui a fermé le concert. Accompagnée d’Eric Doob et Matthew Stevens, elle a servi une leçon de musique délicieuse de la première à la dernière note devant une place des festivals qui reculait très loin sur la rue Sainte-Catherine. Bref, une parfaite soirée de FIJM.

Ses musiciens aussi sont particulièrement habiles avec leurs instruments. Eric Doob a eu de beaux échanges d’improvisation avec l’une des deux danseuses alors qu’il suivait ses gestes et réagissait avec sa guitare. D’ailleurs, ces deux danseuses n’étaient pas seulement habiles dans le geste, elles ont pris le micro à quelques reprises pour ajouter leurs voix à celle de Spalding. Entre deux interventions mordantes, Esperenza Spalding a fait preuve de grande qualité de musicienne. On note sa voix puissante qui a brillé notamment sur I Want it Now tirée d’Emily’s D+Evolution en 2016.

C’était une autre belle édition du Festival International de Jazz de Montréal qui, malgré la météo pas toujours clémente, s’est bien tiré d’affaire.

Crédit photo: Couverture : Productions Novak

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