FIJM 2024 | Tord Gustavsen Trio, Cortex et Ambrose Akinmusire
En ce vendredi, seconde soirée de l’édition 2024 du Festival de Jazz de Montréal, plusieurs artistes ont fait voyager les festivaliers venus tendre l’oreille à de multiples genres musicaux. De ce côté, Tord Gustavsen Trio, le groupe Cortex et Ambrose Akinmusire en solo ont tour à tour démontré l’étendue de leurs capacités jazz.
Tord Gustavsen Trio
Le nom du pianiste norvégien Tord Gustavsen en est un que j’ai vu pour la première fois sur la programmation du présent Festival, c’est donc une découverte. Après une première écoute de l’opus Opening paru en 2022 ainsi que Changing Places paru en 2003, j’ai eu peu de mal à insérer son spectacle sur ma route. Il faut dire que comblé est un euphémisme et qu’avec ce spectacle jazz présenté au Gesù, c’est de l’espace mental que les compositions ont créé. En musique, c’est une poignée de longs moments, dépassant parfois les 20 minutes, auxquels s’est adonné le trio complété par son acolyte de longue date, le batteur Jarle Vespestad, ainsi que le contrebassiste qui joue sur Opening, Steinar Raknes. On y a retrouvé pour la plupart du temps un jazz de tempo lent, entrecroisé de moment où l’intensité est montée jusqu’à deviner les esquisses d’une composition hip-hop. Au final, c’est de la musique qui détend tout en donnant quelques kicks ici et là.
Cortex
Celles et ceux qui sont déjà tombés sur l’album jazz funk rock Troupeau bleu de Cortex paru en 1975 et qui ont décidé d’acheter un billet pour le spectacle d’hier au Club Soda auront été servi. C’est que le groupe français mené par Alain Mion, lequel est le seul membre original de la formation de 1974, a de manière décousue et entremêlée d’autres pièces, joué une bonne partie de cet opus indémodable. Pensons ici à La rue, L’enfant samba, l’éponyme Troupeau bleu, Mary et Jeff, Chansons d’un jour d’hiver et Huit octobre 1971, lesquels ont été interprétées avec justesse, nous laissant danser sur leur son jazz mélangé à de la samba et de la bossa, bref le genre d’élans qui groovent et qu’on se gâterait d’écouter en boucle. Aux claviers, Alain Mion, chaleureux, menait le tout comme un chef, mais l’espace donné à la chanteuse (elle sonnait aussi bien que Mireille Dalbray) ainsi qu’au saxophoniste, au bassiste Mohamed Ouaraz et au batteur a fait en sorte que le tout s’harmonise efficacement. Mention d’ailleurs à un certain moment du spectacle où la voix de la chanteuse et l’alto de Loic Soulat ont semblé converser sur le même ton.
Ambrose Akinmusire
De retour au Gesù en fin de soirée, j’ai assisté à toute une performance du trompettiste californien Ambrose Akinmusire. Sachant ne pas être un énorme connaisseur de cet instrument, il m’a semblé pertinent d’assister à un spectacle où l’accent serait mis uniquement dessus. Jouant dans l’ombre son free jazz funk aux multiples teintes, quelque peu illuminé par des jeux de lumière, ce dernier a démontré une grande maîtrise de son instrument. Sans être en mesure de dire quelle composition fut interprétée, j’avance toutefois que ce dernier a offert un bouquet qui a tenu la salle en silence pendant plus d’une heure. On y a ressenti un calme quasi spirituel, un moment où notre souffle apaisé réalisait que celui de Ambrose Akinmusire lui nous offrait un riche moment. Que ce soit dans les moments plus saccadés, dissonants, dans tous les changements de directions, de tempo et d’énergie ou encore dans quelques moments plus harmonieux et mélodiques, tout tenait en place avec talent et créativité.
Galerie photo de Cortex (et deux photos du collègue Félix B. Desfossés) par Charles-Antoine Marcotte
Crédit photo: Charles-Antoine Marcotte