Concerts

FIJM 2017: Jazzamboka, Binker and Moses et Portico Quartet

Hugo continue son pèlerinage dans le Quartier des Spectacles pour l’édition 2017 du Festival de Jazz. Cette fois-ci, il a été voir Jazzamboka, Binker and Moses et Portico Quartet.

Be Tender, Be Rough

Jazzamboka a bien commencé ma soirée avec leur jazz métissé à souhait lundi soir à la place SNC-Lavalin. Le quintette a déjà la maturité compositionnelle, l’énergie et la solidité pour faire partie de l’horaire payant au Festival, alors c’était un charme pour tout le public présent de les voir gratuitement sur la scène extérieure. Même en passant par les solos de synthés au son bien moderne, le chant et les tambours aux sonorités africaines et les pads électroniques, leur jazz réussit à rester homogène et pas trop déstabilisant. Les moments doux étaient bien tendres, et les moments intenses étaient bien corsés. Les cinq musiciens sont réglés au quart de tour, et ce malgré les métriques et les changements de rythmes à coucher dehors. Il ne faut pas se laisser méprendre par leur jeune âge, car ils sont meilleurs que beaucoup de leurs aînés. Ils interprètent leurs compositions comme s’ils les avaient jouées ensemble toute leur vie, et ça donne un excellent spectacle. Ils donnent le goût de les réentendre dans une bonne salle, ça, c’est pour sûr.

Victor Diaz-Lamich / Festival International de Jazz de Montréal

Saxomophone?

Binker and Moses, un inhabituel duo saxophone/batterie, a ouvert pour Portico Quartet au Club Soda, ou plutôt ils nous ont rappelés pourquoi cette instrumentation est aussi peu utilisée. Ce fut une déception par rapport à ce que je connaissais d’eux. Le saxophone ténor étant ce qu’il est, il ne peut ni assurer une fonction harmonique ni procurer assez de basses au spectre sonore. Pendant tout le spectacle, j’attendais que ça lève, que les deux membres arrêtent de se relancer la même balle, qu’ils orchestrent leurs pièces pour que ce soit intéressant, qu’il se passe quelque chose de différent qu’à la première pièce, mais en vain. Leur performance était à la limite ennuyante et la seule chose qui aurait pu la sauver ce sont des solos davantage virtuoses, plus intelligents, plus raffinés ou plus travaillés, mais non. Les deux instrumentistes ne sont pas mauvais, mais ils n’ont pas le gabarit nécessaire, à l’instant, pour bien rendre une telle chose. C’est comme si deux membres d’un big band moyen s’étaient parti un groupe ensemble. Ça donne des solos de batterie qui manque de resserrement et des parties de sax qui puisent dans le déjà-vu. À leur défense, rendre un tel projet vraiment intéressant, ça relève presque du miracle.

Victor Diaz-Lamich / Festival International de Jazz de Montréal

Frapper dans le mile

Heureusement que Portico Quartet est venu sauver la mise. Le groupe est composé d’un batteur, d’un contrebassiste, d’un saxophoniste très proche de ses pédales d’effets et d’un claviériste qui joue aussi de la batterie « steel ». Leurs compositions teintées de sonorités électroniques atmosphériques ne sont pas sans rappeler les minimalismes type Reich ou Glass, les textures à la Eno et même parfois une écriture pop/trip-hop rappelant Portishead. Le groupe offre des textures très intéressantes en montrant une autre facette bien à eux du jazz contemporain. Ils ont conscience que leurs instruments ne se limitent pas à leur usage traditionnel, et ont la présence d’esprit de doser adéquatement l’expérimentation pour toujours laisser leur jazz maternel bercer leur musique. L’écriture de toutes les parties semble méticuleuse et laisse transparaître une grande maturité; ils savent trier leurs influences pour donner un sitedemo.cauit fini balancé entre les sentiers battus et ceux moins explorés.

Victor Diaz-Lamich / Festival International de Jazz de Montréal

Les quatre gars sont très à l’aise avec leurs instruments et entre eux. Ça donne une performance plaisante à regarder bien qu’ils ne soient pas d’extraordinaires meneurs de scène. Leur musique est plus introspective, alors la seule vue des quatre membres portés par leur musique est amplement suffisante. Il y a eu certains petits écarts quant à la solidité du quatuor, mais rien de dramatique. Il leur manque un poil de pratique ou d’expérience pour certains passages, mais les envolées lyriques du saxophoniste à la Colin Stetson et les parties de batterie à la Radiohead nous le font vite oublier. Le groupe nous a interprété certaines de leurs nouvelles compositions, qui paraitront dans le prochain opus du groupe qui sort le 25 août, et ça promet. C’est résolument un groupe à surveiller de près.

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