Concerts

Festival International de Jazz 2019 : Hichem Khalfa et Makaya McCraven

Le premier dimanche du festival nous a offert toute une programmation avec la venue d’Hichem Khalfa à la Cinquième salle pour un hommage au célèbre groupe The RH Factor. Puis, c’est nul autre que le batteur Makaya McCraven qui, en fin de soirée pour l’événement quotidien Jazz dans la nuit au Gesù, est venu envoûter la salle de son énergie sans précédent.

Chose que l’on peut dire dans le cas d’Hichem Khalfa et de ses collaborateurs, c’est qu’ils n’ont pas déçu. En réalité, même s’il manquait un peu d’ambiance, dû au fait que la salle était à moitié comblée, rien n’a empêché les musiciens d’offrir une prestation éclatante. Dès le départ, ils ont donné envie de se lever en faisant groover la place. Difficile de demeurer assis lorsqu’on entend un ensemble d’une telle qualité.

Le septuor composé de divers instrumentistes a transporté le projet du vénéré trompettiste Roy Hargrove dans une dimension accessible et enivrante. La chanteuse qui accompagnait le groupe a su maintenir les notes les plus hautes comme les plus basses à chacune de ses présences. De ce fait, elle a offert la chaleur tant attendue, ajoutant un élément essentiel au spectacle.

Tout pour plaire, Hichem Khalfa, le trompettiste français qui a parfait son style à Montréal par son passage à McGill et par ses nombreuses rencontres, a démontré l’étendue de son talent sans mettre dans l’ombre les autres musiciens. Tout sourire, on le sentait en plein contrôle. Il n’aura pas eu besoin de se donner dans de quelconque discours en laissant plutôt la musique parler à sa place.

Une belle atmosphère s’est créée en peu de temps à travers les mélodies, faisant oublier les quelques petits soucis techniques. Se mêlant de la partie, les deux saxophonistes ont mis de la couleur à la charnière musicale. Quant à lui, le bassiste a démontré qu’il pouvait maintenir le cap avec des lignes invitantes. Tout pour donner du volume à la prestation de Khalfa, le batteur agissait en réel maître de son art. Au coeur de toutes les discussions, il était le chef de file, la bougie d’allumage de la majorité de la composition du spectacle. Le jeune guitariste a impressionné, offrant des solos qui ont soulevé la foule. Le pianiste n’est pas à oublier, mais ce n’était pas le plus remarqué.

Orchestré autour de plusieurs chansons de l’album Hard Groove dont Hardgroove, I’ll Stay, The Joint et Juicy, on peut dire que l’hommage est une réussite, offrant aux spectateurs une essence musicale de haute qualité.

Une incontournable visite pour le 40e anniversaire

Tard en soirée au Gesù, c’était au tour de Makaya McCraven d’emplir l’univers du Jazz et on peut dire que tout comme lui, nous étions choyés d’y être. Rares sont les artistes qui me font ressentir quelque chose d’aussi singulièrement envoûtant Dès le départ, on se lance dans son monde sans vouloir en sortir. L’univers de son dernier opus, Universal Beings, est onirique, mais tellement près de notre être. C’est organique. Enivrant, perturbant et surtout très satisfaisant, on peut dire que la prestation n’a laissé personne indifférent, animant les fourmis dans les jambes et les constants mouvements de tête.

On ne peut pas se mentir sur le sujet, tous les morceaux avaient comme point central McCraven lui-même, en plein contrôle de sa batterie et de son corps. Le groupe, qui se compose entièrement de musiciens de Chicago, était rempli de fierté en jouant pour le 40e du festival. À outrance effacés par McCraven, le saxophoniste, le bassiste, le pianiste et le guitariste ne sont pourtant pas à renier, même s’ils étaient en constante relégation au second plan. C’est que le batteur arrive tel un chauffeur de TGV, la pédale au fond, sortant des conventions en produisant sa propre science du son. Ça partait dans tous les sens, ça produisait une énergie aussi séduisante que l’amphithéâtre. Il faut être attentif et dévoué à l’écoute pour que notre oreille s’éloigne de toute idée de cacophonie, car ses compositions vont bien au-delà d’un simple assemblage de sons qui voguent. Tout est pensé et on peut dire sans contre-avis que McCraven en a séduit plus d’un, s’inscrivant comme un pionnier d’une nouvelle génération qui en a long à peindre.

La soirée a eu son lot d’euphorie générale, Young Genius faisant office de bois d’allumage à cette dernière. Tirée de l’album Universel Beings, le plus récent de McCraven, le premier titre joué a annoncé les couleurs dès le départ, démontrant ledit apport majeur de McCraven au-dessus de ses musiciens. Dès le départ, on accède au savoir, à la connexion et au partage d’émotions, même assis dans le noir à se concentrer sur la beauté du voyage. Humblement, McCraven remercie à plusieurs occasions ses acolytes, avec qui il partage ses plus grandes péripéties de tournée comme ses plus grandes sorties depuis quelque temps.

Ayant étudié au Massachusetts, lieu culte et phare de l’apprentissage musical, il s’est muni des éléments qui le propulsent désormais au sommet. Fort de ses nombreuses collaborations et de ce bagage personnel, celui qui a également joué au passage de gros titres de sa discographie comme Atlantic Black et The Bounce!, sait comment nous ensorceler dans ses crescendos et nous apaiser dans la douceur de ses decrescendos. On monte et on redescend avec lui, et on s’y plait grandement à le faire.

Somme toute, la soirée du 30 juin est à inscrire au calendrier des réussites du 40e anniversaire. Pour un retour en photos sur les autres spectacles, c’est par ici que ça se passe.

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