Festival en chanson de Petite-Vallée 2023 | Jour 3 : Vendôme et La Marée du gars du Lac
Avec ce compte-rendu, j’amorce plus officiellement la série de concerts que je couvrirai dans le cadre enchanteur du Festival en chanson de Petite-Vallée, spectacles qui se dérouleront au cours des cinq prochains jours.
À tout seigneur tout honneur c’est avec la formation indie rock Vendôme que j’ai débuté mon périple sonore hebdomadaire et je l’ai conclu avec La Marée du Gars du Lac; spectacle thématique qui invitait le public dans les univers respectifs de Gab Bouchard et de ses invités.
Vendôme : une prestation sympathique
Fort de son premier album paru au printemps dernier intitulé La fable de la grenouille dorée, le quatuor formé de Cédrik St-Onge, Bruno St-Laurent, Marc-Antoine Beaudoin et Tom Chicoine présentait un court concert au Camp Chanson de Petite-Vallée.
C’est dans cette ancienne chapelle joliment décorée, et remplie sa pleine capacité, que Vendôme nous a présenté son soft rock aux accents psychédéliques. Sur son premier long format, le groupe m’a plus ou moins convaincu. En spectacle, ce sont les moments planants et la grande complicité qui unit les membres de la formation qui m’ont en partie charmé. Dans le premier segment du concert, j’ai surtout apprécié l’excellente relecture d’Encre à Papi(llon), deuxième morceau de leur premier long format.
Or, en plein milieu du spectacle, plus précisément dans l’introduction de Fucking Cool, une courte panne d’électricité a stoppé net l’élan du groupe. Mais imperturbable, Vendôme a repris la pièce avec aisance sans être désarçonné par cette interruption. Vers la fin du spectacle, tout juste avant Brian Jones — autre morceau tiré du premier opus — le bassiste Tom Chicoine nous a confié que son père n’a pu être présent au spectacle puisqu’il était malade. L’anniversaire du paternel est le 31 juillet. Chicoine a donc demandé au public de le saluer pendant qu’il enregistrait la déclaration d’amour du public sur son téléphone. Un beau moment.
Si Vendôme pouvait transposer l’énergie qu’il déploie en concert sur leur prochain enregistrement, et si la formation augmentait le ratio de sonorités aériennes sur leurs prochaines chansons, je pourrais être véritablement preneur de leur offre chansonnière. Un concert somme toute sympathique.
La Marée du gars du Lac : un concert-thématique authentique et touchant
Le Festival en chanson de Petite-Vallée a offert une vitrine de choix à Gab Bouchard en lui permettant d’être l’une des têtes d’affiche de ses deux spectacles thématiques. Pour cette occasion, Bouchard avait rameuté Ariane Roy, Caroline Savoie et le vétéran Pierre Flynn qui célèbre cette année ses cinquante ans de carrière à Petite-Vallée.
Mis en scène habilement par le directeur général et artistique du festival, Alan Côté, ce spectacle-événement — il ne sera présenté qu’une seule fois — fut parfaitement élaboré, laissant également une place importante à la spontanéité.
Après une première chanson de Bouchard, Caroline Savoie et Ariane Roy se sont présentées sur scène pour nous offrir chacune une pièce tirée de leur répertoire. La dernière s’est particulièrement démarquée avec une version musclée de Ce n’est pas de la chance, morceau-phare de son album medium plaisir paru en 2022.
Mais le moment émouvant de cette soirée fut sans contredit lorsque le vétéran Pierre Flynn s’est pointé sur scène. Âgé de 69 ans, l’auteur-compositeur, bien en voix, nous a émus avec une version incarnée d’Ariana et une relecture « seul au piano » d’Étoile, étoile qui a subjugué le public.
Par la suite, tout ce beau monde s’est retrouvé sur scène en mode « déplogué ». Caroline Savoie s’est alors transformé en une émule de Gillian Welch avec Pour pépère, chanson dédiée à son grand-père décédé qui avait, semble-t-il, bien compris l’extraversion et le talent qui habite sa petite-fille. Pour sa part, Flynn y est allé d’une lecture dépouillée d’En Cavale et Bouchard a conclu ce tour de chant avec Neige, nous laissant avec une agréable impression d’avoir assisté à une prestation intime au bord d’un feu de camp.
Pierre Flynn a également rendu hommage à notre acteur saguenéen préféré, feu Michel Côté. Crazy de Patsy Cline — pièce centrale du film du même nom réalisé par un autre grand disparu, Jean-Marc Vallée — fut interprétée avec sensualité et sincérité par Savoie et Roy. Je souligne aussi la performance électrisante d’Ariane Roy durant Le paradis de l’amour qui a dynamisé le Théâtre de la Vieille Forge. Cette soirée s’est conclue avec Gab Bouchard qui nous a offert Étoiles, celle-ci extraite de Triste pareil, son premier album.
J’aimerais également insister sur la performance exceptionnelle du groupe accompagnateur de Gab Bouchard. Du bassiste Pierre-Yves Gagnon au batteur Victor Tremblay-Desrosiers, en passant par le guitariste Zach Boileau, la choriste Audrey-Michelle Simard et le claviériste Mathieu Quenneville, tous, sans exception, ont offert une performance du tonnerre pour appuyer l’auteur-compositeur et ses acolytes.
S’il n’y avait qu’un seul bémol à émettre, c’est peut-être la présence assez effacée de Bouchard durant l’ensemble du spectacle. Du même souffle, cette distanciation en dit assez long sur la générosité de l’artiste qui a laissé beaucoup de place à ses invités.
Enfin, Bouchard nous a gentiment congédiés avec son succès Tu me connais trop bien, ce qui a incité quelques jeunes fans à aller danser tout près de la scène.
La carte postale du jour :
Pour la durée de notre séjour, nous résidons à la pourvoirie Beauséjour, lieu de villégiature situé aux limites de Petite-Vallée, à quelques kilomètres du Théâtre de la Vieille Forge. Dès qu’on y met les pieds, l’établissement, localisé au bord du Lac Asselin, impose en lui-même le respect et la tranquillité. Le décor rustique et le bois qui craque sous chacun de nos pas accentuent cet effet dépaysant que l’on désire lorsque nous quittons nos agglomérations urbaines.
En passant, j’aimerais saluer chaleureusement ces sympathiques bénévoles qui s’occupent de l’entretien des chambres durant notre passage. Geneviève et Nicole m’ont particulièrement facilité la tâche en me permettant de déjeuner sur place, m’évitant ainsi un déplacement superflu. Puisque je dois produire mes comptes-rendus tous les matins, cette facilitation me permet d’être un peu plus productif.
Merci mille fois !
Crédit photo: Alexandre Cotton