Concerts

Festif! de Baie-Saint-Paul 2024 | Embo/phlébite, Violent Ground, OGB, LaF, Pelada et The Courettes

La programmation du samedi de cette 15e édition du Festif! de Baie-Saint-Paul nous a de nouveau offert plusieurs intéressantes possibilités pour moduler sa journée. Ici, je me suis adonné a un mélange de découvertes et de redécouvertes. Les artistes musicaux Embo/phlébite, Violent Ground, OGB, LaF, Pelada et The Courettes ont fait parti du paysage sonore.

Embo/phlébite

Le projet du quintette Embo/phlébite est un détour que j’attendais de faire depuis que leur nom et leur musique m’ont interpellé après avoir pris connaissance de la présente programmation du Festif! ; il y est d’ailleurs parce que la bande a remporté la plus récente édition du Cabaret Festif!. C’est qu’avec leur indie rock décomplexé, le groupe mené par Raphaël Léveillé mais aussi par les idées de ses 4 acolytes (Naomie De Lorimier, Agathe Dupéré, Charles Marsolais et Gabriel Lapierre) fait du bien par son côté weird accessible qui est sans flafla au niveau des paroles en demeurant bien texturé au niveau instrumental. Autrement dit, j’ai l’impression que les paroles servent à créer l’atmosphère, un voile étrange, alors que les mélodies sont les vaisseaux qui guident les compositions. Ces derniers, sur une petite scène disposée dans la cour arrière d’un marchand, ont puisé dans leur répertoire en passant par des compositions de leur album Les fausses liaisons comme la rêveuse Fantômes et la balade Les siestes sont longues chez Caro en ajoutant notamment la punk rock aérienne Hibou et la folk Pleurer sur la job. J’ai bien hâte de voir ce que nous réserve la suite pour ces derniers, sachant que leur style prend du panache dans plusieurs directions.

Violent Ground

Violent Ground, c’est le duo hip-hop des frères Nabinacaboo, Allan et Christian, originaires de la nation Naskapi de Kawawachikamach au Nord-Est du Québec. Accompagnés de leur DJ, ces derniers ont offert une solide performance dans le chaleureux resto-bar Tony & Charlo. Il faut dire que j’étais plutôt heureux de les savoir ici après les avoir manqués à La Noce de Chypre en début juillet. Ces derniers offrent des productions qui rappellent gracieusement Bone Thugs-N-Harmony ou encore Xzibit, Twista et Busta Rhymes. Autrement dit, les deux paroliers chantent en anglais avec un débit très rapide sur des prods old school teintés d’éléments plus actuels et des trucs que l’on retrouve chez Tech N9ne dans un accent plus agressif infusé avec des éléments punk rock qu’ils se sont réappropriés. Si vous êtes amateurs de hip-hop qui expérimente tout en demeurant près de certaines racines, Violent Ground devrait être pour vous facile à imbriquer dans votre palette. C’est engageant et maîtrisé.

Pelada

C’est en fin de soirée que j’ai fait la découverte de deux grands voyageurs, l’électrique duo électronique Pelada, lequel est venu infuser une bonne dose de house expérimental qui, par son rythme soutenu, maîtrisé aux machines par Tobias Rochman et l’aspect criard et engagé de la voix et des paroles en espagnol de Chris Vargas, donne envie de danser, de hocher la tête sans cesse, de lâcher son fou sans soucis. Ces derniers se promènent partout à travers le monde et ont depuis les dernières années développé une large base de fans en plus d’attirer l’attention positive de plusieurs artistes du milieu électronique qui reprennent, modulent leurs compositions. Pour ma part, je trouve que c’est un assemblage des plus pertinents qui ajoute une touche vraiment stylée à ce milieu électronique se rapprochant du house de Chicago et de la techno de Detroit par son tempo et ses textures.

OGB

Voilà presque quatre ans que Original Gros Bonnet n’a pas fait paraître de nouvelle musique, et le chanteur rappeur Franky Fade a bien fait de rappeler que le groupe n’a nullement chômé durant cette trêve publique. C’était donc en quelque sorte une surprise que le groupe jazz hip-hop nous réservait. Cet aspect s’est avéré efficace et bien modelé alors que la première partie de leur prestation a été réservée à des compositions déjà parues, tandis que la seconde a été une succession de fragments qui se retrouveront sur leur album dont le premier simple SSI paraîtra en septembre. En première partie, au travers de compositions tels que Ailés, Glace noire, Sous Stress, Rebondir, J.U.S et Cherry Pickers (avec la présence de Bkay), le groupe a fait revivre ce pourquoi on leur accorde de l’attention : une énergie qui invite le spectateur à s’impliquer et à faire brasser les choses avec eux, des productions jazz hip-hop bien léchées qui rappellent Cortex et BADBADNOTGOOD en imbriquant des éléments propres à OGB, une présence remplie d’assurance et un débit captivant signé Franky Fade, bref, plein de bonnes choses dans le même panier. Je dirais que c’est d’ailleurs ces éléments qui font en sorte que le groupe se démarque, autrement dit, le fait d’être d’abord une formation jazz avec la technique et tout ce qui vient avec leur expérience. Au travers de ce bouquet, un petit bémol s’installe de mon côté, et c’est peut-être par goût personnel. Lorsque les productions dérogent vers un côté plus pop, ça donne l’impression que certains passages sont plus génériques, sans être impertinents. Certains de ces passages ont eu lieu lors de la seconde partie, spécialement sur Common Curse. Autrement, quelques-unes de leurs plus récentes compositions m’ont semblé comme un souffle qu’on a hâte de prendre. Elles s’inscrivent dans leur démarche qui a suscité l’intérêt pour leur son.

LaF

C’est en remplacement de Loud Lary Adjust que la formation LaF est venu seconder OGB sous le chapiteau et donné un spectacle qui n’a pas eu les airs d’une prestation de dernière minute. Ces derniers nous ont fait faire le tour du monde de leur discographie hip-hop pop et trap. Je vous avoue, ce n’est pas moi le plus grand connaisseur du groupe, mais en revanche, j’ai un grand penchant pour le dynamisme des collectifs qui rassemblent plusieurs rappeurs, puisque la juxtaposition des voix vient élargir et texturer les chansons. LaF en est d’ailleurs un bon exemple alors que les trois paroliers s’expriment sur tons bien distincts. Tout au long de leur prestation, on a senti un aspect cohésif et familial, comme une longue conversation bien équilibrée dans laquelle les membres se sont retrouvés sur la même longueur d’onde. Ces derniers avaient le cœur à la fête, nous transposant facilement cette fibre au travers d’un assemblage de compositions plus rythmées et d’autres plus lo-fi. Je trouve que le groupe parvient à bien se maintenir depuis ses dernières années et qu’il demeure un incontournable de la scène hip-hop québécoise, le spectacle a donné envie de se plonger plus sérieusement dans leurs 4 longs jeux jusqu’ici parus.

The Courettes

C’est passé minuit au Garage du Curé que The Courettes, énergique duo rock doo-wop aux allures des années 1960 composé du percussionniste danois Martin Couri et de la guitariste brésilienne Flavia Couri, sont venus nous donner une bonne dernière dose de vagues à surfer. De passage au festival avant de jouer au bar l’Esco le lendemain, le couple rock nous a fait voyager au travers des époques et des influences en nous partageant des penchants de leur musicographie. Il faut dire que les deux acolytes ont le sens du spectacle et qu’ils aiment inciter le public à faire partie de leurs vibrations. Ça donne envie de crier et de courir dans tous les sens, un peu comme si on assistait à un spectacle des Breastfeeders. Il n’y a rien de bien compliqué, ça imbrique plusieurs styles, mais The Courettes incarne le tout avec assurance et ça donne le goût de croire que c’est la première fois qu’on entend ce genre de musique. C’est aérien, ça sonne juste assez hippie avec un penchant stoner rock, ça frappe.

En terminant, je tiens à remercier le festival pour l’accueil et également pour cette programmation complète et diversifiée en plus de présenter un site aux installations qui savent plaire à tout genre de festivaliers!

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