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festif 2021

Festif 2021: Helena Deland, Valence, Cartel Madras, Corridor et Jesuslesfilles

En une seule journée, j’ai assisté aux concerts d’une poignée d’artistes qui font chavirer mon coeur de mélomane depuis longtemps. Mais je crois que mon fait saillant du jour, c’est le fait que j’ai déjeuné ET soupé chez Mike’s. L’Italie à petit prix, quoi.

Retour sur cette seconde journée au Festif de Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix.

Après m’être uniquement nourrie de guedilles aux crevettes la veille, j’ai adopté la salle à manger de mon restaurant de festival préféré (les vrais sauront). Outre cette expérience culinaire marquante, j’ai vu une immense pleine lune, des voitures écrasées, de la grêle et des spectacles.

Helena Deland dans la cour à Johanne
Photo : Samuel Gaudreault

Helena Deland

Je suis le parcours de la multi-instrumentiste et chanteuse Helena Deland depuis son tout premier EP Drawing Room de 2016. J’étais là, à son premier lancement aux Champs des Possibles à Montréal, avant que l’espace ne soit transformé en Aire Commune. Hier, cet intime spectacle solo m’a ramenée en arrière de 5 ans. Habituellement accompagnée de son groupe, je retrouvais ainsi la douce et timide artiste, seule à la guitare électrique, comme au moment où elle présentait pour la première fois ses douces chansons aériennes au beau milieu d’un pré. Après avoir été surprise par une averse de grêle, je suis arrivée à la moitié de sa prestation d’après-midi. Celle qui a été sélectionnée sur la longue liste du prix de musique Polaris 2021 nous a présenté quelques chansons de son répertoire, mais surtout de son plus récent album Someone New. J’ai pleuré du début à la fin sous mes lunettes fumées, en particulier lors du rappel où Deland a offert — à la demande du public — sa pièce Baby, ma préférée de tous les temps. Merci Helena !

Valence (Vincent Dufour) dans la cour à Sacha
Photo : Samuel Gaudreault

Valence

«C’est tellement le plus beau festival de la Terre!», a lancé le musicien Valence après avoir entamé quelques accords de Jupes aquarium, l’une des premières chansons que le Québécois Vinent Dufour a composées sous son projet solo. L’ancien membre de Medora était attendu avec impatience dans la cour à Sacha, un habitant de Baie-St-Paul qui a gentiment ouvert les portes de son intimité pour recevoir les festivaliers. On a tous été attendris par la présentation de sa fille Mya au micro, avant que Valence n’entre en jeu. Pour tout dire, Dufour a présenté un concert rodé au quart de tour où les interventions coulaient toutes seules : le sympathique moustachu sait tenir un public dans sa main. Les chansons de son premier EP Cristobal Cartel et ses nouvelles offrandes comme la fédératrice America — sa favorite de son prochain et premier album Pêle-Mêle dû le 10 septembre — s’enfilaient merveilleusement bien. Le gagnant des Francouvertes 2020 s’est gâté en reprenant le morceau Le temps est bon d’Isabelle Pierre. Cette petite heure en la compagnie de Valence en a été une de pur bonheur.

La moitié du duo de soeurs Cartel Madras.
Photo : Caroline Perron

Cartel Madras

Elles sont des fxmmes queer. Elles se battent contre le patriarcat. Elles rappent à la vitesse de l’éclair. Elles font du house punk trap. Elles sont d’origine indienne. Elles ont pris l’avion de Calgary pour venir jouer au Festif. Elles sont incroyables. Hier soir, le duo formé des soeurs Ramesh a tout donné bien que leur DJ n’ait pu les accompagner. Ne sachant malheureusement pas trop comment manipuler leur console, les filles de Cartel Madras se sont tout de même bien débrouillées pour démarrer leurs trames. Leur élocution est impeccable et leur synergie est palpable : elles se complètent à merveille. On attend prochainement un nouvel EP de leur part, qui conclura leur trilogie musicale Project Goonda entamée en 2018 et 2019 avec les courts albums Trapistan et Age of The Goonda. Ne sachant pas trop combien de temps leur était alloué pour ce premier de deux concerts en une soirée, Cartel Madras n’a offert qu’une quarantaine de minutes de prestation, revenant rapidement pour un rappel. Il paraîtrait que leur deuxième concert fut un peu plus étoffé et moins saccadé de pauses silencieuses entre chaque pièce.

Gauche à droite :
Guillaume Chiasson, Mélissa Di Menna, Yuki Berthiaume, Benoît Poirier, Martin Blackburn et Thomas Augustin forment Jesuslefilles. Photo : Caroline Perron

Jesuslesfilles

Je ne sais pas encore quel site du Festif m’a le plus ébloui. La carrière à sable et son ambiance lunaire? Le parc de la Virevolte et sa scène en nid d’oiseau? Celle de Radio-Canada, au bas de la Baie, avec sa thématique de ranch chaleureux? Mon coeur semble toutefois pencher pour la bétonnière Perron et son étonnante cargaison de voitures compressées en arrière-scène, ainsi que la gigantesque boule disco suspendue par une grue…

Une immense boule disco était suspendue par une grue au-dessus du public à la Bétonnière Perron de BSP. Photo : Caroline Perron

Mais là, parlons zizique! La formation montréalaise de rock garage vient tout juste de sortir son excellent quatrième album L’heure idéale. Outre leurs prestations de lancement à l’Escogriffe en juin dernier, Jesuslesfilles n’avait pas eu la chance de remonter sur scène pour présenter ses nouvelles compositions — dont L.A. avec Laurence-Anne! Le sextuor a tout de même équilibré son concert à l’aide de pièces tirées à la fois du premier album Une belle table (2010) et du troisième disque Daniel (2018). Aussi, le chanteur principal et guitariste Martin Blackburn ainsi que le batteur Benoît Poirier se sont bien amusés avec des interventions loufoques et hyper sympathiques. Mes moments préférés de leur prestation? Yuki Berthiaume sortant un 26 onces de liqueur alcoolisée Sour Puss pour en proposer aux plus téméraires. Seules mes lèvres et celles de JP Tremblay (Distorsion) ont eu envie d’accompagner celles de la chanteuse. À partir de là, mes notes sont plutôt floues… Un gros concert avec des musiciens généreux et très amusants.

Le chanteur et bassiste Dominique Berthiaume et le guitariste Julian Perreault de Corridor.
Photo : Francis Gagnon

Corridor

Toujours à la bétonnière Perron, c’est finalement à 1h du matin que le groupe montréalais Corridor a débarqué. Fidèles à eux-mêmes, le quintette (car le percussionniste Samuel Gougoux fait maintenant partie du processus créatif de la formation depuis quelques années) a offert une performance explosive, allant gratter toute l’énergie qu’il leur restait après avoir déjà joué plus tôt en journée. À cette heure tardive et après déjà trois journées de festivités, mon cerveau et mon corps ont eu de la difficulté à survivre aux mosh pits perpétuels qu’entraînent inévitablement les chansons abrasives et énergiques de Corridor en spectacle. Je ne sais pas comment ils ont fait pour jouer jusqu’à presque 2h30.

Trouvant une boîte de tarte vide sur scène, le chanteur et bassiste Dominic Berthiaume s’est esclaffé : au dos de la boîte, on pouvait y lire la liste des chansons de Jesuslesfilles. Vraiment, de drôles de moineaux cette petite bande! La brume, la pleine lune, la boucane, les éclairages et le décor ont contribué à mon sentiment d’allégresse. Je suis fan de ce band, je ne peux plus le cacher. Tout comme leurs prédécesseurs de la soirée, Corridor s’est montré très généreux avec le public en délire, offrant deux chansons en rappel.

Crédit photo: Caroline Perron

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