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FEQ 2018 : Québec est venue… voir Hubert Lenoir & Klô Pelgag

C’est pas mêlant, j’ai l’impression que 80 % des personnes de LabeaumeTown que je connais vont être à ce spectacle-là. Soit mon entourage a des goûts super homogènes, soit Québec, ville de la musique émergente québécoise, se mobilise. Je me plais à dire que c’est la 2e option.   J’arrive pour Hubert Lenoir et j’attends avec impatience Klô Pelgag. Désolé la Famille Ouellet, il fallait que je soupe.

Il ne s’en cache pas, le baron de Beauport, Hubert Lenoir, désirait une émeute pour son passage sur la scène Hydro-Québec. Le public de l’avant-scène veut la lui offrir. Ça hurle, ça se met nue-boule. Coqueluche d’une grande partie de la foule, il se laisse désirer, fait la moue, se trémousse. Lenoir est heureux de nous voir « J’pensais que tout le monde m’haïssait, mais là puisque vous êtes là je comprends que non » il nous dit. En plus de la plupart des chansons se retrouvant sur DarlèneLenoir nous offre deux nouvelles pièces très funk et psychédéliques, ça promet pour le prochain projet. Il reprend aussi un succès de Jean-Pierre Ferland son totem spirituel, et ça donne des gros frissons.

C’est rock en ti-péché et ça rappelle merveilleusement bien le chaos contagieux du Pantoum, le « QG » de la musique alternative à Québec selon Lenoir. Il y a résolument une ambiance année 70 avec tout ce funk, ce jazz et les hurlements que pousse le troubadour sensuel. Quand il monte sur un abribus à proximité de la foule pour créer un moment d’intimité entre son bassin et l’arête du toit métallique, j’ai l’impression de voir un jeune Iggy Pop dans toute sa gloire. Il joue avec l’imprévisible et le démesuré aussi bien qu’il est à l’aise dans les notes aiguës. Même si ça semble un peu forcé parfois, de briser la rectitude d’un gros festival comme le FEQ, c’est profondément jouissif et divertissant. Par contre, la portion karaoké du spectacle où quelques membres des musiciens chantent et les longs remerciements ralentissent beaucoup le rythme général. Au moins quand Lenoir chante, la flamme reprend instantanément. Il arrive tout de même à nous quitter avec deux extraits : l’un de Whitney Houston et l’autre de Green Day en utilisant le micro d’un des guitaristes. Une sortie digne d’un prince.

 

Beaucoup de monde qui sortent pour aller écouter la musique shutterstock de The Chainsmokers. Je ne comprends pas leur décision. On me fait remarquer qu’« au moins ils sont venus voir Hubert Lenoir ». Pas faux. Par contre, ils vont manquer un gros morceau.

Klô Pelgag, dans son uniforme de reineabeille cosmique, atterrie sur la scène avec son équipe d’apiculteurs musiciens. Elle enchaîne des pièces de ces deux albums avec aplomb. Ses paroles denses, parfois indéchiffrables, fascinent. La nuit devient plus grande, plus sensible, tout semble possible. Sa voix défie la gravité pendant que ses doigts plantent des notes dans nos tympans. À travers tous ces arrangements envoûtants, elle prend le temps de nous rappeler de sauver les abeilles. Une reine attentionnée. Elle invite en duo VioleTT Pi pour un moment tout simplement hors de ce monde. Une vraie transe pendant que les deux interprètes répètent « La vie qui ne veut plus de moi/Mon cœur est en vertige ».

Je discute avec un ami qui me raconte que le spectacle d’America était excellent et lorsque je me retourne Pelgag a changé de costume. Une fleur de lys sur la poitrine et dans le dos remplace son lycra métallique, elle devint capitaine Québec. Héroïne que l’on peut reconnaître à sa phrase signature : « Le Québec appartient à ceux qui l’aiment, fuck les frontières ».

Après le tonnerre rock et orchestral de Taxidermie, les apiculteurs arrêtent de faire couler leur nectar musical sur l’air familier du thème de Jurassic Park. Personne n’est rassasié. Queen Abeille a.k.a. Capitaine Kebec revient pour un rappel tout en douceur avec la violoniste et la violoncelliste apicultrice pour nous laisser sur Au bonheur d’Édelweiss. Elle nous appelle ses « amis d’amours ». Comment ne pas être charmé? Aussi quétaine que ça peut sonner : après une soirée comme celle-là, comment ne pas être fier d’être Québécois.e?

 

Les personnages et autres moments incroyables qui font aussi partie du spectacle :

— Un récipiendaire du Zona qui joue de la guitare

— Le bassiste de Lenoir qui chante une partie d’une chanson de Limp Bizkit pendant le moment « karaoké » du spectacle

— Un Cowboy gothique guitariste

— Klô Pelgag  qui appel le Québec à lâcher la nostalgie pour vivre la musique d’aujourd’hui

— Un pied de micro qui fait du bodysurfing

— Un enfant de 3 ans qui applaudit à tout rompre quand Hubert Lenoir lance aux médias :

« Si je suce des queues, ou pas, c’est pas de vos chrisss d’affaires! »