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Coup de cœur francophone 2019 : Les Fourmis de FouKi et l’Esco de Navet Confit

C’est parti pour une nouvelle édition de Coup de cœur francophone. Pour cette première soirée, il y avait Les Fourmis au Club Soda, puis Navet Confit et Embo/phlébite du côté de l’Esco.

Un peu de gel a failli me faire déraper dans les marches en sortant de la maison. Un sprint plus tard, j’embarquais dans l’autobus pour me diriger vers la place des festivals via laquelle je rejoindrais le Club Soda pour un spectacle qui attirait particulièrement ma curiosité. Il y a deux jours, Les Fourmis se réveillaient. Anciennement La Fourmilière, le collectif de rappeurs se prépare à présenter son premier album en hiver 2020.

Qui sont ces fourmis? Il y a des groupes et des rappeurs établis comme FouKi et son DJ Quiet Mike, LaF, L’Amalgame, Kirouac & Kodakludo et plusieurs jeunes rappeurs qui sont encore méconnus. Qu’est-ce que ça donne comme spectacle? Un mélange de jeunes rappeurs qui connaissent bien les planches et d’autres numéros un peu plus chambranlant. Mais dans l’ensemble, il y a une matière intéressante.

Le rap du Plateau et de Rosemont

La bande ne s’en cache pas. On est très loin des rues animées par la pauvreté de Tizzo ou encore les problèmes sociaux de Sans Pressions. On est dans un rap de bonne famille, mais tout de même poétique et bien foutu. Les Fourmis surprennent par leur nombre. À l’ouverture, ça n’arrêtait plus de s’ajouter sur scène. Lorsqu’ils sont à 15, c’est particulièrement impressionnant.

Puis, c’est FouKi qui a lancé le bal avec Positif, chanté haut et fort par la foule avant que Vendou prenne la relève avec une de ses compositions. Les différents rappeurs s’alternaient avec généralement une bonne fluidité à quelques moments près. J’ai quitté le Club Soda pendant une S.P.A.L.A. particulièrement contagieux. Je n’aurais pas du…

Erreur de parcours

J’ai eu le malheur de penser que c’était une bonne idée de faire une croche vers le MTELUS qui fêtait ses deux ans. Eh boboy! Disons que la pop légère était à son zénith. C’était un peu bizarre. D’abord, le MTELUS était loin d’être rempli au maximum de sa capacité et ça manquait de variété dans la brochette d’artistes. Entre Yes McCan qui ponctuait la trame sa propre voix qui chantait et Heartstreet qui font un semblant de musique urbaine… C’était une très drôle de soirée. Heureusement, Alaclair Ensemble a sauvé la mise en fermant la marche de belle manière.

Se réconforter à l’Esco

Le confort de l’Esco et ses lumières tamisées pendant qu’Embo/phlébite jouait des trames de post-punk aux influences multiples m’a rassuré sur l’avenir de la musique au Québec. Il faut dire que c’était une performance particulièrement mémorable parce que le batteur, Gabriel Lapierre, s’était fait enlever les amygdales. Et donc, il n’était pas là… à tout le moins physiquement. Le groupe a eu l’excellente idée de l’enregistrer. Et donc, c’est sur cette trame de fond que le reste du groupe a joué. Avec des appels à la foule entre les chansons par Gabriel Lapierre qui n’était pas là. Un peu comme Yes McCan qui joue sur une track enregistrée à l’avance… mais pas vraiment. Et surtout, en se prenant beaucoup moins au sérieux.

Puis, Navet Confit a pris la scène avec une bonne dose de lourdeur dans les guitares. Il a joué des pièces de ses derniers albums et de son nouvel EP, EP8, paru vendredi dernier. C’était tout à fait réussi comme d’habitude. Il est descendu dans la foule pour nous faire une version psychédélique et trash d’Un taxi pour Jami Gertz tiré de LP2. C’était intense. Pendant ce moment, je me suis dit que Navet Confit est certainement l’artiste le plus sous-estimé du monde musical québécois. Le genre de diamant tellement brut que la collectivité ne va comprendre que dans 30 ou 40 ans l’importance de ce qu’il fait. On nommera des salles de spectacle à son nom. C’est fascinant ce qu’il fait. Et ça m’a rassuré. Beaucoup.

C’était une bonne première soirée finalement.