Allah-Las et Maston au Théâtre Beanfield le 22 avril 2024
En ce début de semaine, Montréal accueillait la chaleur californienne du quatuor rock Allah-Las. Alors que le groupe dit s’être réinventé depuis la fameuse COVID, on peut dire qu’en spectacle, ce fut un heureux mélange de nouveau et de ce qu’on reconnaît dans leurs arrangements. C’est le claviériste Frank Maston qui faisait la première partie.
Photos par Aja Palmer
Maston
Frank Maston, alias Maston, sera avec le groupe pour une bonne partie de la tournée nord-américaine. Ce dernier a d’ailleurs fait la première partie puis la seconde, jouant le « cinquième membre ». Concernant sa présence solo, Frank Maston fut à la fois doux et énergisant. Puisqu’il vit maintenant à Paris, l’américain se débrouille plutôt bien en français et c’est ainsi qu’il s’est adressé au public.
Le compositeur, bien posé, a joué quelques pièces éparses de son répertoire axé sur le piano et quelques effets : ça a tantôt ressemblé à de la musique de vieux films français ou italiens, tantôt à de la musique d’ascenseur avec une touche plus rythmique et colorée. C’était charmant, léger, sans prétention. Tombé par hasard sur son album Tulips il y a quelques années, l’intérêt a monté d’un cran lorsque ce dernier a livré ses chansons Evening et Infinite Bliss. Outre ces deux chansons, Souvenir et Les Monstres se sont bien incrustées dans sa prestation.
Allah-Las
Voilà déjà presque 10 ans que le jeune amateur de surf rock en moi découvrait Worship the Sun, second album du groupe Allah-Las. Bien des groupes d’indie rock/surf rock/dad rock/etc. ont depuis disparu de mes listes d’écoutes, mais la bande californienne y demeure quant à elle toujours. Tout ça s’explique par le fait que, même si leur son demeurait, avant la sortie de Zuma 85, très collé aux autres de leur genre de musique, leur cohésion en concert est ce qui a forgé leur place parmi les meilleurs. Ces derniers ont d’ailleurs de nouveau répondu à l’appel en proposant une prestation qui, sans être courte ou longue, fut étoffée.
Ce qu’on retient de leur performance, c’est le fait que tout le monde chante ou fait partie du chœur à un point ou un autre. Ça faisait certes très Beach Boys, mais puisque l’on pouvait entendre différentes voix en avant-plan selon les chansons, ça venait enrichir les textures de leurs compositions. C’est aussi le fait qu’on sent une énorme horizontalité dans la bande; tous semblent occuper une place égale. On peut aussi mentionner qu’il n’était pas rare de voir le groupe transitionner vers une autre trame sans interruption; les guitares ou le clavier s’accordaient tranquillement à la nouvelle chanson et ce n’était pas toujours sur le coup qu’on pouvait s’en rendre compte. Outre, beaucoup de place a été accordée aux moments planants et instrumentaux avec des effets envoûtants de pédales, mais aussi aux balades et aux nouvelles explorations qui, selon certains, rappellent ici et là Lou Reed et Brian Jonestown Massacre. À tout cela, on peut ajouter les visuels en constant changement sur trois petits panneaux de projection; c’était comme si on faisait partie d’un voyage avec des décors en constant changement. Somme toute, on peut dire que ce fut un spectacle assez complet.
Parmi quelques pièces marquantes, c’est la première chanson de Zuma 85, The Stuff, qui fut jouée en ouverture et la chanson Catamaran, pièce d’ouverture de leur premier album, qui fut jouée au rappel. Entre ces deux chansons sorties à 11 ans d’intervalle, le groupe s’est promené avec aise en jouant des chansons comme No Werewolf et Sandy.
Crédit photo: Aja Palmer