Acid Arab et Laurence Matte au Théâtre Fairmount le 26 mai 2023
Acid Arab est un collectif formé en 2012 par Guido Minisky et Hervé Carvalho, rejoints par la suite par Pierrot Casanova et Nicolas Borne, puis par le claviériste Kenzi Bourras. Ce n’était pas la première fois que le duo performait à Montréal, mais d’après une source sûre, le Théâtre Fairmount leur a réservé une bel accueil, appréciée par nos deux antagonistes.
Pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore, cela fait maintenant onze ans que le collectif Acid Arab voue son talent artistique à la combinaison entre la musique dite orientale et à la musique électronique techno acid. Oui, ce sont des précurseurs de ce style et ils nous ont encore montré vendredi qu’ils en étaient les maîtres.
Onze ans, peuplé par de nombreux EPs, mais surtout par 3 albums dont le dernier,٣ Trois, dont les pièces ont été fortement présentes lors de ce concert. Le duo français a démarré avec Ya Mahla, à l’image de ce que l’on allait vivre pendant une heure et demie : une ligne de basse profonde accompagnée d’un synthétiseur aux sonorités orientales. À peine le temps de digérer cette première chanson, qu’on comprend vite qu’ils ne veulent pas laisser reposer l’excitation, en nous emmenant vers leur « banger » Leila pour rapidement arriver vers la pépite de leurs 3 derniers albums, Club DZ.
On aurait pu se sentir désemparé de tomber si brusquement dans cette ambiance plus techno qu’orientale, mais non. Laurence Matte assure une première partie à la hauteur des attentes. La productrice et DJ montréalaise, très présente sur la scène électro locale dernièrement, s’est accaparée le Théâtre Fairmount d’une bien belle manière. Une sélection qui balançait entre minimal, new disco, vocal tribal, acid, percussions africaines et sonorités du monde. Le tout rythmé par un bpm plutôt raisonnable. C’est un vrai cocktail d’influence culturel progressif, qui nous met peu à peu en appétit pour le festin à venir!
Un festin qui nous fait voyager au gré des collaborations des projets d’Acid Arab, notamment avec l’algérien Sofiane Saidi, déjà co-auteur de La Hafia, l’énorme révélation de leur premier album, Musique du monde. Le compositeur turc Cem Yildiz ou encore le producteur tunisien Ammar 808. Il ne regroupe pas seulement la diversité d’une région trop peu mise en avant. Ils se diversifient aussi dans la manière de la mettre en avant. Ce segment d’espace-temps entre la culture de l’orient et de l’occident offre une palette de transitions dont ils ne se privent pas d’en explorer le moindre recoin.
Et oui, nous avons entendu le public s’exclamer à d’autres moments qu’à un drop bien négocié. Une fois le kick, une fois le synthétiseur, ou encore une fois la piste vocale prenante connue des plus aguerris. On a ressenti l’expérience et le savoir-faire de ces deux artistes à travers un concert dirigé à la baguette.
Je n’avais pas entendu autant de youyous depuis la victoire du Maroc face au Portugal en décembre dernier. On sent une vraie ambiance de partage dans l’ensemble de la salle. Pour les connaisseurs du Théâtre Fairmount, la déformation du plancher de bois n’a jamais autant collé avec cette ambiance méditerranéenne.
Enfin, on se dirige peu à peu vers la seconde particularité des deux DJs. En effet, ils ne manquent pas de nous rappeler que dans Acid Arab, il y a acid. Un dernier quart d’heure synonyme de retour aux sources. Ils ont clôturé leur prestation au rythme de la trance, surement une gentille attention de leur part et un moyen pour eux de nous souhaiter une bonne soirée.