Concerts

1ère édition du festival LVL UP avec Sarahmée, Koriass, Fouki et plus encore

Le festival LVL UP qui prend place à Laval célébrait cette fin de semaine sa toute première édition, et la chose que l’on puisse dire, c’est que malgré une programmation toute en rap qui avait tout pour plaire, il y avait un apparent manque d’ambiance et de public lors des soirées de jeudi et de vendredi à l’Annexe3, reflétant de manière significative sur la performance de ces artistes qui s’en sont malgré tout très bien sortis. 

L’auteur de ces lignes n’a pas eu la chance d’assister à tout ce que le festival a à offrir, c’est pourquoi il n’y a aucune généralité à tirer des présents propos. Il y a quelques mois, lorsque les organisateurs ont fait part de ce mélange entre arts numériques et musique urbaine, je fus si emballé par ce beau projet. D’autant plus qu’il se tiendrait à Laval, une grande ville qui, parfois négligée, se développe exponentiellement et a tout pour plaire. Toujours emballé malgré ces belles soirées quelque peu teintées par la déception, on laisse la chance au coureur de mieux se vêtir pour le marathon 2020. 

Jeudi – Sarahmée, Zach Zoya et Koriass 

Passons aux choses sérieuses. Jeudi soir, les trois spectacles à l’affiche regroupaient Sarahmée, Zach Zoya et Koriass. Tout pour déplacer les foules, tout pour soulever les déplacés, tout pour mettre le feu dans la place et pourtant, malgré quelques étincelles, nous n’avons pas eu l’opportunité d’en tirer la plus grande des satisfactions. 

De par son élégance et sa prestance, Sarahmée dégage un parfum singulier, parfum qui donne l’envie de s’y imprégner. Énergique, près de son public, possédant une voix qui porte et des productions qui mélangent bien le trap, le rap et les saveurs de son Sénégal natal, tous les ingrédients sont là pour formuler la recette gagnante. Il y avait même de superbes visuels pour appuyer sa prestation. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que son nom figure parmi les nominations à l’ADISQ dans la catégorie Révélation de l’année. Malgré tout, et ce sans la blâmer, puisque le sourire et l’affront qui s’affichaient sur son visage prouvaient son ultime plaisir à être là, le public lacunaire a quelque peu brimé la chose. 

Faisant place sur scène à la suite de Sarahmée, Zach Zoya a démontré qu’il a tout pour percer sur la scène du rap avec un débit qui ne laisse personne indifférent, une manière unique de prendre d’assaut la scène et des productions dignes des grands rappeurs internationaux. Chose certaine, on attend avec impatience les prochaines sorties de l’artiste et en attendant, il n’y a que de beaux mots à dire sur Zoya qui se module une belle réputation et un vibe qui donne envie de se joindre à la fête. 

La soirée de jeudi s’est conclue sur une note intéressante avec la performance de l’un des leaders du rap keb, le vétéran Koriass. Même après toutes ces années sur la scène, il se tient toujours aussi bien et déplace autant d’air. Au-delà du statut de leaders, on le voit parler avec fierté de ce fleuron d’artistes québécois, collaborant même avec une bonne partie d’entre eux pour concevoir de la musique intemporelle. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, le voir en spectacle change la façon de voir tout ce qu’il apporte et à quel point il déteint positivement sur ce jardin d’Eden musical. Avec un décor aux allures effrayantes avec la croix au milieu et des visuels qui vont en ce sens, il n’y avait pourtant rien qui donnait envie de se sauver. Un méga pouce vers le haut pour Koriass qui a donné un moment de qualité avec ses talents de parolier, son débit unique et ses productions bien enrichies. 

Vendredi – Marie-Gold, LaF et Fouki avec Vendou

J’ai pu observer le même phénomène d’ambiance lors de la soirée de vendredi avec la présence de Marie-Gold, LaF et Fouki qui était accompagné de son fidèle acolyte Vendou. C’est que Marie-Gold dégageait l’énergie d’une foule alors que la foule dégageait l’énergie d’une seule personne, du moins d’une poignée de personnes qui semblaient plutôt timides à se lancer dans cette belle proposition. On parle ici d’un jeune et très peu nombreux public qui ne connaît pas l’artiste plus que de nom. Et pourtant, avec la confiance qu’elle semble avoir, les mots qu’elles maîtrisent sur le bout des doigts et sa prestance irréprochable, tout indique que Marie-Gold est munie des ressources nécessaires pour aller loin, surtout lorsque l’on entend des chansons comme Big Brain en plus de chansons qui ne sont pas encore sorties et qui annoncent que de bonnes choses.

C’est vrai, il y avait beaucoup plus de gens dans la salle pour LaF, alias La Famille. Formation réduite à 4 alors que l’ensemble est formé de 6 jeunes et talentueux artistes, cela n’a pas empêché les 3 MC’s et l’un des DJ du groupe de tout casser sur scène. On les sent plus que confiants au volant de leur navire et on peut dire que c’est exponentiel en plus d’être contagieux. Le nom de leur collectif est amplement justifié lorsqu’on les voit sur scène. C’est qu’il y a une charmante complicité qui s’anime et qui donne d’autant plus envie de se perdre dans leur musique. À une semaine du lancement de leur prochain album, ils ont ajouté encore plus de texture à cet engouement avec leur performance et avec des chansons comme Tour du monde et Avalanche – toutes deux sorties cette année – tous les pions sont en place pour apposer le sceau de la réussite. 

La fin de soirée ne pouvait en aucun cas mal se dérouler avec Fouki et Vendou, et pourtant il n’y avait pas le même plaisir ressenti que lors de son spectacle à Osheaga cet été. Si on laisse de côté cet énoncé, on peut dire que la plus grande force de Fouki est son aisance à porter les foules dans son voyage festif. C’est qu’il semble être né pour chanter, né pour animer, né pour mettre des sourires au visage et faire danser quiconque fait connaissance avec sa personne et la musique qu’il fait. Avec Vendou, ça ajoute une touche encore plus festive, autre membre de cette belle famille du rap keb qui parle de tout et de rien et avec lequel on se rattache avec aisance. Au final, peu de mots sont nécessaires pour décrire cette prestation : explosive, disjonctée, invitante et surtout très drôles surtout lorsqu’on l’entend rapper à propos d’un spaghetti bolognais ou utiliser le iPhone pour décrire une histoire d’amour.

Bref, une première édition réussie pour LVL Up en ce qui concerne la programmation. Espérons que les foules seront au rendez-vous en 2020!