Chroniques

Les Vulgaires Machins sont de retour! | Entrevue avec Guillaume Beauregard

Les Vulgaires Machins reviennent avec une chanson où ils célèbrent tous ceux qui sont laissés pour compte dans la société. Devenus « peace & love » les Vulgaires Machins? Pas tout à fait. Entrevue avec Guillaume Beauregard.

« Après 10 ans sans rien proposer de nouveau, la question ce n’était pas quelle toune risque de plus jouer à la radio, ou quelle chanson qui a le plus de potentiel? Ce n’était pas ça vraiment notre réflexion. C’était plus : qu’est-ce que Vulgaires Machins pourrait dire de pertinent après 10 ans? Qu’est-ce qu’on avait envie de dire à nos fans et au monde qui nous écoute après autant d’années? Sans doute, avec la pandémie, un peu, et le contexte social en ce moment, ça nous semblait une affaire cool d’envoyer un message plus positif que de débarquer en disant : fuck la société, crisse que ça va mal, on vous l’avait dit, c’est encore pire qu’avant qu’on parte… »

Vue de même, c’est certain que l’approche de Vulgaires Machins est un peu plus douce envers les fans. Et même si ça semble plus doux qu’à d’autres moments de leur carrière, il n’en demeure pas moins que la sensibilité a toujours fait partie de l’identité du groupe.

Une décision prépandémique

C’est en février 2020 que le quatuor formé de Guillaume Beauregard, Marie-Ève Roy, Maxime Beauregard et Pat Sayers a pris la décision de revenir en album. Ce n’était pas la première fois depuis la pause de 2012 que le quatuor renouait ensemble. « …Tu parlais de bougie d’allumage, pour moi c’est vraiment le Rockfest à Montebello en 2016, parce que c’était un show dans l’été qu’on faisait avec un nouveau batteur. Une fois dans l’année on s’est permis de faire un show, un peu parce qu’on voulait aller à la pêche et voir ce que ça faisait après 6-7 ans qu’on n’ait rien fait. On se réunit, on monte un show avec un nouveau batteur et on est sorti de cette expérience tellement motivé. On a renoué aussi avec cette énergie-là, de faire du punk, la vibe avec Pat Sayers était vraiment super. Et en sortant de scène, je me souviens qu’on s’est tous dit : faut refaire des shows! Et l’entente conjointe qu’on a prise, c’est qu’on ne faisait pas de shows si on ne faisait pas un nouvel album. »

La formation a dérogé à cette décision en 2019 quand les Francos leur ont offert la scène de la Place des Festivals pour un concert qui leur permettait de communier avec des milliers de festivaliers. Le genre d’occasions qui est très difficile à passer outre. Mais l’envie de faire des spectacles était très présente, le groupe n’a pas envie non plus de devenir un groupe qui joue ses vieilles chansons par nostalgie pour les foules. « C’était clair, à ce moment-là, qu’on allait refaire un album, parce qu’on se disait : on veut refaire des shows, mais on ne veut pas devenir ce groupe-là nostalgique qui revient de manière sporadique jouer de vieilles tounes. On a envie de continuer de créer de la musique. Pour moi, ce n’est pas une relique les Vulgaires, c’est quelque chose de vivant qui a encore des choses à dire. »

Prendre le temps

Si les quatre musiciens avaient envie de se retrouver autour de Vulgaires Machins, les circonstances sont un peu plus complexes avec le temps. Tout d’abord, Marie-Ève Roy et Guillaume Beauregard mènent des carrières solos. Tous les deux ont lancé deux albums au cours des dix dernières années. « …je pense que le plus gros impact que ces aventures-là en solo pour Marie-Ève et pour moi a eu dans le projet, c’est la place que Marie a prise dans le processus de l’écriture du prochain album des Vulgaires. Parce qu’avant qu’on prenne une pause, je prenais beaucoup beaucoup de place au niveau de l’écriture. Marie-Ève s’impliquait beaucoup plus au niveau des arrangements. Là, étant donné qu’elle a fait deux albums toute seule, sans moi à côté qui mets une certaine pression ou qui impacte un peu sur la confiance qu’elle a en elle, là c’était complètement une autre histoire. On a parlé de faire un album des Vulgaires, et Marie a été tellement plus productive, elle a écrit énormément de paroles, énormément de chansons, elle a pris beaucoup de place, et je trouve que c’est ça la belle affaire avec ce nouvel album-là qui s’en vient. C’est ça qui donne une nouvelle couleur au groupe. »

Ce sera aussi le premier album avec Pat Sayers derrière les fûts. Pat Love, le précédent batteur, est parti dans la foulée de l’album acoustique. « À ce moment-là, il était déjà aux études, il remettait beaucoup en question le fait de faire de la musique dans la vie. Je pense qu’il y avait des ambitions en musique qui ne correspondaient pas tout le temps à ce qu’on avait envie de faire en tant que groupe. Tranquillement pas vite il s’est mis à étudier pour s’en aller dans le milieu de la santé, et à moment donné, on est arrivé avec le projet d’un album acoustique, et là on sentait que… c’est comme s’il y avait trop de facteurs qui allaient à l’encontre de ce qu’il avait envie de faire, ça ne lui tentait pas tant, je pense, de sortir ses balais. Pat c’est un batteur qui a le goût que ça rock. À ce moment-là, il est allé investir toutes ces énergies à finir ses études et changer de voie. »

Retourner en tournée, mais pas à n’importe quel prix

On ne parle pas ici d’argent, mais bien de conditions et de rythmes. Les pauses de Vulgaires Machins ont été marquées par un épuisement des membres. C’est le fun faire de la route, mais c’est drainant. De plus, le groupe veut que l’expérience au complet s’arrime avec leurs valeurs. C’est le cas pour la courte tournée qui s’en vient avec Anti-Flag en novembre 2022 : « …mais il y a la réalité personnelle de chacun qui fait qu’on ne peut plus faire 75 shows dans une année, on va en faire moins, mais on va en faire qui soit le plus tripant possible. Anti-Flag on a déjà fait des shows avec eux, avant de prendre une pause, c’est du monde tellement smatte qui partage aussi beaucoup de valeurs avec les Vulgaires. Il y a une approche très éthique, très humaniste, je trouve, dans leur façon de faire. Il y a des levées de fonds à chaque show, on vend des posters qui servent à financer des organismes, etc. Je trouve ça important qu’il y ait cet aspect-là, qu’on ne soit pas seulement dans une démarche commerciale de faire des shows, de faire de l’argent et de retourner chez nous à la fin de la soirée. »

Le nouvel album de Vulgaires Machins arrivera à l’automne prochain.

Pour écouter Je lève mon verre.

Le groupe lance aussi un coffret de six vinyles de réédition de leurs premiers album.

Billets de spectacles pour la tournée avec Anti-Flag et Mudie.