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Vincent Alizé

Vincent Alizé : «En quête de lumière»

Homme discret et humble de nature, Vincent Alizé n’est pas du genre à se vanter qu’il écrit, compose et joue à l’oreille. Celui que certains ont peut-être connu pour avoir évolué au sein du groupe estrien NOEM présentait cet hiver un premier album en solo qui emprunte les sentiers du folk orchestral envoûtant et sentimental. Le Canal Auditif a discuté avec l’artiste autodidacte de l’avant, du pendant et de l’après Nos royaumes interdits.


L’enseignant en francisation établi à Sherbrooke Vincent Vachon, alias Alizé, faisait paraître Nos royaumes interdits le 19 février via le label Disques Inconnu. Le musicien est bien fier du chemin qu’a parcouru son album, malgré cette période trouble pour tout le monde, incluant pour l’industrie musicale. « On est bien contents, on reçoit de beaux commentaires. Je pense que ça a été bien reçu, donc je suis heureux de voir la suite de ça. »

Vincent Alizé cogite sur ces chansons, plus personnelles et moins campées dans l’univers musical de NOEM, depuis environ 4 ans. Plus précisément, les débuts d’Alizé concordent avec la fin de quelque chose : La fin d’une relation amoureuse. « Ça a débuté comme un duo et ça a germé de chansons que j’avais déjà en tête, qui étaient plus piano-guitare. Me retrouvant seul, j’ai repris mon souffle un peu, je suis parti en voyage et j’ai décidé de pousser le projet plus loin avec d’autres musiciens, ceux qui m’accompagnent sur l’album. »

En quête de lumière

Pour Alizé, Nos royaumes interdits n’est pas qu’un disque. C’est aussi une histoire. Une histoire qui tourne autour de la quête. Celle de l’amour, du voyage, de la lumière. Car si l’oeuvre a beau porter son lot de nostalgie, elle n’est pas négative ni lourde. « Quand j’écrivais les chansons, même si c’était une période plus difficile avec la rupture, ça prouve qu’on est toujours là en train de chercher la lumière au travers de ça. »

« Ma musique se crée par émotions, celles qui viennent de l’âme. On a une âme, j’suis pas sûr », dit-il à l’interrogative, sur le ton de la blague. « On n’embarquera pas dans ce débat-là! Mais on se comprend, l’âme pour moi ça vient de loin puis c’est là, ça grandit, ça prend forme, ça change. Ma musique, autant je peux avoir travaillé dessus pendant des heures au piano, autant que ça peut être quelque chose qui va être super spontané et qui va rester là. »

Composer à l’oreille

Vous remarquerez peut-être que son réalisateur pour Nos royaumes interdits a été Luc Boivin, mais pas CE Luc Boivin (UZEB). « C’est un excellent ingénieur de son, une personne géniale avec qui j’avais vraiment un bon fit artistique. On avait la même ligne directrice, on s’attarde énormément aux petits détails. On est allé chercher une belle qualité, je crois », admet Alizé.

D’autre part, tous les chaleureux arrangements de cordes ont été composés et arrangés par Alizé. Mais ce qui est le plus impressionnant dans tout cela, c’est qu’il est autodidacte. Oui, oui. Il n’a jamais eu besoin de formation en composition. Il fait tout à l’oreille.

« J’ai eu un seul cours de guitare dans ma vie et ce fut un cauchemar. J’ai sacré ça là, le gars ne m’a même pas remboursé! (rires) Moi, je ne suis pas du genre à aller au local pour pratiquer des gammes. La première guitare que j’ai eue, ça m’a pris quelques jours seulement avant de figurer ça et de trouver des mélodies. J’ai pas eu envie non plus d’apprendre les chansons des autres pour les interpréter. J’ai toujours été comme ça, à fond dans mes affaires », me fait-il savoir.

« Ce fut un gros défi [l’album] pour moi, beaucoup de travail. J’ai toujours aimé les cordes. Ça me fait vibrer littéralement et horizontalement (rires). J’en mettais déjà un peu dans NOEM, je trouvais que ça ajoutait automatiquement une belle couleur. J’avais très envie d’intégrer ça dans ma musique et ça s’est fait assez naturellement parce que depuis longtemps je collabore avec des violoncellistes. »

Rester low profile

Si Vincent Alizé essayait de « lancer toujours plus loin » son ancien groupe NOEM, il préfère maintenant rester « low profile », calculer ses décisions et prendre du recul avec son projet solo. Il ajoute même ne pas tant avoir envie de se donner en concert à tout prix. « J’ai le goût de prendre mon temps. Surtout qu’avec la situation actuelle de la pandémie, veut veut pas, c’est moins tentant de se pitcher dans le booking vu qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre. C’est un peu difficile artistiquement de ce côté-là de la scène », admet-il.

Il faut comprendre; Alizé a assez donné dans le passé. « Je l’ai fait là, de monter à Dolbeau un samedi soir et enseigner le lundi matin », note-t-il. L’artiste avoue qu’il désire rester sélectif avec son projet, du côté des spectacles, entre autres parce qu’il doit engager ses musiciens « Je veux être certain que ça soit intéressant pour eux aussi. » Il est évident que le format orchestral en live comporte son lot de défis, contrairement à certains autres artistes qui peuvent se promener seuls avec leur guitare. À ce sujet, on a cru comprendre entre les branches qu’Alizé travaillait actuellement sur un format solo, à la manière d’un homme-orchestre, pour de futurs concerts, qui seraient plus facilement exportables.

Restez à l’affût ; des nouvelles concernant le projet de Vincent Alizé sortiront au courant de l’été. Entre autres, l’artiste présentera prochainement un vidéoclip pour la chanson Les nuits incandescentes.

Nos royaumes interdits

Paroles, musique et arrangements par Vincent Alizé
Enregistré et mixé au Studio Red Tube par Luc Boivin
Matriçage par Yannick St-Amand.

Marie-Philippe Lemay (violoncelle)
Rafael Poggetti (batterie)
Jean-François Racine (piano)
Vincent Alizé (voix et guitare)
Stéphanie Caplette (violon)
Jeanne Corpataux-Blache (contrebasse)

Crédit photo: Michelle Boulay