Chroniques

Le « Nintendocore »

On parlerait pas de nintendocore à matin (je présume que vous me lirez le matin) si ce n’était pas de Horse The Band. Le chanteur Nathan Winneke avait utilisé ce terme en entrevue alors qu’il se faisait (encore) poser une question sur le son de son groupe. Question niaiseuse, réponse niaiseuse comme on dit… mais l’étiquette est restée. Et elle colle assez bien au son de Horse The Band… un son qui a fait des p’tits avec The Advantage et Sky Eat Airplane.

(Si vous avez pas encore clutcher que la suite pourrait représenter votre contenu geek du mois, vous êtes safe pour poursuivre. Les autres, voici un lien vers une chronique d’un band qui sonne comme quand les Black Keys étaient meilleurs… mais qui sonne pas tant comme ça non plus. Bisous.)

Alors,de quoi est-il question quand on parle de nintendocore ? On va commencer avec l’axiome «core» du néologisme. Parce qu’en substance, les structures des pièces de nintendocore sont ancrées dans le hardcore : les riffs syncopés, la voix aboyée, le rapide enchaînement des segments des chansons et les refrains généralement puissants et fédérateurs.

Pour la composante «nintendo», les groupes ajoutent par dessus cette épaisse couche de guitare, de basse et de batterie, des vieux claviers digitaux vintages et des puces électroniques récupérées de vieilles consoles d’arcade. Les puces PSG sont les plus prisées, mais certains autres musiciens tripatouillent carrément de vieux Game Boy, qui eux fonctionnent sur des puces PRNG (pseudo-random noise generator), comme les Commodore 64 d’ailleurs. D’autres vont plutôt échantillonner de vieilles cassettes de la première console Nintendo.

À savoir s’il faut souffler dans la cassette avant de tracker ses samples, mes sources sont muettes là-dessus.

Pour la petite histoire, cette superposition de sons organiques et électroniques est peut-être attribuable à Mr Bungle et à son cover infernal du thème de Super Mario… mais c’est plutôt Horse The Band de Lake Forest en Californie qui en a institué le recours systématique. Le premier album du groupe est demeuré à sa sortie relativement anonyme, mais R. Borlax, paru en 2003, a eu un impact certain dans les cercles hardcore.

Et pour vrai… après Jane Doe de Converge, quand t’as un band de hardcore… comment tu fais pour égaler cette furie?

Mais la recette de Horse The Band a fait des p’tits. The Advantage, dans une configuration plus math rock minimaliste a accepté le titre nintendocore. BATS, les Irlandais, se sont affranchis des références de gaming en mettant de l’avant plutôt des notions de sciences dures (allô ! Le boson de Higgs !), tandis que Genghis Tron et The Locust sont des ovnis de brutalité electronoise qui utilisent des éléments de 8-bits (ou chiptune) dans leur métal dissociant et déchirant.

Hardcore Anal Hydrogen, eux, amènent la recette plus loin en faisant générer des bouts de chansons et des vidéoclips par des algorithmes, mais l’idée et le style n’est pas sans rappeler les bases jetées par Horse The Band, dont l’ultime album, Desperate Living, est un chef d’oeuvre.

À la fin de la journée, ressors ton fusil en plastique gris et orange, joue à Duck Hunt et dis-toi que c’est ça leur genre.

Nom : nintendocore, N-core, nerd core, math rock, experimental hardcore, electronicore.

Artistes : Horse The Band, Sky Eats Airplane, The Advantage, Minibosses, Hardcore Anal Hydrogen, Genghis Tron, The Locust, BATS, FAT32.

Origines : Entre 2000 et 2010 aux États-Unis (principalement dans des bleds perdus).

Influences : musique de jeux vidéo, 8-bits, Mr Bungle, hardcore, noise, Melt Banana.

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