Chroniques

JAY JAY

Jay Jay : 12 ans, profession rappeur

À douze ans, je jouais encore aux Playmobiles. À douze ans, Jay Jay est le plus jeune rappeur du Québec. On a discuté avec l’étoile montante du drill à l’occasion de la sortie de son premier disque le 25 juin dernier… Réalisé par nul autre que Souldia.


Des textes solides, des thèmes intelligents, des beats de pro, une sensibilité étonnante et un sens du flow épatant. Le Canal Auditif avait évidemment envie de tout savoir à propos du jeune prodige Jay Jay qui dévoile son premier mini-album Bloc 2000, sous LA maison de disques hip-hop, Les Disques 7ième Ciel.

Rejoint par visioconférence en fin de journée à la veille de la fête du Québec, Jay Jay semble très excité pour les jours qui s’en viennent. C’est que le préadolescent sort évidemment ses chansons, mais surtout, celui qui habite l’arrondissement Saint-Pie-X dans Limoilou finissait quelques heures plus tôt l’école primaire! Le cadet d’une fratrie de six me confie qu’il entrera cet automne dans un programme sport-études en basketball. «Je joue au basket depuis que je suis bébé», lance-t-il, fier de lui.

Et le rap, lui? Depuis quand s’y intéresse-t-il?

«Ça fait tellement longtemps! Je crois que j’avais 3 ans. Surtout quand j’ai commencé à écouter du Migos!» Effectivement, c’est un peu grâce à l’un de ses grands frères si Jay Jay consomme du rap depuis si jeune. Il l’introduit aux univers du groupe Migos, de Clash, de Koba LaD et de $NOT. «Très vite dans ma vie, je pensais à devenir un rappeur et commencer le plus tôt possible pour m’améliorer et comprendre.»

«J’écrivais surtout des punch lines à des gens qui pourraient venir m’insulter. Après je me disais ; « et si je faisais une p’tite ligne de rap »! Et comme ça, je disais n’importe quoi, genre pipicaca nananinana.» J’aime bien ce sens de l’humour! Paroles en poche et attitude dans la peau, Jay Jay était déjà sur la bonne voie pour accomplir son rêve.

Sortir du moule

Cependant, les deux passions de Jay Jay — le basket et le rap — n’ont pas toujours cohabité comme aujourd’hui. «Je le jure, depuis que je suis jeune, j’adorais le rap, je voulais rapper, mais j’ai jamais eu les couilles, la confiance de dire que j’aimais ça. Parce que j’étais trop sur le basket et j’avais peur qu’on me juge.»

Présent lors de notre échange virtuel, le jeune impresario de Jay Jay, Sami, insiste sur ce point. «La place d’où on vient, tout le monde fait du basket. T’sais, sortir du moule, même si tu aimes ça, eh bien à cause du regard des autres, tu n’oses pas tout le temps.» C’est un constat qui s’applique malheureusement à bien d’autres situations.

Je demande à Jay Jay comment ses amis du basket ont finalement réagi à sa musique. «Je leur ai montré mon truc et ils ont adoré.» Mais comme le succès amène des fans, il amène aussi des haters… «Mais je m’en bats les couilles!», rétorque-t-il avec confiance. «Fais juste pas dire ça à l’école!», s’exclame Sami, en riant. Figurant dans les vidéoclips Malewa et Frérots, la bande du basket de Saint-Pie-X semble effectivement avoir beaucoup de plaisir à entrer dans la danse de Jay Jay.

Il faut tout un village pour lancer un album

Cette belle histoire commence avec Sami, le gérant de Jay Jay, qui se trouve à graviter autour du monde de la musique sans en créer. En fait, il se décrit comme le visionnaire. «Je fais tout, sauf du rap!» Photo, vidéos, vêtements. Sami m’explique. «Je connais Jay Jay pratiquement depuis qu’il est né parce qu’on vient du même quartier. Je suis ami avec son grand frère. » Mais leur relation à eux deux débute il y a environ deux ans, lorsqu’un autre enfant du quartier, Izzo, approche Sami pour faire de la musique. 

«La plupart des jeunes du quartier veulent faire du basket, puis il y en avait que deux sur trente ou quarante qui voulaient faire de la musique, dont Jay Jay et Izzo. » Selon Sami, Jay Jay serait surtout allé de l’avant avec son projet grâce à l’énergie d’Izzo, son «je-m’en-foutisme» de vouloir faire du rap et ce, peu importe le prix. Ça a beaucoup inspiré Jay Jay à suivre sa vraie passion.» Sami continue : «Le jour où je suis entré en contact avec Jay Jay et son ami, on est allé enregistrer un son chez moi, dans ma chambre avec l’équipement de mon ami.»

De fil en aiguille, le démo se transforme en vidéoclip, se retrouve sur Internet et attire pas moins de 12 000 vues en une seule journée. «Par la suite, Souldia est tombé sur notre vidéo. […] Il a comme entendu entre les branches que je m’occupais de ces deux petits-là et il m’a contacté.» 

Rapidement, un projet d’album se concrétise avec Souldia, qui veut prendre l’enfant sous son aile. Ne voyant pas d’inconvénient à ce que Jay Jay s’épanouisse de ce côté-là, maman Jeanine quant à elle, exauce le souhait de son garçon. « Elle est trop cool. Ma mère, c’est ma reine, avoue Jay Jay. Je l’aime de tout mon cœur.»

Maman, propriétaire et cuisinière à temps plein à l’épicerie-restaurant Malewa ayant pignon sur avenue Eugène-Lamontagne, Jeanine est l’une des principales sources d’inspiration de Jay Jay. Il dédie à cette femme née au Congo la chanson Jeanine, où il lui promet de ne pas négliger ses études à cause du rap. Vraiment, il est un enfant modèle.

«Tous les moments où elle revient du travail, je profite, je profite. Parce que je sais qu’un jour, elle va partir puis ça va être la plus grosse douleur de ma vie alors… Je veux en profiter. J’aimerais que tout le monde ait cette mentalité […].»

En rafale

Quelle musique écoutez-vous en famille, au Malewa par exemple?
«Depuis quelque temps, c’est que moi! Je suis la star de la famille! »

Si tu devais enregistrer une collaboration avec un rappeur de ton choix, lequel choisirais-tu?
«Koba LaD ! LOST, encore Souldia… Mais surtout LOST de Montréal !» L’invitation est lancée, LOST!


Écoutez dès maintenant l’album BLOC 2000 sur toutes les plateformes d’écoute en ligne. On y retrouve des collaborations avec les rappeurs québécois Shreez, Tizzo et King Fali, de même qu’une production musicale Christophe Martin et Souldia.

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