Chroniques

Ingrid St-Pierre : apologie du changement

Ingrid St-Pierre a lancé Petit plage en janvier dernier. Depuis, la jeune femme s’est mise en route, mais j’ai pu l’attraper dans un magasin d’instruments entre deux spectacles.

Le lieu n’était pas anodin. Nous étions dans le tout nouveau Steve’s Music sur Ste-Catherine. La lumière du jour entrait par les grandes fenêtre alors qu’Ingrid flâne du côté des partitions. On se salue et on passe rapidement du côté des pianos. Logique. Elle me parle de son premier piano, celui sur lequel, elle a appris à jouer: « C’est un piano droit qui était à la maison. Il est encore dans la verrière dans l’atelier de ma mère. C’est un beau piano droit brun. » On s’imagine à entendre St-Pierre se faire aller les mains en spectacle que le piano l’a accompagné toute sa vie. Mais surprise, ce n’est pas le cas : « J’ai arrêté de jouer du piano pendant des années. J’ai appris petite. Mais le côté mathématique et technique ne me faisait pas. J’ai recommencé seulement à l’université. Je jouais dans les cafés et c’est comme ça que j’ai recommencé à apprendre. »

Alors qu’elle me dit ces dernières paroles, on entend soudainement un son qui semble venir de l’espace. Ingrid a les mains sur un thérémine électronique. Il porte la sympathique appellation de thérémini. Ça n’en prend pas plus pour attiser la magie : « Ahhhhh c’est le fun. Je ne sais pas si ça se joue comme ça. Je ne pensais même pas que ça existait. Il y a les notes. J’aime ça ce genre d’instruments, j’aime ça mettre ça dans mes shows. » Ingrid St-Pierre cultive une certaine passion pour les instruments exotiques. Dans son spectacle on la voit user d’un harmonium indien alors que sa violoncelliste joue aussi de l’erhu, un type de violon chinois. « Et puis là, je viens de recevoir mon nouveau mellotron! » Celui-ci sera sur scène lorsque la blonde dame foulera les planches du Théâtre du Vieux-Terrebonne le 4 mai prochain.

Les choses ont un peu changer sur scène pour Ingrid St-Pierre. Elle se permet maintenant de se lever et même d’y aller de quelques pas de danse pendant le spectacle. « Le fait de pouvoir être debout, c’est une nouvelle approche. Je trouve ça le fun, c’est un nouveau rapport avec le public. Et un nouveau rapport avec mes musiciens, une symbiose différente. Je connaissais pas ça et j’aime vraiment ça. » Mais avec tout ça, si un génie lui accordait instantanément la capacité de jouer d’un instrument, lequel ce serait? Sa réponse est immédiate : « la guitare. »

« J’ai essayé pendant un certain temps, mais je trouvais ça dur d’avoir mal au doigt après avoir pratiqué et devoir aller jouer au piano après. Mais j’aimerais une guitare électrique. C’est mon désir. » On se déplace derechef du côté des guitares pour qu’elle choisissent sa guitare de rêve. Son choix s’arrête sur une Telecaster verte qui tire sur le turquoise. Elle me fait la confession : « ça ressemble beaucoup à une guitare que mon amie Frannie Holder (Random Recipe, Dear Criminals) a. Ou j’aimerais une guitare à la St.Vincent. Elle est tellement géniale. »

La place de la femme en musique est en mutation. De plus en plus d’initiatives sont instaurées pour emmener plus d’égalité. Certaines situations sont particulièrement épineuse pour les femmes, notamment la maternité. Ingrid St-Pierre l’a vécu aux premières loges. Après l’accouchement de son fils, elle a voulu continuer de travailler : «
Après mon accouchement on me demandait souvent, mais qu’est-ce que tu fais ici? T’es une nouvelle maman, tu devrais être avec ton enfant. Alors que mon chum lui, qui vivait la même chose, on ne lui demandait jamais ça. En show, je prenais des pauses pour aller allaiter. J’avais pas le choix. Je le disais ouvertement. Mais ça ne faisait pas plaisir à tout le monde. Je me prends pas en photo en train d’allaiter… j’ai un certain scrupule. Mais je vais pas non plus le cacher. Avant les femmes arrêtaient le carrière à cause de la maternité, mais je ne voulais pas arrêter. Il y a une nouvelle vague qui continue comme Ariane Moffatt, Mélanie Boulay, mais c’est pas facile. En ce moment, on essaie de rendre la nounou une dépense admissible en tournée. Plutôt qu’emmener un technicien de plus, je préférerais ça et avoir le choix de le faire. » Parce qu’on peut être Ingrid la musicienne en même temps qu’Ingrid la mère.

D’ailleurs, la situation en générale des femmes en musique est un point d’intérêt qui tient à coeur à Ingrid St-Pierre : « Avec les sorties de Femme en musique, il y a des pas qui ont été fait, mais on est loin du Brésil où il y a une parité. Il y a de nombreux niveaux où il faut faire des changements. Visiblement, ça ne se fait pas naturellement.

Ingrid St-Pierre sera en concert le 4 mai prochain au Théâtre du Vieux-Terrebonne. Pour toutes les informations ou pour vous procurer des billets, visitez leur site web.

*Cet article a été écrit en collaboration avec la SODECT.

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