Group A : de l’art performatif à la musique
On risque d’entendre beaucoup parler du Group A au cours des 30 prochains jours. Le duo japonais offrira un spectacle le 17 mars à la Sala Rossa et particera à la création de la pièce anOther à l’Agora de la danse.
C’est via Skype que nous avons rejoint Sayaka Botanic et Tommi Tokyo qui étaient à Berlin, leur ville de résidence. Voilà deux ans que le duo a quitté son Japon natal pour s’installer dans la ville allemande. Elles se sont rencontrées après chacune avoir expérimenté dans différents groupes de musique. Après un retour de Londres, les deux femmes ont assisté au même spectacle d’un ami mutuel. Après le spectacle, autour d’un verre, elles ont fait connaissance. Visiblement, elles possédaient des atomes crochus. Group A était d’abord un projet de performance qui est devenu musical. Tommi Tokyo nous explique : « Sayaka ne jouait pas d’instrument alors je lui ai dit d’amener son livre préféré et surtout sa personne. Nous sommes allés au studio, mais nous n’avons rien enregistré. Nous avons donc décidé de dire à tous nos amis que nous étions dans un groupe et que nous étions meilleurs que tout le monde. Ça nous a contraints à la performance. »
D’abord l’idée était de ne faire qu’une seule représentation. Elles ont fait une improvisation sur Steve Reich sur laquelle elles ont ajouté beaucoup de bruits. Et comme ce n’était pas suffisant, elles ont décidé d’en rajouter en se mettant nue et faisant du body painting pendant la représentation. « On a eu tant de plaisir qu’on a décidé de continuer. » La nudité est très présente dans l’œuvre du Group A et pourtant ce n’est pas comme tel un message quelconque. Sayaka Botanic nous explique : « Après le premier spectacle, on a essayé de mettre du linge. Mais nous n’étions pas bien. Puis nous avons enlevé notre linge et nous nous sommes regardés dans un miroir… et c’était parfait. Nous étions bien. »
Retour à la performance
Depuis, le Group A a emprunté une voie franchement plus musicale. Il a évolué en un projet de cold wave aux influences punk bien présentes. Par contre, elles retourneront flirter avec leurs premiers amours pour la création d’anOther, une pièce de danse contemporaine qui se tient aux limites de la performance, l’installation et la danse. Dana Gingras, une danseuse et chorégraphe d’expérience a fait appel au duo pour la création après qu’un ami en commun, qui accessoirement est leur tourneur en Europe, les ait vivement recommandés.
Depuis, la paire a fait une résidence de création avec l’équipe ici à Montréal au Centre de création O Vertigo (CCOV). Puis, c’est Dana Gingras qui a rejoint le groupe en Allemagne pour faire une résidence de création. « Quand nous sommes venus pour la première période de création, nous nous attendions à avoir une base sur laquelle construire. Au contraire, nous avons eu la chance (et la peur) de créer conjointement. Mais ça s’est très bien passé. »
Pour découvrir le Group A
Si vous voulez vous initier à l’univers particulier de ce duo aussi marginal qu’intéressant, vous aurez plusieurs occasions d’ici la mi-avril. Group A sera en spectacle à la Sala Rossa le samedi 17 mars. Si vous êtes plutôt curieux de voir la création dansée, anOther sera présenté à l’Agora de la danse du 4 au 14 avril prochain. Vous pouvez aussi participer aux midi-coulisses du 29 mars et luncher avec l’équipe du spectacle.
Crédit photo: Kiril Bikov