Les expéri-mentions : novembre 2020
Juste le meilleur des sorties expérimentales du dernier mois! 5 albums parus dans les dernières semaines, parfois exigeants, parfois moins, mais qui valent le détour.
Ana Roxanne – Because of a Flower (Kranky)
Électro / Ambient
Artiste intersexe, Ana Roxanne s’intéresse sur son second album à l’identité de genre dans la musique. Jouant régulièrement sur la métatextualité avec une intelligence remarquable, la musicienne revisite ici le film Mystère Alexina (1985) sur sa chanson Camille, oeuvre portant sur une institutrice française également intersexe. La dernière piste de l’album offre quant à elle un patchwork de pièces du répertoire classique trafiquées, mettant de l’avant la voix d’Alessandro Moreschi, l’un des derniers castrats.
Craven Faults – Enclosures (The Leaf)
Ambient industrielle
Faisant suite à l’excellent Erratics & Unconformities, paru en janvier et encore à ce jour l’une des meilleures sorties ambient de l’année, ce second album sur étiquette The Leaf poursuit les explorations post-industrielles de l’artiste originaire du Yorkshire. Il (ou elle, impossible de le savoir) nous transporte toujours dans des voyages à travers les ruines manufacturières du Royaume-Uni, mais se concentre ici, dans une forme plus mathématique, sur l’impact qu’a la vie humaine et le travail sur les paysages naturels.
Diana Duta & Julia E. Dyck – Wave Debris (Crash Symbols)
Musique concrète / Spoken word
En 1945, la scientifique anglaise Elizabeth Alexander découvre des ondes radio causées par le Soleil et aide à fonder la radioastronomie. Inspirées par ses recherches, Diana Duta et Julia E. Dyck ont créé une oeuvre magnifique en direct où elles expérimentent justement avec des ondes solaires captées et modulées, y ajoutant des percussions méditatives et des éléments de field recording, de même qu’une mise en lecture d’extraits de Sunset Debris du poète américain Ron Silliman.
Geneva Skeen – Double Bind (Room40)
Drone
Sur ce nouvel album, la musicienne de Los Angeles s’amuse avec les contrastes. La dissonance y est douce, elle berce et fait voyager, tandis que la voix humaine est un bruit parasitaire, rien d’autre qu’une texture au sein d’un tout plus grand. Avec un minimalisme exemplaire, Skeen réussit à créer sur les sept pièces de cet album des moments forts évocateurs, parfois inquiétants, mais fascinants à la fois, tout comme l’aura été l’année 2020 au grand complet.
William Basinski – Lamentations (Temporary Residence)
Ambient
Le compositeur américain se replonge 40 ans en arrière pour offrir l’un de ses meilleurs albums depuis les Disintegration Loops du début des années 2000. Basinski répète un peu la formule à succès de ce quatuor d’albums en revisitant des enregistrements du tout début de sa carrière dans les années 80 pour en faire des séquences répétitives et y ajoute quelques effets au passage. Le résultat est aussi beau que troublant, évoquant le passage du temps et sa fatalité, un peu à la manière du travail de The Caretaker.
Autres mentions :
Artistes varié.e.s – Balcony Drone (Cuchabata)
Drone
Joyfultalk – New Biology (Constellation)
Électro
Liturgy – Origin of the Alimonies (YLYLCYN)
Black metal / Musique contemporaine
Quatuor Molinari – Krzysztof Penderecki (ATMA Classique)
Musique contemporaine
Snorri Hallgrimsson – Landbrot I (Moderna)
Néo-classique