Rau_ze en entrevue : un virage dans leur monde
Voilà plusieurs mois que Rose Perron et Félix Paul, le duo de Rau_ze, travaillent étroitement sur leur premier LP Virer nos vies. Après trois simples, Pas la peine, L’Habitude et l’éponyme Virer nos vies, l’attente est sur le point de se terminer. Voici que l’opus de 11 chansons paraîtra le 29 mars prochain.
C’est au charmant Verre Bouteille que la paire créative s’est livrée généreusement. En voici des éléments centraux.
De leur rencontre en jazz au Cégep de Saint-Laurent est née une forte amitié. Bien entendu, la musique est un filon conducteur principal. Lorsque Rau_Ze a remporté la 26e édition des Francouvertes, ce fut, en quelque sorte, la concrétisation, la bougie d’allumage du projet à venir. À l’époque, les trames n’étaient que des maquettes. Aucune chanson n’était disponible, un premier choix atypique dans leur parcours. Ça aura pris 45 spectacles avant que L’Habitude voit le jour.
Les temps sont fous
Les derniers mois, particulièrement les 6 plus récents, ont donc été fous pour les deux membres qui ont travaillé maladivement sur le projet. À ce sujet, Félix Paul a mentionné : « en octobre, les tounes étaient plus ou moins composées. On est parti des maquettes bâties pour les Francouvertes, on les a toutes travaillées simultanément jusqu’à ce qu’on sorte nos premiers singles. Là, il a fallu se concentrer davantage sur une toune, la finir, la mixer. Je te dirais que le gros de la job s’est fait dans les six derniers mois ». De son côté, Rose Perron a ajouté : « les six derniers mois, on était en studio, plutôt dire dans mon garde-robe, dans mon sous-sol, dans nos sous-sols respectifs. On a enregistré des instruments comme le drum et la basses en studio il y plus d’un an, le reste c’était la job de Félix et moi ».
Bien que le duo soit les deux acteurs principaux de cette épopée, les membres de Pockethead, noyau musical des spectacles de Rau_Ze et groupe dont Félix Paul est le pianiste, se sont joints à la partie. On parle ici de la présence notoire de Henri Bouchard à la basse, de Juan Espitia à la batterie ainsi que de Jeremy Leon au saxophone sur la trame Crève. Ce n’est pas tout, puisqu’en plus de la présence du musicien David Marchand, Marie-Pierre Arthur est venue ajouter une petite touche à l’album en y apposant sa voix sur Sumerset. Rau_Ze a également fait part de l’immense collaboration de Jean-Bruno Pinard au mixage et à la prise de son.
À un certain moment de l’entrevue, la question suivante ressort : Pourquoi un LP et non un EP sachant que c’était une possibilité? De son côté, Félix Paul a dit: « L’espèce de parcours traditionnel, c’est de bûcher pendant des années, de sortir un EP puis un second puis participer aux Francouvertes… Éventuellement, tu arrives à avoir assez de contacts pour trouver la personne qui va réaliser ton album. De notre côté, on a sauté tellement d’étapes, c’est allé tellement vite. » Rose Perron a renchéri avec : « On a pris la charge sur nos épaules pis on a visé, fait le big dream du premier album. On voulait se pousser dans le cul pour vrai.» avant que Félix Paul ajoute : « Quand tu fais un album, tu as un peu plus de cover médiatique, tu as un peu plus de reconnaissance. C’est plus facile qu’un EP passe dans le beurre, alors qu’avec un album tu as plus de chances d’être interviewé, d’avoir des critiques dans la plupart des médias québécois. Tu peux aussi être nommé à l’ADISQ. Mais ça n’a jamais nécessairement été ça nos aspirations. Clairement, on voulait juste sortir de la musique. ».
Le jazz, le groove
On comprend rapidement pourquoi Rau_Ze ne parvient pas à se caser dans un genre, puisque l’opus prend des notes de jazz, de soul, de hip-hop, de pop, de R&B. À l’écoute de l’ensemble, on se rend compte que chaque chanson a son univers méthodiquement construit. Félix Paul mentionne : « l’idée c’était de prendre le filon stylistique de chaque toune pis de l’emmener à sa conclusion la plus logique. De me demander où est-ce que les accords, les paroles et les mélodies de voix m’emmènent; est-ce que j’ai envie d’y aller plus néo-soul ou encore quelque chose de plus groovy, plus pop y2k. Est-ce que c’est plus de la musique brésilienne? Tout ça a fini par être un vitrail de tout ce qu’on a écouté depuis qu’on est jeune ». Sans avoir de plan précis donc, l’idée première était d’avoir assez de chansons pour faire des spectacles. C’est au travers de cette constante recherche du parfait groove, des assemblages éclatés et des thématiques d’un quotidien de jeunesse montréalaise précaire et engagée que tout s’est concrétisé. Autodidactes, c’est à force d’essayer, de se tromper puis de demander des conseils que leur confiance a pris du coffre.
Album Live ou Maroc
Concernant les prochains mois, qui incluent les soirées du lancement le 12 avril aux Foufounes électriques à Montréal et le 13 avril au Pantoum à Québec, Rose Perron et Félix Paul ont affirmé que Rau_ze se produirait dans plusieurs festivals dont les programmations n’ont pas encore été dévoilées. On s’attend ici et là à la participation de plusieurs musiciens, dont David Marchand et Julien Fillion, en plus de Félix Petit et de Antoine Bourque. Outre cela, les deux artistes vont travailler sur d’autres projets et surtout prendre une pause. Leur pensée oscille entre l’album live et le Maroc.
Virer nos vies sera disponible le 29 mars.
Crédit photo: Elizabeth Landry