Entrevue avec Hugo Mudie pour Cordoba
Hugo Mudie vous connaissez? Lunettes fumées, barbe fournie, beaucoup d’encre sur le corps, stretchers dans les oreilles, look street soigné et une dégaine décomplexée ça vous évoque quelque chose? Dernièrement vous avez pu le lire sur Urbania ou l’entendre à ICI Radio-Canada Première à Medium Large ou à On dira ce qu’on voudra, mais c’est pour sa musique qu’il est connu.
Le chanteur et musicien fait paraître ces jours-ci Cordoba, son premier album solo après une longue et prolifique carrière au sein des Saint-Catherines et Yesterday’s Ring. Un album éclaté et lumineux sur lequel Mudie s’affranchit de ses racines punk.
En attendant la critique en bonne et due forme de l’album, Le Canal l’a rencontré à Québec de passage en tournée promo.
LCA : Hugo, avec Cordoba, on te découvre sans complexes, au plus près de toi-même. C’est comme un nouveau départ pour toi avec un nouveau public?
HM : Oui c’est comme recommencer à zéro, parce que je peux le faire. C’est mon nom et ce n’est pas la même musique que j’ai toujours faite, fak je pense qu’il y a de la place pour moi pour explorer et faire plein de trucs. Là je trouve que ma job est faite parce que j’ai livré un album qui me satisfait et qui est à la hauteur de mes attentes. J’ai essayé de faire les meilleures tounes possible. Y’a pas de génie derrière ça, j’ai fait un album que j’voudrais écouter. Je trouve que je me suis assez forcé pour être satisfait.
Cet album-là c’est Cordoba, un album pour lequel le musicien a composé près d’une quarantaine de chansons avec plusieurs collaborateurs sur une période d’un an et demi environ. Avant d’entrer en studio, lui et Alex Ortiz (We Are Wolves) ont fait une sélection qui représentait la diversité du processus de création et ce sont ces pièces qui ont été enregistrées.
HM : C’était assez simple et faut pas voir ça comme un gros procédé réfléchi. Ça s’est fait de même. La musique est variée et même visuellement c’est plus weirdo aussi et c’est ce que je suis, mais que je ne faisais parce que j’étais dans un band. Là j’ai cette liberté-là. Mon prochain album, je peux faire n’importe quoi. Il y a personne qui va s’attendre à quoi que ce soit. Je peux faire un album de défonce, un album électro… et ça je trouve ça vraiment le fun.
LCA : Mais avant de penser à un nouvel album, tu vas laisser vivre celui-ci un brin?
HM : (rires) Oui, mais rendu ici, Cordoba m’appartient pu, tsé je l’ai lancé dans l’univers comme. Maintenant, j’espère que les gens vont aimer ça et tsé, faut revenir à la base : la musique, le but c’est juste de faire passer un bon moment à du monde pendant une toune, un album ou un show. Quand je sais que j’ai fait ça, je sais que mon travail est fait et même si c’est 50 personnes. Tu sais, c’est difficile dans la vie de toucher 50 personnes.
LCA : Tu parlais de la variété de sonorités que l’on retrouve sur l’album. C’est quelque chose qui ne se discutait pas dans les Saint-Catherines par exemple, d’amener des nouveaux éléments à la recette?
HM : Il y a toujours eu une retenue dans ma carrière en groupe sur l’éclectisme. Tsé, y’a d’autres gars d’impliqués et tu peux pas te crisser de ton image comme ton image affecte celle des autres. Et y’a les fans aussi qu’il faut que tu respectes. Tu peux d’un disque à l’autre tout virer à l’envers.
Au moment de le rencontrer, les braises d’un débat lancé par Mudie sont encore bien rouges. Dans ce texte, publié sur Urbania, le musicien à la plume bien aiguisée en appelle à la mort de la critique musicale. Comme c’est l’ADN de ce que l’on fait au Canal j’avais quelques questions en ce sens. C’est de bonne guerre, Hugo m’attendait de pied ferme.
HM : Bin oui, justement, y’a un de tes chums du Canal qui vient de me traiter de gringalet sur Facebook en lien avec ce texte.
Bon timing comme on dit.
LCA : J’ai senti une pointe d’humour dans ton texte, mais tu ne penses pas qu’il y a moyen que le travail de critique se fasse en respectant des critères rigoureux?
HM : Tout ce que je disais c’est qu’à l’époque, ça avait une utilité la critique parce que c’était la seule façon d’être renseigné sur ce qui sortait. Aujourd’hui j’ai pas besoin de l’opinion d’autres mondes pour me faire une opinion moi sur un disque. Pis tu sais, je ne parle pas d’articles ou d’entrevues là, c’est encore important le journalisme musical. Un texte qui va en profondeur, qui est étoffé, ça m’intéresse. Mais le classique : « le nouvel album des Foo Fighters… réalisé par tel dude… sur lequel on peut sentir les guitares très féroces… 4 étoiles », ça pour moi, ça pas de valeur.
LCA : Pour tes commentaires sur la critique, tu ne penses pas que c’est l’industrie qui a réagi le plus fortement, qui s’est braquée sur sa position?
HM : Je sais pas man. Pour vrai, j’ai relu le texte quand j’ai vu que ça choquait et je ne peux pas dire que je comprends pourquoi ça insulte du monde. Ça m’a frappé avec la première réponse des Méconnus, mais après je me suis dit, « who gives a fuck about Hugo Mudie anyway?, j’suis pas une sommité dans rien ».
Et c’est là qu’Hugo va rendre sa position plus claire.
HM : Tu sais, j’ai rien contre les comptes-rendus, parce que c’est clair avec un compte-rendu qu’on a affaire à un texte personnel. Je pense que c’est juste le mot critique qui me bogue. Parce que ça implique que quelqu’un est au-dessus des autres et qu’il nous éduque sur la musique.
Je le savais qu’on trouverait un terrain d’entente. Puis il enchaîne.
HM : Pis tsé l’autre affaire, c’est que pendant qu’on parle de mon article sur Urbania, on n’est pas en train de parler d’autres affaires comme de fascisme, de sexisme ou de La Meute, je veux dire les critiques de disque, c’est pas une priorité. Si ça t’insulte, trouve-toi quelque chose d’autre à faire. Tsé c’est comme si ça t’insultait que je trippe sur les Bruins de Boston…
LCA : Est-ce que c’est le cas?
HM : (rires) Pas pantoute!
Une autre bonne chose de réglée. Merci Hugo.
*La tournée pour Cordoba en régions commencera en février 2018. Hugo Mudie lorgne aussi les festivals estivaux. À suivre.