Entrevue : Comment le FME s’est reconstruit en quelques semaines?
Le Festival de Musique Émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME) dévoilait mercredi sa programmation musicale façonnée d’urgence pour avoir lieu comme prévu, du 3 au 5 septembre 2020. Comment fait-on pour se reconstruire en un temps record de cinq semaines avant la date butoir ? Le Canal Auditif fait le point sur cette situation exceptionnelle avec la Directrice générale du festival, Magali Monderie-Larouche.
Le 23 juillet dernier, Québec annonçait que les rassemblements intérieurs et extérieurs à moins de 250 personnes allaient être permis à compter du 3 août 2020. Cette déclaration excluait toutefois les festivals, par mesure de sécurité puisque la pandémie de la COVID-19 n’est pas encore chose du passé.
Pourtant, le gouvernement provincial levait cette interdiction pas plus tard que le 5 août, afin de permettre aux festivals survivants de jouir eux aussi de la saison estivale. Le FME s’est donc retroussé les manches en un rien de temps et il aura lieu, comme prévu, à l’aube de l’automne.
Pour une organisation qui étale normalement son travail à l’année, la contrainte de temps n’a pas semblé les ébranler pour autant. « Habituellement, dès l’automne, on met la prochaine édition en branle, explique la Directrice générale du FME Magali Monderie-Larouche. Des fois, on book déjà des trucs en hiver et on dévoile la programmation plusieurs semaines avant les dates du festival ».
Selon Mme Monderie-Larouche, si elle n’avait pas pu compter sur une équipe incroyable et remplie de bonne volonté telle que la sienne, ainsi que sur des artistes motivés à faire vite, le FME n’aurait pas vu le jour cette année. « Disons qu’on est chanceux », s’est-elle exclamée au téléphone jeudi matin.
Une programmation 100 % québécoise
Le FME présente cette année une petite programmation de vingt-sept artistes tous québécois-es : une décision qui n’a pas été prise par dépit, même si le festival aurait adoré recevoir quelques musiciennes et musiciens issus de l’international comme à l’habitude.
« Avec la pandémie, on aurait vraiment aimé aller chercher des artistes canadiennes et canadiens d’un peu partout au pays au moins, mais c’était trop compliqué avec les frontières et l’histoire des quarantaines, donc on s’est concentré sur nos artistes québécois-es », spécifie-t-elle.
En effet, l’organisation du FME a donc dirigé son énergie envers les musicien-nes d’ici qui ont vu leurs tournées être annulées à cause de la crise de la COVID-19 et dont le projet musical n’a pas pu bénéficier d’une vitrine convenable.
Passer d’un public de 300… à 20 personnes
Conséquemment aux règles de distanciation sociale imposées par le gouvernement, le FME a dû mettre une croix sur plusieurs lieux emblématiques du festival, ce qui entraîne une perte d’espaces où recevoir le public.
« On n’a pas beaucoup de salles cette année parce qu’il y a des bars et des salles de la ville de Rouyn-Noranda qui sont encore fermés, se désole Mme Monderie-Larouche. On avait l’habitude d’aller dans de petits bars, mais de les condenser à deux ou trois cents personnes!! Là, dans ces mêmes bars, à distanciation sociale, on a juste droit à vingt personnes dans l’établissement ».
La solution logique n’était pourtant pas de structurer tout le déroulement des spectacles et les activités entièrement à l’extérieur, selon la Directrice générale, même si, par réflexe, c’est l’idée qui frôle l’esprit de tous.
Le festival a donc prévu davantage d’espaces extérieurs, tout en se gardant une portion de la programmation en salles, pour éviter de rencontrer des intempéries. « S’il pleut, j’veux dire… Le festival serait un flop monumental, alors on a essayé de se garder un ratio de 50/50 à l’intérieur, même si ce sont des salles à toutes petites capacités », disait-elle.
Magali Monderie-Larouche trépigne d’excitation à l’idée de revoir son monde et de profiter du seul festival de l’été en personne. La prestation à laquelle elle a le plus hâte ? « Définitivement, le show de famille en après-midi avec Clay and Friends, ils sont une sensation cette année ! Tsé, les shows d’après-midi, au FME, c’est une tradition, c’est l’fun, il y a plein de monde qu’on voit pas nécessairement en soirée, se réjouit-elle. En fait, ici on a hâte au festival en tant que tel, juste parce qu’on a réussi à en faire un, même si la COVID-19 est là ».
Lisez notre article sur le dévoilement de la programmation 2020 du FME.
Vous pouvez consulter le site Internet du FME pour plus d’informations concernant la billetterie, et la programmation.
Nous serons sur place pour couvrir l’événement. Il s’agira aussi de notre premier festival de l’été en personne!
Crédit photo: Facebook