Chroniques

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Entrevue avec Rhye : déboulonner les mythes

L’artiste canadien Rhye était de passage au Théâtre Corona le 3 mars 2018. J’ai eu le privilège de m’entretenir avec Mike Milosh quelques heures avant le concert.

Mike Milosh est un homme doux et attentionné. À l’image de sa musique, il est chaleureux et durant l’entrevue, il a répondu franchement à toutes mes questions. À travers mes recherches, je me suis rendu compte qu’un certain nombre de faits erronés ou d’informations contradictoires circulent sur Rhye. Parmi les plus durables, celle voulant que le projet fût d’abord un duo. En fait, il s’agit du projet de Mike Milosh, mais comme il me l’explique, ça ne s’arrête pas là. « Je n’ai jamais dit que Rhye était un projet solo parce que je travaille avec tant de gens. J’aime pouvoir créer avec des gens intéressants qui entrent et sortent de ma vie musicale. On pourrait dire que je suis polyamoureux musical. C’est ce qui a créé l’ambiguïté avec Robin (Hannibal) parce que nous avons travaillé sur Woman ensemble. Rhye n’était pas un duo même si c’est ce que les médias ont clamé. Mais bon, les gens disent aussi que je suis une femme… Nous avons fait plus de 500 spectacles avec en moyenne 2 000 places, je crois que bien des gens sont au courant que je suis un homme. Il me semble que ce n’est pas très difficile de faire des recherches aujourd’hui. Ce n’est pas comme dans le temps où il fallait fouiller des microfilms! On n’a qu’à taper quelques mots sur un clavier. »

DIY jusqu’au bout

Mike Milosh, malgré lui, entretient l’ambiguïté face à Rhye avec ses pochettes d’albums où l’on voit des femmes généralement dans des poses sensuelles. Le principal intéressé consent que ça peut le faire. « Tu vois, je ne le voix pas comme ça de l’intérieur. Pour Blood, c’est moi qui ai pris la photo et c’est ma blonde. Je trouvais la photo émouvante et j’ai décidé de l’utiliser. Ce n’est pas un complot et je ne réfléchis pas à cette ambiguïté quand je fais ces choix. » Mike Milosh ne fait pas que concevoir ses propres pochettes. Il est ce qu’on peut appeler un réel artiste indépendant.

Milosh produit tout du projet Rhye. D’ailleurs, c’est pour cette raison que 5 ans se sont écoulés entre Woman et Blood. « Je n’ai pas fait ça par soucis créatifs. Je devais racheter mon album. L’explication complète est compliquée, mais si je devais la résumer, Polydor a perdu l’intérêt parce que dans la première semaine de parution nous n’avions pas vendu 20 000 copies. Quand j’avais signé le contrat, j’y avais inclus de nombreuses clauses temporelles. Ils avaient 6 mois pour décider s’ils voulaient produire le deuxième album. J’ai inclus cette clause parce que j’étais très nerveux à l’idée de travailler avec un major. Les clauses temporelles étaient là pour les empêcher de me lier pour toujours à eux. Je suis plutôt doué pour les contrats, ma sœur est avocate en droit de propriété, elle m’aide beaucoup. »

Ce n’est pas nécessairement une voie facile par contre. Milosh m’explique franchement que ça coûte cher! Il doit engager tout le monde pour arriver à ses fins. C’est aussi pour cette raison que Rhye part en tournée à coup de trois ou quatre semaines. « Je n’ai pas l’argent pour payer 200 000 $ de billets d’avion en avance. C’est moi qui conduisais la van pour venir ici de New York. » Il n’amène même pas de technicien de son en tournée et fait confiance à ceux en place. Rares sont les groupes qui osent ce genre d’approche. « Tous les soirs sont un peu différents, c’est bien. » Comme quoi, peu importe la stature d’un projet, c’est possible d’arriver à ses fins avec un peu de débrouillardise.

Entre Montréal et Big Sur

Mike Milosh a habité quelques années à Montréal alors qu’il étudiait à l’Université Concordia. Il garde de bons souvenirs et des endroits chéris en ville de ces années. « Cette fois-ci, je ne peux pas, mais normalement je passe quelques jours à Montréal. J’aime encore monter le Mont-Royal et lire. C’est tellement apaisant. Ma boutique préférée est Les étoffes et j’adore le marché Jean-Talon. J’aime le restaurant Nora Gray et Lawrence pour déjeuner. Une de mes meilleures amies habite encore ici alors j’adore être en ville. »

Un autre lieu qui tient une place particulière dans le cœur de Mike Milosh est Big Sur. « Il faut y aller pour comprendre l’énergie. Ma blonde est née là-bas et ma belle-mère tient un institut de massages et de yoga là-bas. Nous y passons beaucoup de temps. Il faut y rester quelques jours pour comprendre réellement. L’automne dernier, j’y étais avec ma copine et il y a eu un immense orage et un pan de montagne s’est affaissé, des arbres ont brisés, c’était impressionant. »

Authenticité et simplicité

Notre conversation déroge vers la musique qu’il écoute et me dit que la seule chose qui est importante pour lui est l’authenticité avec laquelle elle a été faite. Ça me fait rendre compte à quel point, lui-même, fait preuve d’une authenticité dans ses réponses. La rencontre se poursuit, on parle de tout et de rien. C’est l’une des qualités de Mike Milosh, il vous met rapidement l’aise parce qu’il est là… tout simplement.

Crédit photo: Genevieve Medow-Jenkins

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