Chroniques

Édition numérique du Festival de Jazz de Montréal: une entrevue avec Laurent Saulnier

« C’est cul-cul, mais je vais le dire, ça manque d’amour dans tout ça. »

C’est le constat que fait Laurent Saulnier à l’absence des grands rassemblements cet été. Au bout du fil, il est aussi généreux et souriant qu’à l’habitude, malgré les circonstances qui sont difficiles pour les gens du milieu culturel. « J’ai l’impression que physiquement, il y a quelque chose qui me manque. À ce temps-ci de l’année, normalement mon corps n’est pas à la même vitesse. Je pense que l’adrénaline est l’une des meilleures drogues du monde et cette dope-là, ça me manque. »

D’annuler le Festival International de Jazz de Montréal pour la première fois en 40 ans et les Francos pour la première fois en 31 ans, ce n’est pas rien! Tout ce que ça amène comme manque dans le milieu, particulièrement pour les artistes qui normalement peuvent occuper de grandes scènes intérieures ou extérieures. C’est aussi un vide pour Montréal, habituellement si festive, où la communauté prend part aux événements. C’est d’ailleurs ce qui explique que tous les artistes qui sont présents dans la programmation sont du 514. Pour ces musiciens, ça veut dire au moins une paye au mois de juin. Une denrée rare, ces jours-ci.

Le virage numérique : comment et pourquoi?

« On l’a vu, au début du confinement, il y a un paquet de chanteurs et chanteuses qui faisaient des Facebook Live de leur téléphone avec un son à peu près pourri et une image à peu près approximative. Nous ce qu’on voulait faire, c’est offrir des conditions professionnelles. Tu l’as dit tantôt et je t’en remercie (NDLR C’est tout à fait vrai), on présente, règle générale, les concerts dans d’excellentes conditions. On voulait que ce soit la même chose même si c’était numérique. » C’est cette quête de qualité qui a occupé le centre des préoccupations de l’organisation en attaquant cette façon non orthodoxe de faire le Festival de Jazz. Même si le contexte est inhabituel, il respecte la mentalité derrière les spectacles gratuits à l’extérieur. Il faut dire que pour faire tout cela, l’organisation a pu compter sur des commanditaires généreux qui ont embarqué dans l’aventure comme Rio Tinto, Groupe TD et les trois paliers gouvernementaux.

Par contre, les défis étaient grands pour transformer l’Astral en studio télé. Tout d’abord, les règles sanitaires sont imposantes. « Je vais te donner un exemple : on fait des captations, mais il n’y a pas de maquilleurs, pas de coiffeurs et pas de traiteurs parce qu’un buffet, les gens pigent dedans. On ne peut même pas avoir deux claviéristes ou pianistes de suite. Parce qu’on doit tout désinfecter! » Laurent Saulnier le dit en riant, il y a autant d’employés affectés à l’équipe technique qu’à l’équipe sanitaire. Les groupes sont aussi avisés d’arriver avec le strict minimum et un personnel ultra-réduit.

Outre les difficultés techniques ou les nouveaux défis auxquels fait face l’organisation, il y a aussi la problématique de faire un bon et beau produit pour l’écran : « Nous avons fait appel à des professionnels. Le Festival de Jazz ne sait pas faire de la télé. Et là, ce qu’on fait, c’est une formule hybride entre le concert et l’émission télévisuelle. » C’est ainsi que Maxime Théorêt-Bissonnette, réalisateur de Bonsoir, Bonsoir, s’est joint au projet. Le but est d’assurer que la qualité normale du Festival de Jazz soit respectée en ligne.

Et la programmation elle?

Cette année, une soirée type ira comme suit : un concert en ligne d’une heure en mode « apéro », ensuite des capsules-performance tournées avec les artistes, puis une captation issue de la voûte du festival. Parce qu’il y avait dans les archives des concerts marquants avec des figures importantes de l’histoire. Ceux-ci n’ont jamais été présentés sous cette forme. Ce sera la première fois qu’on pourra écouter ces événements en très bonne qualité : Oliver Jones et Oscar Peterson, Miles Davis en 83, Jaco Pastorius de 82 et Sarah Vaughan de 84. Tous des concerts de monstres de la musique qui seront sur nos écrans pour la première fois!

De plus, la programmation est riche passant de Dominique Fils-Aimé à Marianne Trudel et jusqu’à Pierre Kwenders qui offrira un party avec un VJ pour faire danser les auditeurs à la maison. Le festival avait déjà l’intention de célébrer la diversité pour la journée du multiculturalisme dans l’édition extérieure. Ils ont décidé de garder cet angle en donnant la scène à des artistes qui viennent de partout et de toutes les cultures, mais qui ont choisi Montréal pour y habiter.

L’équipe travaille toujours sur l’horaire définitif qui pourra être finalisé une fois que les capsules auront été tournées. Ça devrait sortir très bientôt. Restez à l’affût!

Événement Facebook

Site officiel du Jazz

*Un texte qui a été rédigé en collaboration avec Spectra.

Crédit photo: Benoit Rousseau

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