Chroniques

Tropical Fuck Storm

A Laughing Death In Meatspace

  • TFS Records
  • 2018

Avec des groupes tels Nick Cave & The Bad Seeds, Eddy Current Suppression Ring, DZ Deathrays, King Gizzard & The Lizard Wizard, High Tension et The Drones, on peut assurément avancer que la scène rock australienne est en santé. Voilà qu’un petit nouveau se pointe le bout du nez depuis peu et qu’il porte l’un des meilleurs noms de groupes de tous les temps : Tropical Fuck Storm.

Tropical Fuck Storm, c’est Gareth Liddiard et Fiona Kitschin (The Drones), Lauren Hammel (High Tension), ainsi qu’Erica Dunn (Mod Con). Avec des membres aussi talentueux, nous étions en droit de nous attendre à un album rock de qualité supérieure. Quoi que la forte majorité du temps, lorsque des membres de diverses formations se réunissent pour former un « supergroupe », ça donne un résultat fort décevant. Heureusement, pas cette fois-ci.

Paru il y a quelques semaines, A Laughing Death In Meatspace, leur premier album, ne déçoit vraiment pas. Voilà le genre de galette où il y a tant à dire et si peu à la fois. Une chose est certaine, c’est que c’est le type d’offrande qui peut vous écorcher les oreilles sans avoir recours à des guitares boursoufflées, ni même à une batterie qui vous matraque et vous fait croire que vous faites de l’arythmie cardiaque. En effet, le réalisateur a eu la brillante idée de ne pas trop s’imposer derrière la console et de se faire le plus discret possible afin de laisser toute la place aux chansons. Une bien sage décision en ce qui me concerne. Les neuf pièces sont solidement construites et parfaitement exécutées, alors nul besoin de trois ou quatre entourloupettes en studio pour nous faire croire qu’elles sont réussies.

A Laughing Death In Meatspace est bon du début à la fin et il comporte quelques perles qui vous donneront le goût d’y revenir régulièrement. Je pense ici à la sublime You Let My Tyres Down qui ouvre l’album. Une chanson qui se retrouvera assurément dans mon palmarès personnel des meilleures chansons de l’année 2018. La suivante, Antimatter Animals, est une solide pièce rock qui n’a carrément rien pour plaire à votre cousine de dix ans qui aime mettre des filtres de lapins et lunettes roses sur Snapchat. D’ailleurs, probablement qu’elle ne plaira pas plus à sa mère de quarante-cinq ans qui utilise ce même filtre insignifiant.

Avec leurs guitares plus grinçantes, Chameleon Paint et Two Afternoons figurent aussi parmi les plus notables du lot. Il y a aussi la très hallucinante Shellfish Toxin qui arrive à nous faire croire qu’on a consommé des champignons magiques il y a environ une heure. Puis, vers la fin, se retrouve la magnifique Rubber Bullies que ne renierait vraisemblablement pas le grand Nick Cave.

La musique de Tropical Fuck Storm échappe assez rapidement aux étiquettes, et n’est rattrapée que par quelques souvenirs de vilain garçon comme moi. Je pense ici aux Iceage, Grinderman,  Protomartyr et The Drones.

A Laughing Death In Meatspace est un album exaltant de quarante-huit minutes qui n’est assurément pas un inducteur de sommeil. Un premier effort où les meilleures chansons sont carrément sublimes, et les plus faibles sont, dans le pire des cas, bonnes.