Francouvertes 2025 | Dans le casque d’écoute de Bayta, Bryan André et Erika Hagen
Erika Hagen
Erika Hagen s’est d’abord fait connaître au sein de la formation Bleu Kérosène. Voici qu’elle arrive aux Francouvertes avec son projet solo qui s’inspire de l’indie-rock un peu slacker à la Courtney Barnett et de poètes comme Patrice Desbiens. Elle va lancer un premier album, Pouvoirs magiques, le 11 avril. Ce dernier a été réalisé par Dany Placard.
Et voici ce qui joue dans ses oreilles:
Big Thief — Masterpiece
Une de mes chansons préférées de toute la vie. Ça fait presque dix ans que j’y reviens. Adrianne Lenker est selon moi une des parolières les plus habiles de notre génération. Elle déplie les lieux, les affects, les courants émotifs complexes avec grande finesse. J’adore cette tradition du racontage, hérité du folk, sous une formule garage et DIY. J’admire la frontière floue entre les sonorités moins léchées de Big Thief et la profondeur narrative et poétique des paroles. C’est simple, efficace, mais tellement large de sens. La chanson traite d’amitié, de deuil, c’est irrévérencieux, c’est sensible, c’est imparfait, c’est super catchy, c’est ma tasse de thé en maudit. J’ai l’impression d’apprendre à écrire et composer à toutes les fois que j’écoute du Big Thief, je n’arrête pas de tomber en amour avec Masterpiece et ses reliefs. Intemporel coup de cœur.
Radiohead — Weird Fishes / Arpeggi
Même si je ne pense pas tracer de ligne directe entre Radiohead et la musique que j’écris, j’ai un crush pas tuable sur cette chanson (l’album In Rainbows au complet en fait). Quand j’écoute Weird Fishes, je me sens grande de l’intérieur, avec les guits qui s’effondrent les unes dans les autres, avec cette espèce de chaos organisé, super libre. Le trajet de cette pièce me jette à terre. Et l’univers harmonique de la toune me fait quelque chose de quasi moléculaire, c’est absolument viscéral comme appréciation.
Avec pas d’casque — Audrey est plus forte que les camions
J’adore la naïveté existentielle de la plume de Stéphane Lafleur, la construction d’images, les procédés de personnification d’objets et de choses dans ses textes. C’est d’une éloquence désarmante et chaleureuse. La phrase : « vidons de sa monnaie, la fontaine de jouvence, et nous vivrons vieux sur les vœux de tout le monde ». Tsé, voyons, brillant. En tant qu’artiste multidisciplinaire, je trouve ça aussi très inspirant de percevoir une cohérence poétique et esthétique entre les films de Stéphane Lafleur et ses chansons. Ça démontre selon moi un regard artistique qui transcende les disciplines investies, qui est suffisamment solide pour se traduire et se communiquer, peu importe le médium. Je trouve ça riche et emballant. Ça me donne le goût de continuer à aiguiser mon regard pour approfondir ma pratique. Ça me donne le goût de rester intègre dans mes gestes de création et mon rapport aux gens.
(Trois tounes c’est tellement peu pour tout nommer, alors je triche et je lève mon chapeau à la chanson Bloody Mother fucking asshole de Martha Wainwright et Pedestrian At Best de Courtney Barnett, grandes dames, grandes inspirations icitte.)