Le sixième soir des préliminaires des Francouvertes mettra à l’honneur le rap. On y retrouvera Sensei H, LeBlaze et Floraison Tardive qui nous présentent ici les artistes qui les inspirent.

En amont de la soirée rap des Francouvertes avec Sensei H, LeBlaze et Floraison Tardive, on leur a demandé de nous parler de ce qu’ils et elles écoutent ces temps-ci.

Sensei H

Sensei H est présente dans l’underground rap de Québec depuis quelques années. En 2022, elle a fait jaser d’elle avec l’album Trop de chance, une collaboration avec la compositrice Vérone. Française d’origine algérienne qui a atterri à Rimouski, puis qui a fait son chemin à Québec, elle a fait quelques collaborations au cours des dernières années, notamment avec Q052. D’abord fan des mots, elle sera aussi accompagnée par un groupe pour donner un kick de plus aux trames.

Et ce qu’elle écoute:

Lana Del Rey — California

Lana Del Rey me rappelle combien la force ne se manifeste pas sous la même forme chez chacun d’entre nous. Cette chanson me plonge dans un état de nostalgie profond qui me dit : tu n’as pas à attendre que l’occasion se présente pour la saisir, tu peux aussi la provoquer. Sa façon souffrante d’exploiter le sujet de l’amour m’inspire particulièrement. Dans California, sur une composition qui avantage délicieusement le thème, elle parle de cette personne qu’elle espère revoir pour lui démontrer son dévouement. Étant habitée par des histoires similaires, alors j’aime beaucoup imaginer ces retrouvailles qui lui soutiendraient la réciprocité de ce lien.

Dinos — 93 mesures

Je revendique souvent dans mon imaginaire l’importance de transmettre message et émotion dans les textes et Dinos comble ce besoin à chaque fois. Il est juste dans ce qu’il dit, non pas de façon absolue, mais personnellement. Il parle de lui, comment il se sent, qu’est-ce qu’il éprouve et selon lui pourquoi. Dans cette chanson, il ose dire des choses qu’on entend rarement, mais qui raisonne dans la conscience collective avec une grande fatalité qui frôle la morale sans ne jamais vraiment la toucher. 

Kery James — Lettre à la république

Symboliquement, je ne peux pas passer à côté de Kery James dans mes choix. En 2012, alors que dans un cours de français nous avions comme devoir de choisir un texte et de le présenter, j’ai opté pour « Lettre à la république » une chanson extrêmement forte qui aborde sans gant le sujet de l’impact de la colonisation française en Afrique. Elle a changé ma vision de la place que j’avais dans la société française en tant qu’immigrante algérienne. Il y a eu un avant et un après cet instant. C’est en lisant ce texte devant mes camarades d’école que j’ai réalisé que je voulais prendre position et que ça se ferait avec le rap.