
Financement de la plateforme MUSIQC: La SPACQ-AE publie une lettre ouverte
Ariane Charbonneau, directrice générale de la Société professionnelle des auteurs, compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs (SPACQ-AE), a publié une lettre ouverte, samedi, dans La Presse, soutenant MUSIQC, la plateforme numérique consacrée à la musique francophone et aux musiques de langues autochtones.
MUSIQC est un projet de la SPACQ-AE né en février dernier. C’est un espace d’écoute en ligne et de découverte de musique francophone et de langues autochtones. Entièrement gratuit, MUSIQC rapatrie la musique francophone que l’on retrouve sur les grandes plateformes d’écoute en ligne pour ensuite en augmenter la découvrabilité au moyen de listes de lecture finement programmées par des membres de l’industrie. La plateforme est née du désir de répondre « aux défis que rencontre la musique francophone d’ici et d’ailleurs dans un marché mondialisé, dominé par des contenus internationaux anglophones et multilingues », lit-on sur le site.
Un refus provincial
Alors que la plateforme s’est vu octroyer un montant « substantiel » de la part du fédéral grâce à la Fondation Musicaction, le ministère de la Culture (MCCQ), quant à lui, refusait, la veille du lancement, la demande de 200 000$ qualifiée de « nécessaire », selon Ariane Charbonneau, pour assurer la pérennité du projet. Dans sa lettre ouverte, la directrice de la SPACQ-AE souligne que le budget provincial 2025-2026 prévoyait des investissements importants en culture et se questionne sur les véritables raisons du refus du gouvernement. « Il nous semble légitime de croire qu’il existe une marge pour soutenir une initiative alignée sur ses priorités. Ce n’est pas un manque de financement, mais de volonté politique », commente-t-elle à ce sujet.
Mme Charbonneau ajoute également que MUSIQC partage en tout lieu la vision du rapport « La souveraineté culturelle du Québec à l’ère du numérique », sur les enjeux touchant la musique francophone, comme la promotion et la découvrabilité. « MUSIQC incarne cette vision. Nous avons les outils, la vision. Il manque la volonté politique », écrit-elle.
Un enjeu criant
Selon Ariane Charbonneau, la situation précaire de MUSIQC témoigne d’un enjeu plus grand quant à l’état du secteur musical. L’investissement public dans ce milieu n’est définitivement pas suffisant et est même en régression, ce qui place le secteur musical dans une situation bien précaire en comparaison avec d’autres secteurs culturels en croissance.
À ce sujet, elle écrit ceci : « Si rien n’est fait pour corriger cette inégalité, c’est toute une filière de créateurs et créatrices, de producteurs, d’auto-producteurs et de diffuseurs qui risque de s’appauvrir, avec des conséquences à long terme sur la vitalité culturelle du Québec. »
Avec plus de 200 000 visites en deux mois et des milliers d’abonnés, Ariane Charbonneau et l’équipe derrière MUSIQC estime qu’il est plus que nécessaire qu’une plateforme comme celle-ci reçoive les subventions nécessaires pour continuer de faire briller la musique francophone, à une époque où le contenu anglophone domine le marché, que ce marché et monopolisé par les géants au Sud et que « seulement 5 % des écoutes recensées au Québec sur les services de musique en ligne concernent des musiques d’ici », selon la SPACQ-AE.