« Étonnant » est un mot faible pour décrire cette audacieuse aventure musicale du groupe californien Deerhoof. Love-Lore, c’est un album gratuit de medley contenant 43 chansons en 35 minutes enregistrées sans arrêt d’un bout à l’autre ; inutile de spécifier que personne n’a fait ça auparavant.

La formation Deerhoof partageait hier lors d’un listening party Love-Lore, qui ressasse la musique des années 50, 60, 70 et 80, saturée des nombreuses promesses optimistes de progrès promises à l’humanité pendant ces années d’après-guerre : le racisme et les inégalités sociales existent toujours tandis que les voitures volantes non.

Dans leur style incomparable, Deerhoof traverse tout, tout, tout, allant des chansons thématiques cinématographiques (Muppets Show, Star Trek, Ennio Morricone, etc.) aux chefs-d’œuvre afro-futuristes et tropicalistes (Sun Ra, Parliament, Caetano Veloso), ou encore avec des pépites du rock progressif québécois comme Voivod (what). Évidemment, on reconnait des succès pop ou avant-gardistes composés par Laurie Anderson, les Velvet Underground, les Beach Boys, Kraftwerk, et au-delà.

Leur ode déstabilisante s’intéresse particulièrement aux influences des «scientifiques de la musique», des maîtres expérimentaux, minimalistes et contemporains tels Karlheinz Stockhausen, Pauline Oliveros, John Cage, Morton Feldman, George Brecht et plusieurs autres. On peut dire que tout ça nous laisse bouche-bée!

Mais ne vous laissez pas berner par la liste des chansons plus bas : Love-Lore ne s’inscrit pas comme un album nostalgique de reprises. Le groupe décrit ce projet comme une «comédie musicale à la Frankenstein», produite et mixée de manière DIY.

Remarquez qu’il suffit d’un téléchargement gratuit pour obtenir l’album via Bandcamp, Deerhoof.net, et JoyfulNoiseRecordings.com. Le public est invité — sans pression — à offrir plus en considérant que les dons iront directement à Deerhoof, afin qu’ils continuent à exercer leur métier comme ils le font si bien depuis 1994.

Love-Lore succède donc à trois autres disques parus en 2020, soit l’album de B-sides et d’éditions spéciales Surprise Symphonies en avril, le maxi studio Future Teenage Cave Artists en mai, ainsi que la sortie exclusive sur Bandcamp en juillet d’un long jeu enregistré en direct avec le trompettiste avant-gardiste Wadada Leo Smith To Be Surrounded By Beautiful, Curious, Breathing, Laughing Flesh Is Enough, dont les revenus ont été donnés à l’organisation Black Lives Matter. Grosse année, dites donc!

Love-Lore

ORNETTE COLEMAN • IN ALL LANGUAGES
J.D. ROBB • EXCERPT FROM SPATIAL SERENADE
VOIVOD • MACROSOLUTIONS TO MEGAPROBLEMS
EARL KIM • EARTHLIGHT
STU PHILLIPS • KNIGHT RIDER
RAYMOND SCOTT • OHIO BELL
MAURICIO KAGEL • MUSIC FOR RENAISSANCE INSTRUMENTS
EDDIE GRANT • ELECTRIC AVENUE
GARY NUMAN • CARS
KARLHEINZ STOCKHAUSEN • KONTAKTE
THE BEACH BOYS • WONDERFUL
GERALD FRIED • STAR TREK: BALANCE OF TERROR
PAULINE OLIVEROS • ALL FOURS
PAUL WILLIAMS • RAINBOW CONNECTION
JAMES TENNEY • FOR ANN (RISING)
SILVER APPLES • OSCILLATIONS
THE POLICE • DRIVEN TO TEARS
KRAFTWERK • WE ARE THE ROBOTS
JOHN WILLIAMS • CLOSE ENCOUNTERS OF THE THIRD KIND
MORTON FELDMAN • PATTERNS IN A CHROMATIC FIELD
SUN RA • THEY DWELL ON OTHER PLANES
PARLIAMENT • UNFUNKY UFO
ASHA PUTHLI • SPACE TALK
ENNIO MORRICONE • OTTAVE COMANDAMENTO: CORRI VELOCE
MILTON BABBITT • HOMILY FOR SNARE DRUM
THE B52S • SONG FOR A FUTURE GENERATION
SOFIA GUBAIDULINA • MECHANICAL ACCORDION
VINICIUS DE MORAES & BADEN POWELL • O ASTRONAUTA
DIONNE WARWICK • DO YOU KNOW THE WAY TO SAN JOSE?
DAVID GRAEBER • OF FLYING CARS AND THE DECLINING RATE OF PROFIT
DEREK BAILEY • IMPROVISATION
WILLIAM HANNA & HOYT CURTIN • THE JETSONS
ANTHONY BRAXTON • C-M=B05
GYORGY KURTAG • SHADOWS FOR CONTRABASS SOLO
ERIC SIDAY • THE PERKING COFFEE POT
IGOR STRAVINSKY • VARIATIONS ALDOUS HUXLEY IN MEMORIAM
CAETANO VELOSO • PULSAR
LUIGI NONO • UNO ESPRESSIONE
KRZYSZTOF PENDERECKI • THRENODY FOR THE VICTIMS OF HIROSHIMA
JOHN CAGE • EMPTY WORDS
GEORGE BRECHT • DRIP MUSIC
THE VELVET UNDERGROUND • ALL TOMORROW’S PARTIES
LAURIE ANDERSON • EXAMPLE #22

Crédit photo: Bandcamp