Mélanie Venditti a fait son petit bonhomme de chemin dans les trois dernières années. Elle a participé aux Francouvertes en 2017 en plus de lancer un premier EP dans la même année. Voici qu’elle présente son premier album, Épitaphes, dédié à sa mère décédée aussi en 2017.

Épitaphes se présente comme un seul gros morceau à gober. C’est un album concept qui file d’un bout à l’autre sans interruption. Un procédé qui plaira aux puristes du format. On n’a pas le choix, on s’assoit et on rencontre Mélanie Venditti pendant les 45 minutes 17 secondes de l’album.

On y retrouve de belles trouvailles comme les sonorités légèrement caribéennes dans Mécène et le rythme entraînant de Faire tourner les assiettes. D’ailleurs, cette dernière nous fournit de bonnes idées de textes qui sont chantés avec un aplomb et un air convaincant par Mélanie Venditti. L’envolée de cordes à la fin de Comme dans un film frappe aussi dans le mile. Je n’ai jamais vu de ciel si noir avec ses paroles d’une intimité quasi gênante. Ce rapport à l’être aimé qui tente par tous les moyens d’assouplir les peines du deuil. Une position délicate et toujours très difficile. C’est d’une touchante beauté.

Je suis un tison le matin 
qui brille seulement dans le noir 
Et depuis sa mort je m’éteins 
toi tu essaies de me rallumer 
mais ton désir finit par se brûler 

– Je n’ai jamais vu de ciel si noir

Cet album vient avec un ton de gris assumé par Mélanie Venditti qui ne se dérobe jamais pour alléger la souffrance. Elle nous la livre avec audace et confiance.

C’est le format qui joue contre l’album. Étonnamment, cette forme longue sans pause n’est pas sans failles. Certains changements sont abrupts, notamment entre Comme un film et Les oiseaux de nuit qui donne l’impression d’une bête erreur de montage. D’autant plus que l’album n’est pas non plus une lente progression. Il y a des changements de cap qui visiblement ne répondent pas à la chanson précédente. À travers toute cette beauté et cette sensibilité à fleur de peau, un commentaire comme : « Trop nice la guit baryton » avant Les grandes crues jure solidement.

Un beau premier album pour Mélanie Venditti qui nous envoie de solides textes et une belle musicalité. Tout n’est pas parfait au niveau du format, mais ce sont des petites failles qui ne gâchent pas l’écoute.