Viagra Boys au Ritz PDB le 31 mars 2019
Les Suédois de Viagra Boys auront réussi à mouvementer notre dimanche hier au Bar le Ritz PDB. En tournée dans le monde entier depuis septembre 2018, le groupe a déjà fait une forte impression en terres texanes lors du festival South By Southwest, il y a quelques semaines. Faisant la promotion de leur dernier album Street Worms, une petite bombe de post punk sombre et nonchalante, Viagra Boys se sont fait remarquer pour leurs performances live chaotiques, agressives et sans concessions. C’est donc sans surprise que les six lascars aux allures de punk ont livré une prestation tendue et crade à souhait dans une salle bourrée à craquer.
Premier groupe à prendre la scène d’assaut : Pottery. Ces Montréalais adorent le punk et la psych pop, et ils mélangent les deux genres à merveille. La salle est alors déjà pleine et beaucoup semblent être venus pour voir les kids locaux. N’ayant pas peur de s’engager dans des improvisations garage expérimentales rappelant la folie de Oh Sees, leur set efficace est mené par un chanteur blondinet scandant ses paroles sur une ligne de basse nerveuse et une guitare aux riffs secs.
Le Bar le Ritz PDB ne désemplit pas d’un poil à la fin du set. On observe du coin de l’oeil les membres de Viagra Boys s’installer tranquillement sur scène, cherchant à comprendre les blagues échangées dans leur langue natale. 22h45, les six Suédois débarquent sur scène, bières à la main. Down in the Basement lance les hostilités et d’emblée le ton est donné. L’ensemble instrumental donne l’effet d’un tsunami, c’est un vrai mur de son dans lequel la distorsion des grattes est dominée par un duo basse/batterie ne laissant pas de temps mort.
Sebastian Murphy, leader de la formation et également tatoueur de jour, est une icône de l’esprit punk. Arborant des lunettes de soleil ringardes, le bonhomme retire son tee-shirt dès le deuxième morceau, révélant un corps couvert de tatouages. Il profite de l’occasion pour s’asperger des bières avant de poursuivre avec Frogstrap, un titre sur les mangeurs de cuisses de grenouilles (on est presque sûr qu’il se foutait de nous!).
Le public déjà bouillant explose, à partir de là les moshpits ne cesseront de secouer l’audience. Titubant à presque chaque pas, Murphy en est peut-être à sa cinquième pinte de la soirée, pourtant sa voix de crooner parfaitement maîtrisée mélange brutalité punk à une mélancolie touchante sur des titres comme Just Like You qu’il présentera comme un slow. Le fantôme de Lux Interior des Cramps flotte dans l’air ce soir, tant le groupe de Stockholm arbore la débauche et l’univers glauque avec joie.
Résonnent ensuite les notes de Amphetanarchy, morceau instrumental abrasif remodelé pour le live. Le saxophone crée un chaos général, c’est trashy et ça semble à peine harmonique, mais on finit par trouver un charme irrésistible à cette performance. La guitare est punk dans l’âme et le synthé apporte une touche coldwave à l’ensemble. Après un morceau sur le thème des déviances sexuelles, Murphy nous confie qu’il aime prendre soin de son corps, dans le but d’être un gagnant. C’est la parfaite introduction pour leur simple Sports, que les six lads entament sans surprise. La foule jubile, il n’y a pas de répit. Murphy, et son charisme ravageur, attise les premières rangées pendant que les musiciens servent un set d’une authenticité stupéfiante.
Après une dernière déflagration sonore sur Shrimp Shack, les Suédois quittent la scène dans un néant général. Pas de rappel, pas grave, on est déjà trempé de sueur. Viagra Boys nous a mis une grosse claque, leur musique prenant une dimension totalement différente en live. On aimerait presque poursuivre la tournée avec ces lascars, troquant le café pour la bière.
Crédit photo: Renan Peron