Safia Nolin
Dans le noir
- Bonsound
- 2018
- 44 minutes
Safia Nolin est de retour avec un album de compositions originales, trois ans après la parution de Limoilou qui l’a entraîné dans une spirale intense. Nolin a connu le succès avec cet album et celui-ci ne s’est pas présenté tout seul. Il a été accompagné de remarques désobligeantes sur son physique, sa manière de s’habiller, sa manière de se comporter. Peut-être est-ce un peu cela qui l’a poussé à passer autant de temps à Paris dans les dernières années.
Tout ce chemin parcouru ressort en même temps que de vieilles blessures sur Dans le noir. L’album porte particulièrement bien son nom en raison de la lourdeur des propos qu’elle tient. Entre la mort, la laideur, l’acceptation de soi, la séparation et l’absence de son père, les douleurs du présent et du passé se manifestent dans cette collection de chansons qui évacuent les rayons de soleil.
Tant que la mort n’est pas loin
Je pourrai passer— Les chemins
Safia Nolin se permet de sortir un peu des conventions tout de même. 1998 est enregistrée avec un bruit de feu qui crépite à l’arrière, comme si on était dans un chalet ou encore autour d’un feu de camp. Du côté de Sans titre et Bye, ce qui semble être des enregistrements datant de son enfance qui sont mis de l’avant. Ce n’est pas la chose la plus légère à prendre quand on n’est même pas impliqué, vous imaginerez bien pour Nolin.
Je m’excuse de mon corps
Pour mon cœur
Je sais que j’ai changé le ton
Changé le fond de ma tête
J’ai oublié de te mordre les doigts
Pour te montrer quoi ne pas taire
Je m’excuse de mon cœur
Pour mon corps— Miroir
Miroir est certainement l’un des textes qui frappent le plus l’imagination et surtout offre des arrangements différents que ce à quoi Safia Nolin nous a habitués. La guitare est réverbérée comme dans une chanson d’Emma Ruth Rundle et la distorsion se pointe le bout du nez en version lo-fi pour le refrain. Même son de cloche du côté de La neige qui ouvre l’album. Surtout l’intro enregistrée sur un 4— track en compagnie de Philippe Brault et Joseph Marchand.
D’ailleurs, Safia Nolin est restée fidèle à ses deux compagnons des dernières années. Ils l’ont accompagné à travers les sessions de studios alors que Nolin a pris les commandes de son disque. Dagues frappe dans le mile avec sa mélodie mélancolique. On retrouve aussi une chanson intitulée Lesbian Break-Up Song sur laquelle, elle chante en duo avec Ariel Engle, alias La Force. Les deux femmes nous livrent une chanson intime et touchante.
La principale faiblesse de Dans le noir est sa linéarité. Les chansons prises individuellement et avec parcimonie sont bien intéressantes. Mais rassemblé dans une seule collection de 44 minutes, ça donne un sentiment de manque de relief. Nolin compose souvent dans les mêmes tempos et la lourdeur du propos n’aide pas à faire respirer le tout.
Ça demeure quand même un deuxième album bien intéressant de la part de Safia Nolin qui continue son chemin et passe à travers les tempêtes. Même si c’est à ses dépens, au moins Nolin va nous avoir rappelé à quel point les gens peuvent être perfides et cruels. Même aujourd’hui.