FRIMAT 2018 : des vitrines pour la relève abitibienne
Après deux premières journées réussies, le FRIMAT se poursuivait vendredi et samedi soir avec les vitrines musicales pour les groupes émergents de la région.
On n’oubliera certainement pas que le FRIMAT est aussi une vitrine pour les artistes de la région. C’est pourquoi, avant les spectacles de vendredi et samedi, nous avions droit à des vitrines de groupes émergents.
I want to pogne
Ce qui m’a le plus marqué est l’omniprésence de la langue de Shakespeare. Je me demande un peu ce qui pousse la relève abitibienne à adopter la langue des Américains. Peut-être par mimétisme, peut-être porté par cette illusion qu’il est plus facile de percer mondialement. Toujours est-il que trop souvent le résultat était une langue pauvre et des textes maladroits. Loin de moi l’intention de leur dire de changer ça pour le french, mais une chose est sûre, il est grand temps de suivre des cours de langue seconde pour au moins maîtriser la langue dans laquelle on s’exprime.
Mais bon, passons aussi à la musique, c’est ça qui est important. Adam Brousseau s’est emmené sur scène avec son énergie débordante et son charisme ingénu, mais contagieux. On sent que ce sont ses premières expériences sur scène et donc ça revole dans tous les sens. Solide guitariste, c’est au niveau vocal qu’il y a encore du travail à faire. De plus, ça manquait un peu de resserrement sur scène. À quelques moments, les musiciens étaient déconnectés les uns des autres. On sent qu’il y a du talent, mais ça prendra encore un peu de travail pour qu’il se déploie dans toute sa splendeur.
Puis, c’était Break Something qui prenait la scène. Les musiciens sont solides et l’énergie sur scène est parfaite. Par contre, leur rock manque de personnalité. On y retrouve facilement les influences qui colorent les compositions. C’est normal et le potentiel est là. On l’entend tout de suite. Tito et Banj font du rap et honnêtement, ils étaient surprenants. On sentait aussi qu’ils n’avaient pas encore l’habitude de la scène et le souffle était parfois difficile pour le MC principal. Un peu de jogging et quelques spectacles devraient donner un résultat intéressant!
La deuxième journée s’entamait sur Rain Normand et sa guitare. Le barde alterne entre country, folk et rock avec des textes intéressants, mais surtout une personnalité forte sur scène. Pour vous donner un exemple, il nous promet une finale haute en couleur et sort des confettis de sa poche à la toute fin. Normand nous a fait rire et sait se faire touchant aussi. Chapeau mon cowboy. Puis, c’était les stoners de Cleõphüzz qui prenait la scène. Inspiré du desert stoner de Kyuss et Queens of the Stone Age, le groupe a offert une prestation intéressante. La présence d’un violoncelle électrique ajoute une touche bien particulière et le groupe possède de solides riffs. Ça pourrait encore aller plus loin dans les progressions, mais c’est l’un des projets les plus aboutis des vitrines.
Finalement, c’est Nomads qui a pris la scène avec leur pop-rock influencé des années 90. C’est surprenant de voir des jeunes qui visiblement sont nés dans cette époque s’en inspirer à ce point. Les compositions étaient bien exécutées, mais c’est encore un peu embryonnaire. On sent que les influences sont encore très présentes et le groupe ne nous a pas montré sa vraie personnalité encore. C’est un peu normal, c’est le chemin normal.
Improviser de même, ce n’est pas permis
Ces vitrines étaient animées par des humoristes d’expériences et j’ai nommé le duo Sèxe Illégal. La paire nous a servi une solide leçon d’animation. Besoin d’un peu plus de temps? Pas de trouble, on va te faire notre reprise de Living La Vida Loca en version Anne Frank. Ou encore la chanson sur le 10-30. Tsé, le 10-30, la muraille de Chine québécoise : « ça été construit pour tenir les mongols en dehors de l’île. »
Sèxe Illégal c’est une machine à blague désopilante, un couple bien huilé sur scène qui est capable de s’adapter avec une facilité impressionnante. Ça fait du bien des humoristes avec une aussi belle proposition artistique et un souci du travail bien fait aussi rigoureux. Pas de farce, ils punchent plus vite que Stéphane Ouellet dans ses belles années.
C’est une très belle initiative du FRIMAT de donner la parole aux groupes émergents de la région et on voit tout de suite que des musiciens capables, il y en a en masse dans la région. On gardera les yeux, mais surtout les oreilles ouvertes dans le futur. Voici le résultat de la remise de prix :
Prix du public de 250 $ : Break Something et Nomads
Prix de La Fabrique culturelle : Cleõphüzz
Bourse FME : Tito et BanJ
Prix « Enracinés » : Tito et BanJ
C’est Rain Normand qui remporte les grands honneurs avec le prix de la Société Saint-Jean-Baptiste et la bourse « Beau à voir ».
Crédit photo: Maryse Boyce