Le Festif! 2018: jour 1 et 2
Quand on arrive à Baie-Saint-Paul, on le sait tout de suite que le village est en mode festival. Les jeunes ont construit leur kiosque à limonade de chaque côté des rues, des banderoles virevoltent dans la brise, le mot Festif! apparaît à chaque 25 mètres, dans toutes les formes possibles, et une masse humaine se déverse dans les rues.
Je suis arrivée tard jeudi à la place Desjardins, juste à temps pour attraper dans les escaliers de secours Barry Paquin Roberge, un band dynamique pas piqué des vers. A suivi Patrick Watson, en grande forme, prêt à nous présenter de nouvelles pièces de son album à paraître cet automne. Si la foule jasait un peu trop, le spectacle était impeccable, planant et accrocheur à la fois. Au deuxième rappel, Patrick Watson a fait une combinaison de To Build a Home de The Cinematic Orchestra avec Lucious Life. J’ai pleuré.
Jour 2 | Canicule et découverte
À environ 15 cm de ma tente (pas de blague), le sympathique trio de Gabriel Bouchard a entamé la journée de concert avec cette excellente blague : « C’est quoi la différence entre un oignon et un tamtam? Personne pleure quand tu crisses un couteau dans un tamtam ». Belle découverte de rock bien ficelé, des paroles à la Fred Fortin, mais un bagout plus psychédélique.
Direction le décor enchanteur du quai Bell pour Matt Holubowski. En version full band (violoncelle, deux violons, deux guitares, clavier/basse et batterie), Holubowski a offert une prestation touchante, qui démontre son large talent en comme interprète et comme musicien. Il a annoncé un prochain album, mais qui ne sera pas, encore une fois, « hop la vie ».
Puis, dilemme : un spectacle-surprise de Patrick Watson solo au piano au bout du quai ou Salomé Leclerc en format duo avec Marc-André Landry à la contrebasse (qui jouait quelques minutes plus tôt les claviers avec Holubowski). J’ai finalement choisi Salomé Leclerc et ai trottiné jusqu’au Hangar-29, à l’autre bout du village. Ça valait la peine : Salomé Leclerc a réinventé son répertoire de façon plus rock, a offert une version presque jazz d’Opium de Daniel Bélanger, a présenté de nouvelles pièces de son album à paraître en octobre. Seul bémol, la scène est entourée d’arbres qui bloquent la vue, dans à peu près tous les angles.
Saut dans la rivière (et ça, c’est un des avantages du Festif! sur tous les autres festivals du Québec), et direction Fred Fortin en solo. Je n’y suis pas restée longtemps : il jouait assis et la foule massée empêchée toute vision. Alors je suis partie à la découverte de Nicolet, à la vitrine Pantoum/La Bête. Belle découverte! Le quintette se trémousse sur scène et offre un rock/new wave rafraichissant dans la canicule.
Coup de théâtre, Paul Piché fait un spectacle-surprise. Je suis arrivée pour Heureux d’un printemps, chanté en chœur par la foule multigénérationnelle. Il a conclu sa prestation par une touchante version a capella de L’escalier.
Dans la fumée de la cuisson d’ailes de poulet sur le feu, le groupe FUUDGE, encabané dans le Garage du curé, a été présenté par le curé lui-même : « Ils ont une chanson qui s’appelle Satan, mais aussi une qui s’appelle Lazare ». La prestation fut excellente et on a hâte d’entendre leur premier album complet au cours des prochains mois.
Pour poursuivre la thématique religieuse, j’ai plongé dans les entrailles du sous-sol de l’église pour découvrir l’énergumène de Bob Log III. Le multi-instrumentiste au casque d’astronaute fait du crowd rafting au-dessus de la foule en continuant de jouer. Toutefois, au bout de quatre pièces, je me suis tannée des rythmes répétitifs de ses pièces. J’ai tenté ma chance à Eman X Vlooper. Hélas, le public parlait tellement que je n’entendais que lui. Retour au sous-sol pour Keith Kouna. J’ai jeté la serviette avant le traditionnel combat des fanfares dans le stationnement. Le Festif!, tu me gâtes.