Ghost : le jeu de l’anonymat
Ghost est un phénomène. Il s’agit d’un des rares groupes à réussir à toujours vendre des albums! Tout ceci en étant « anonymes ».
Vous connaissez Ghost? Si ce n’est déjà fait, c’est le genre de groupe qui mérite une attention, parce qu’ils ont réussi là où bien des groupes échouent. Dans une époque où les ventes de disques sont en chutes libres, au profit de l’écoute en ligne et d’autres moyens moins légaux, Ghost tire son épingle du jeu. On les retrouve dans les meilleurs vendeurs de l’année du genre derrière un certain groupe nommé Metallica. Ce n’est pas moi qui le dis, mais plutôt Metal Injection. 62 000 copies en deux semaines! Ce n’est pas rien. Et si vous trouvez que ce n’est pas beaucoup, je vous conseille de ne jamais regarder les chiffres québécois, vous allez déchirer votre chandail et pleurer des larmes de sang (c’est hyper métal…).
Dans l’approche de Ghost, c’est sans doute l’aspect visuel qui frappe le plus. Le métal est bon, mais c’est souvent près du hard rock et somme toute, ce n’est ni le groupe le plus lourd ni le plus rapide. C’est dans la frange plus pop de ce que peut donner le métal. Ce n’est pas mauvais pour autant, simplement plus facile à digérer. Ce qui a rapidement démarqué Ghost du lot, c’est son approche visuelle complètement démente.
Papa don’t preach
Le groupe a cultivé l’anonymat dès ses premières performances. Papa Emeritus (RIP) était un concept de Martin Pesner, l’un des premiers « Nameless Ghoul ». Celui-ci a été pendant des années le personnage central du groupe. Il a vécu de nombreuses incarnations et chacune de celle-ci a été mise en scène avec un souci complet de conserver la ligne narrative. À chaque changement de Papa, un événement en spectacle se produisait. Papa Emeritus III a même été enlevé sur scène avant de laisser la place à Papa Emeritus 0 en septembre 2017. Son anonymat a été préservé de 2006 à 2017. À la manière de Slipknot, le groupe avait réussi à conserver son identité civile inconnue. Jusqu’à ce qu’une poursuite en 2017 révèle que le chanteur et seul membre de Ghost était Tobias Forge alias Papa Emeritus. En fait, il a été derrière chacune des déclinaisons du chanteur.
Et pourtant, cette révélation n’a pas poussé le groupe à se montrer publiquement. Avec l’annonce de Prequelle au printemps 2018, un nouvel émissaire de Satan était envoyé dans la mêlée. Le Cardinal Copia n’en a rien à faire du travail de Papa Emeritus III et prend le contrôle du groupe. Ce fut un gros changement aussi parce que c’est la première fois qu’un deuxième personnage possède un nom : Papa Nihil, qui sera au côté du Cardinal lors de la prochaine tournée.
Ces démons sans noms
Les membres du groupe sont anonymes depuis le début et portent simplement le nom de « Nameless Ghouls » ou les démons sans noms. Avant les révélations de 2017, les rumeurs les plus folles couraient sur l’identité du groupe. Notamment, Dave Grohl était cité parmi les possibilités. C’est maintenant quelque chose de confirmé en entrevue, Dave Grohl a joué une soirée dans le groupe. Aujourd’hui, on sait que l’un des membres du groupe est Megan Thomas (Lez Zeppelin).
Mais voilà, l’anonymat est difficile à conserver lorsqu’on fait des tournées mondiales et des entrevues régulièrement. N’en demeure pas moins que le groupe continue de proposer une histoire qui est séduisante comme… le diable. En fait, cette approche « diabolique » ne fait pas que rire, aux États-Unis où la ferveur religieuse est souvent mal placée, le groupe a connu de nombreux problèmes, notamment lorsqu’il cherchait une chorale pour enregistrer une chanson!
Ghost est certainement l’un des phénomènes les plus intéressants du côté rock dans les dernières années. Il s’agit du premier groupe depuis Foo Fighters à atteindre un niveau de popularité aussi grand. La formation qui sera à la Place Bell le 7 décembre 2018, risque d’en mettre plein la vue.
* Cet article a été conçu et écrit en collaboration d’Evenko.