Les Quartiers d’Hiver 2016
Après une première édition réussie, l’année dernière, Les Quartiers d’hiver étaient de retour en plein cœur de la saison froide abitibienne. En fait, pas totalement au cœur. Les organisateurs ont ingénieusement repoussé à mars la tenue de cette deuxième édition. En janvier 2015, nous avions eu droit à des froids records qui avaient passablement compliqué les choses. Bref, en mars c’est beaucoup plus tempéré. J’ai donc encore une fois traversé l’parc pour me remplir les oreilles de musique.
Cette année, l’organisation avait concentré ses efforts autour d’une quinzaine de spectacles. Le premier avait lieu jeudi soir à L’Agora des Arts. C’est à Beyries que revenait la tâche de lancer les hostilités. La jeune femme en était à son premier spectacle «professionnel». Elle avait joué auparavant quelques fois à l’Inspecteur Épingle. On la sentait fébrile, mais elle a rapidement pris le contrôle de la scène et charmé les nombreux spectateurs présents avec son folk mélodieux. On perçoit une grande influence d’Elton John et Sarah McLachlan.
Puis, c’était au tour des Sœurs Wainwright de présenter les chansons de leur album Songs In The Dark paru l’année dernière. Les deux frangines étaient habillées avec des robes identiques au goût… discutable. Apparemment un cadeau empoisonné de leur frère Rufus qui voulait s’assurer qu’elles n’obtiennent pas trop de succès. Martha et Lucy sont d’une humanité incroyable et elles nous ont envoyé leurs berceuses glauques avec un naturel et une douceur parfaite. En plus des chansons tirées de leur album commun, les sœurs se sont permis quelques chansons en solo chacune. Martha, en plus de nous livrer une chanson de sa mère Lullaby For A Doll, nous a joué quelques nouvelles chansons en primeur. C’était génial du début à la fin et comique à souhait. Notons qu’en rappel Martha a même chanté Ayoye d’Offenbach.
Pour mettre un terme à cette première soirée, Random Recipe venait clore la tournée Kill The Hook au même endroit où elles en avaient donné le coup d’envoi. La formation a offert une solide performance dynamique. Frannie et Fab sont intenses, magnifiques et puissantes sur scène. On se demande même parfois où elles puisent toute cette énergie. Les Dimples, Sultan et autres ont été livrées à la perfection avec toutes les nuances nécessaires. Les filles nous ont terminé le tout avec un medley des années 90 qui mélangeait Scrubs, Everybody Dance Now et plusieurs autres. Frannie a fini le tout en version acoustique sur le comptoir du Cabaret de la Dernière Chance. Une prestation plus que réussie!
Vendredi soir au menu, la chanson était à l’honneur avec Maude Audet, Simon Kingsbury et Dumas. La première a livré les chansons de Nous sommes le feu empreintes d’une belle sensibilité dans son interprétation. La chanson-titre de l’album était bien plaisante pour les oreilles alors que Dans les nues avait un petit quelque chose d’ensorcelant. Sa lourdeur cadencée est toujours allégée par sa voix aérienne et vaporeuse. Elle a terminé en douceur avec Contre ton corps on se sent moins vieux… pendant que les amoureux dans la salle se collaient en écoutant la jeune femme leur glisser de la douceur dans les oreilles.
Simon Kingsbury a lui aussi fait belle figure avec les chansons de son album Pêcher Rien. Comédien, En hauteur et Chandail ont ravi la foule tour à tour. Il a joué ma chanson préférée de son nouvel album Comme Douze tout comme Bonjour, une pièce écrite en l’honneur du Petit Bougnat, un bar à Liège où il terminait ses soirées lors d’un voyage en Belgique. Kingsbury reprend aussi les chansons de son EP, mais avec une approche franchement plus rock. Feux d’artifice et Spectateur rentrent au poste en ti-péché. Du beau travail de la bande.
Lorsque Dumas a pris la scène, j’étais dans la file pour la toilette. Honnêtement, je n’étais pas excité outre mesure par la venue du chanteur. J’avais été fan fini dans mes jeunes années, mais j’avais décroché dans les dernières années. Je m’attendais un concert rock plutôt conventionnel. J’avais tort. Steve Dumas est arrivé en pleine forme avec un concert disco-punk enlevant. Pas de farce, c’est de loin la performance la plus marquante des Quartiers d’hiver. En plus de ses chansons qui étaient maintenant dansantes, il est tout un showman. En parlant des gens rassemblés à l’Agora, il a dit: «si on prend les gens ici et qu’on compare ça à la population totale de Rouyn, c’est comme si on était au Stade Olympique». Ses boutades ont totalement marché alors qu’il nous envoyait par la gueule des versions alternatives de J’erre, Alors Alors, Je ne sais pas, Miss Ecstasy et une Vénus rock à souhait. Il a même fait un slow avec Linoléum, invitant les gens à danser collés. Il a même fait une blague d’ «en français-s’il-vous-plaît» (voir ma couverture de l’année dernière). Il a repris Dancing With Myself, mais en français et en rappel. C’était comique et bien réussi. Un spectacle incroyable. Rien de moins.
Je me suis ensuite dirigé vers le Diable Rond pour Les Hôtesses d’Hilaire qui encore une fois s’étaient donnés comme mandat de rocker la foule. Évidemment, c’est un mandat qu’ils ont rempli sans peine. Serge y est allé de plusieurs interventions au micro qui ont fait rire les spectateurs: «Les Hôtesses d’Hilaire ne vous recommandent pas de prendre de la drogue. MAIS. Si vous vous êtes plate, que vos amis sont plates pis que vous êtes là à texter au tour de la table, ben prenez des shrooms!». Encore plus tard: «de la MDMA sur la plage». Après 5 minutes de spectacle, Serge Brideau était en robe à quatre pattes sur le bar… ça vous donne une idée. Ils ont joué plusieurs chansons de leur dernier album dont Super Chiac Baby, Machine à Bière et Fait Faillite. Un autre excellent spectacle des Hôtesses.
Finalement, samedi est arrivé alors que mes organes commençaient à ressentir l’effet de la Boréale sur ceux-ci. Mettons que le fonctionnement interne n’était pas à son maximum. Les organisateurs avaient gâté les gens pour cette dernière soirée. Plants & Animals venait présenter les chansons de Waltzed In Form The Rambling qui paraîtra le 29 avril prochain. C’est tout à fait réussi, on y retrouve des petites touches de soul ici et là. Il y a quelques ressemblances aussi à Phosphorescent. Le groupe était accompagné pour l’occasion d’Adèle Trottier-Rivard (Louis-Jean Cormier). Un bon concert qui donne hâte à la fin avril.
Puis, Suuns venaient eux aussi présenter les chansons d’un nouvel album, Hold/Still à paraître à la mi-avril. Disons que les nouvelles chansons du quatuor ne sont pas faciles à digérer. Leur approche plus électro et moins accessible a même découragé bien des spectateurs présents qui n’ont pas terminé la prestation. C’est à la fois bruyant et atmosphérique. C’est aussi beaucoup moins groovy que sur Images du Futur. Le groupe a tout de même remercié ceux qui ont persévéré avec un rappel. Une chose très surprenante pour le groupe qui n’est pas un fan de retour sur scène après une certaine acclamation.
Par la suite, je me suis rendu dans le sous-sol du Petit Théâtre du Vieux-Noranda pour assister à un spectacle de Carapace, une jeune formation punk de Rouyn-Noranda. Même si ce n’est pas encore à point, ils sont très prometteurs avec un punk inventif et dynamique.
Finalement, mon dernier arrêt des Quartiers d’hiver 2016 était au Cabaret de la Dernière Chance pour Avec le soleil sortant de sa bouche. La formation montréalaise donne très peu de concerts et je me sentais privilégié de pouvoir les voir dans une salle si intime. Le quatuor a rocké la casbah avec de longs jams répétitifs et dansants. Les bassins se sont fait aller à profusion sur les chansons de Zubberdust! La chimie entre ces musiciens talentueux est magnifique à voir sur scène. Une très belle façon de mettre un terme à cette nouvelle édition.
Encore une fois, on peut dire mission accomplie pour l’organisation du FMEAT. Je sais que je me répète, mais ils sont d’une efficacité et d’un cran indéniables. Ce fut une très bonne décision de déménager le festival à la mi-mars plutôt qu’à la fin janvier. La température plus clémente donnait envie de se déplacer aux concerts. Longue vie aux Quartiers d’hiver!