Yann Perreau
Le fantastique des astres
- Bonsound
- 2016
- 48 minutes
«Le retour de Yann le danseur». Voilà le titre qui aurait pu chapeauter cette présentation/critique. Car oui, sur son cinquième album, Yann Perreau remet ses pieds au cœur de sa démarche, jumelant ses textes à des sonorités entraînantes, rythmées, cadencées.
Après s’être acoquiné les écrits du poète Claude Péloquin sur son album précédent – Le maussade À genoux dans le désir –, il est bon de retrouver les écrits d’un Perreau bien en verve et qui en a long à dire sur un bon nombre de sujets:
– Le pouvoir et la richesse (excellente Faut pas se fier aux apparences, qu’il rythme en compagnie de Pierre Kwenders et d’Inès Talbi): «Ce monde fictif n’a plus de sens, L’argent pèse trop dans la balance, Le pouvoir mène à la démence, Faut pas se fier aux apparences »;
– La paternité et l’amour (T’embellis ma vie): «T’es un éclair dans mon sans-génie, Le roc en dessous d’ma folie, T’embellis ma vie»;
– La mort (celle de sa mère, sur À l’amour et à la mer): «Je me sens tellement impuissant, Ce moment où je ne te reconnais plus, J’aimerais reculer le temps, Et vivre tout ce qu’on n’a pas vécu»;
– L’individualisme en plein essor (Sexo futur): «Les héros du futur, La planète plane en plein délire, Les héros du futur s’aimeront sans toucher à l’émotion»;
Côté sonorité, Le fantastique des astres fait voyager ses auditeurs, alors que les constructions sont multiples entre les différentes chansons: À l’amour et à la mer rassemble des rythmes typés africains (bonne utilisation d’un chœur dans le champ-arrière); J’aime les oiseaux est synonyme de chaleur des tropiques; Momonna se déroule sous le chapiteau d’un cirque; Baby boom s’ouvre sur de la techno-industrielle entendue quelque part entre l’Allemagne et l’Angleterre; sur Barcelone (avec Laurence Nerbonne), nous voici dans la Rambla, en plein cœur du centre historique de cette ville où il fait bon danser au milieu de la nuit.
À la réalisation, une certaine Tante Blanche fait un travail intéressant, mêlant sonorités du jour (très «groove» pour la majorité) aux antécédentes, et outils synthétiques aux instruments réels (par exemple, cette belle présence d’un harmonica sur l’industriel Baby Boom, ou encore d’un trombone sur la dansante Faut pas se fier aux apparences).
On regrette quelque peu le paysage musical trop vaste exposé sur le nouveau tableau signé Perreau, mais, au final, on ressort du Fantastique des astres les pieds dansants. Entre cynisme ambiant et émotions tangibles, Yann Perreau s’y déhanche à profusion, nous invitant à faire de même à ses côtés. Suffit d’accepter l’invitation et de se laisser aller.
Ma note: 7/10
Yann Perreau
Le fantastique des astres
Bonsound
48 minutes
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