White Fence
For The Recently Found Innocent
- Drag City
- 2014
- 40 minutes
Tim Presley, l’homme incarnant à lui seul (ou presque) le projet pop/rock/folk psychédélique nommé White Fence revient une nouvelle fois à la charge avec un sixième album depuis 2010 titré For The Recently Found Innocent. L’an dernier, l’hyperactif musicien avait fait paraître Cyclops Reap. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que le créateur fraye régulièrement avec John Dwyer (Thee Oh Sees) et qu’il a confié la réalisation de cette sitedemo.cauction à nul autre que le bien-aimé Ty Segall (avec lequel il a partagé l’avant-scène le temps d’un album titré Hair paru en 2012); celui-ci s’agite également à la batterie sur quelques morceaux.
Ici, on ne parle pas d’une réinvention sans équivoque du rock psychédélique garage, mais plutôt d’un copier-coller quasi parfait de ce qui était préconisé à la fin des années soixante. Donc, vous entendrez un chanteur adoptant un accent british prononcé (même si Presley est tout ce qu’il y a de plus américain) qui exécute son rock narcotique sur des équipements résolument vintage. Si vous ajoutez à cela une réalisation rêche et impeccablement lo-fi, vous aurez dans les oreilles un pastiche sans bavure.
Malgré ce calquage totalement assumé, Tim Presley est un artiste doué qui sait arranger ses chansons de façon efficiente, et ce, malgré le penchant labyrinthique de ses structures chansonnières. Cette conception sonore demandera une attention particulière (et quelques écoutes) aux mélomanes avides du genre tant le songwriting de Presley pourra paraître touffu aux premières auditions.
Voilà un énième hommage à cette folle époque, que la plupart de nos lecteurs et collaborateurs n’ont pas vécu, mais qui réussit à passer la rampe grâce à l’indéniable talent de compositeur de Tim Presley. Comparativement à Cyclops Reap, c’est un bond significatif en avant, le musicien sitedemo.caiguant des compositions plus ramassées et plus limpides, tout en conservant ce petit penchant brinquebalant détenant un charme certain.
De plus, si vous avez une forte tendance à la contemplation, vous pourrez aisément être magnétisés par la musique de Presley. On se plaît à se perdre dans les mélodies du chanteur et dans ces chansons méandreuses qui font un effet juste assez assoupissant, sans tomber dans le somnambulisme. Parmi les moments prisés de ce For The Recently Found Innocent, on a affectionné la très The Who titré Like That, l’orgue cannabisant sur Sandra (When The Earth Dies), le rock psyché à la Brian Jonestown Massacre titré Wolf Gets Red Faced, le changement de rythme inattendu dans Arrow Man, l’ascendant fortement Ty Segall évoquée sur The Light, le country rock Fear, la pianistique Raven On White Cadillac ainsi que la salopée Paranoid Bait.
Bien entendu, nous ne sommes pas en présence d’un chef-d’œuvre du genre, mais Presley fait salutairement le travail et Ty Segall derrière la console est simplement Ty Segall en y ajoutant cette sublime touche garage (dont lui seul connaît le secret) à ce rock anesthésiant… mais il faut vraiment apprécier ce style musical totalement éculé et fortement surexposé au cours des dernières années pour être séduit par cet opus. Qu’à cela ne tienne, ce disque est à ranger dans la catégorie des très bons!
Ma note: 7,5/10
White Fence
For The Recently Found Innocent
Drag City
40 minutes
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