The Black Keys
Turn Blue
- Nonesuch Records
- 2014
- 45 minutes
Un huitième album déjà pour le duo originaire d’Akron, Ohio. Les Black Keys sont en effet de retour un peu plus de deux ans après l’énorme El Camino; sitedemo.cauction qui a permis à Dan Auerbach et Patrick Carney d’envahir les ondes radiophoniques rock FM de l’Amérique et ainsi élargir leur bassin de fanatiques déjà relativement bien garni grâce à l’album Brothers (paru en 2010). Bien entendu, l’omniprésent (parfois trop?) Danger Mouse vient épauler les Black Keys au niveau de la réalisation.
Après le franc succès d’El Camino, que peuvent nous offrir de plus Auerbach et Carney? Manifestement, c’est la question que l’on s’est posée à l’écoute de ce True Blue, car les Black Keys nous proposent toujours cet amalgame de rock bleusy et de soul, saupoudré cette fois-ci de quelques salves psychédéliques très seventies. Ceux qui affectionnaient les rockeurs en format plus décapant seront probablement consternés par la relégation en arrière-fond du penchant abrasif, un brin garage, que pouvaient parfois préconiser les deux musiciens.
Les Black Keys délaissent quelque peu l’aspect captivant/accrocheur de leur musique en misant plutôt sur les atmosphères sonores soul et groovy, et ce, grâce à la réalisation lustrée de Burton. Ceci dit, on croit à regret que l’ascendant de Danger Mouse sur le tandem est beaucoup trop prononcé. Sur Turn Blue, les Keys deviennent une formation résolument pop… une pop somme toute ingénieuse, mais le groupe n’est définitivement plus un groupe rock. Est-ce un bien grand péché? Pas nécessairement, mais cette création sonore sera assurément négligée par l’amateur de rock pur et dur.
Autre observation: aux dires d’Auerbach, ce disque constitue le miroir musical de Brothers. Alors, pourquoi refaire la recette (ou du moins, s’en inspirer sérieusement) quand les Black Keys avaient une chance inouïe de se réinventer? Attention! Ce True Blue n’est pas indigeste, tant s’en faut, mais au fil des écoutes, une impression légèrement agaçante de surplace, de déjà-entendu émerge et nous a empêché d’être totalement captif. Voilà un album qui présente un visage sophistiqué de la formation et c’est parfois un peu trop tarabiscoté et vraisemblablement trop «réalisé».
Malgré l’absence de spontanéité de l’entreprise, les Black Keys nous sitedemo.caiguent quand même quelques ritournelles de qualité. Ici, on pense à la superbe/grandiose Weight Of Love qui nous transporte au cœur des années 70, avec un son folk/rock/psyché rappelant la scène musicale californienne de Laurel Canyon. On aime aussi la très Cowgirl In The Sand (Neil Young) titrée Bullet In The Brain, les labyrinthiques et agréables surprises titrées respectivement It’s Up To You Now et In Our Prime. En contrepartie, la conclusive Gotta Get Away fait office de southern rock commercial franchement fastidieux.
Les fervents de l’album Brothers se retrouveront en terrain connu sans ressentir l’effet de surprise qu’avait procuré l’avènement de ce disque. Ceux qui aiment les Black Keys en format blues/garage rock pourraient souffrir d’un sérieux déficit d’attention. Ça demeure une parution de qualité, mais force est d’admettre qu’Auerbach et Carney semblent à la croisée des chemins en ce qui concerne la relation musicale développée avec l’acolyte Danger Mouse; un changement de réalisateur serait plus que salutaire. Qu’à cela ne tienne, ça demeure un disque de pop-rock convenable!
Ma note: 6/10
The Black Keys
Turn Blue
Nonesuch Records
45 minutes
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