SPC ECO
Dark Matter
- BOFC Music / ElaB Records
- 2015
- 51 minutes
En 2005, sans artifices, Dean Garcia et Toni Halliday annoncent qu’ils mettent fin à leur association, ce qui signe définitivement l’arrêt de mort de Curve. Dans la pénombre, un groupe phare tire tristement sa révérence. Après avoir sitedemo.cauit cinq albums qui, pour plusieurs, ont contribué à mettre les bases d’un style hybride combinant l’électronique, l’industriel, le shoegaze et le trip-hop, Curve fait partie des groupes extrêmement talentueux qui n’ont malheureusement pas réussi à faire leur marque, de façon définitive, dans la mémoire collective populaire.
Alors que Dean Garcia aurait très bien pu jeter la serviette après la dissolution de son groupe, il en a décidé tout autrement. En s’éloignant d’Halliday, Garcia s’est rapproché de sa fille, Rose Berlin, en créant le duo SPC ECO. Depuis 2009, le tandem père-fille, auquel se joindra une multitude de collaborateurs au fil du temps, aura sitedemo.cauit plusieurs albums, dont notamment les excellents Dark Notes et Sirens And Satellites parus respectivement en 2012 et 2013.
La nouvelle proposition de Garcia et Berlin s’intitule Dark Matter. Un titre entièrement approprié pour cet amalgame de onze chansons qui nous téléporte directement aux abords d’un trou noir. Non pas que cet album représente métaphoriquement le vide sidéral – de façon péjorative – mais bien parce qu’il se caractérise par un certain mystère. Rien de surprenant ici, car, au fil des albums, la formation qui tire son nom du célèbre module d’effet analogique commercialisé par la compagnie Roland nous a préalablement déjà initiés à son énigmatique et sombre univers. Cependant, Dark Matter pousse ici le voyage interstellaire encore plus loin en pulvérisant littéralement toute trace de lumière qui pouvait émaner des précédents albums du groupe; plus particulièrement en ce qui concerne le flamboyant The Art Of Pop.
Sur ce Dark Matter, la voix de Rose Berlin, qui est encore une fois noyée dans une tempête d’effets, s’agence relativement bien aux mélodies et rythmes électroniques sitedemo.cauits par Garcia. On reste cependant grandement surpris à l’écoute des deux premières pièces de l’album, c’est-à-dire Creep In The Shadows et Different Kind, où la voix de Rose Berlin est lourdement altérée par l’infâme logiciel Auto-Tune. Hormis cet ineptie qui sera répétée sur l’étrange Down Low, on ne peut que contempler la justesse stylistique des superbes Let It Be Always, Playing Games et I Won’t Be Heard qui nous rappellent vaguement le passé glorieux des fiers représentants du trip-hop Portishead et Massive Attack.
Qu’à cela ne tienne, Dark Matter est un bon album de SPC ECO. Toutefois, on se désole de constater que, malgré une maîtrise parfaite de leur art, Garcia et Berlin semblent figés dans un carcan qui les empêche de transcender leur identité. Oser, au-delà du risque de régresser, c’est surtout se donner la chance de progresser.
Ma note: 7/10
SPC ECO
Dark Matter
BOFC Music / ELaB Records
51 minutes
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