Sarah Davachi
Barons Court
- Students Of Decay
- 2015
- 42 minutes
Sarah Davachi est une compositrice de musique électroacoustique, qui a publié ses premières pièces en 2013 avec The Untuning Of The Sky et August Harp en 2014. Elle est de retour avec son premier album, Barons Court, et une certaine continuité dans sa démarche et sa recherche sonore. Davachi compose une musique qui est probablement unique en son genre. Ses pièces ressemblent à un accord déconstruit pendant huit minutes en strates synthétiques et acoustiques. Il est donc suggéré de se renseigner sur l’œuvre, dans la mesure où la valeur accordée au discours musical n’a rien à voir avec celle de la musique populaire, par exemple.
À la première écoute, Barons Court propose cinq trames qui mettent au défi les notions du temps et de l’anticipation. Ça se termine, et les oreilles sont épuisées, on ne sait pas trop qu’est-ce qui a bien pu nous demander autant d’attention. Dans ce cas-ci, ça semble être la ligne de basse façon baroque qui enveloppe chaque pièce comme une frontière protectrice entre l’écoute causale et l’écoute attentive. On cherche par où entrer, mais une fois l’enveloppe décodée, on découvre enfin l’univers sonore de chaque pièce.
Dans ce contexte, Heliotrope est un délice d’instruments à corde et à vent qui s’entrelacent gracieusement autour de la dissonance. Guildford, quant à elle, met en valeur les vitesses d’oscillation de synthétiseurs vintage; et se développe façon rock progressif, au point où l‘on pense à Richard Wright lorsque l’orgue fait son entrée. Tiergarten conserve sa part de vitesses d’oscillation, et met davantage l’accent sur les vitesses de phasage. L’effet circulaire est intéressant au début, mais devient étourdissant à mi-chemin.
Wood Green reprend l’approche de Guildford, en remplaçant les formes d’ondes adoucies par des formes plus angulaires. L’agencement des strates donne un résultat plus dense cette fois-ci. Ruislip débute sur des scintillements d’écrin sur corde traités numériquement; et se déploie en petite symphonie d’oscillateurs et de filtres.
Barons Court rend d’abord un hommage affectueux envers la synthèse analogique et modulaire et le discours entre celles-ci et les timbres d’instruments acoustiques. C’est d’autant plus plaisant que Davachi fait croiser les deux avec une délicatesse peu commune. Par contre, la forme de la trame en fondus enchaînés répétée cinq fois de suite rend l’écoute entière plutôt ardue. On aurait apprécié être surpris par quelques ponctuations.
Ma note: 7/10
Sarah Davachi
Barons Court
Students Of Decay
44 minutes
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