Psychic TV fêtait leur trente-cinquième anniversaire cette année, avec quelques pauses en chemin, et une quantité phénoménale d’albums couvrant un éventail de genres très large, passant du rock expérimental au post-punk, en passant par l’acid house, l’industriel et plus encore!

Formé aujourd’hui du légendaire Genesis P-Orridge, d’Edley O’Dowd à la batterie, Alice Genese à la basse, Jeff Berner à la guitare et John Weingarten aux claviers; PTV nous revient après deux ans d’absence (Snakes en 2014) avec Alienist, un long jeu de quatre pistes rassemblant les sources d’inspiration qui ont défini le son de Psychic TV.

L’album commence avec une reprise du succès Jump Into The Fire (1971) du chansonnier états-unien Harry Nilsson. La base «classic rock» est honorée à sa juste valeur, on remarque le piano placé à l’avant-plan en duo avec la guitare fuzzy. La basse est plus «crunchy», bien que discrète, et supporte à merveille l’entrain établit par la batterie. P-Orridge est immédiatement reconnaissable avec son ton légèrement nonchalant et son «ou-ah-ou» de loup solitaire. L’énorme pont entre le premier mouvement et la finale lui laisse tout l’espace nécessaire pour improviser vocalement.

I’m Looking For You change complètement l’atmosphère avec une guitare stratosphérique, un son de violon issu d’un mellotron, un rythme lent alourdi par la basse et le chanteur qui déclame comme un gourou. L’accélération durant le mouvement final sert très bien la pièce en élevant la tension jusqu’à ce que le tout éclate sur une exclamation de P-Orridge.

How Does It Feel To Feel? (1968) du groupe anglais The Creation est la deuxième reprise du disque, et une référence aux inspirations psychédéliques du groupe. La grosse différence est évidemment l’orgue, qui lui donne un air de prestation punk dans une chapelle. P-Orridge a un ton de rockeur saoul désabusé, c’est un peu comique parce que ça donne un excellent résultat.

Alienist emprunte la forme dansante avec un rythme légèrement militaire, une basse terriblement groovy, un synth oscillant et P-Orridge qui déclame à répétition, comme un lavage de cerveau improvisé. Le son de clavier «acid» fait une belle petite référence à l’épisode rave du groupe, et se mélange très bien à la structure post-rock.

Je suis resté étonné de l’accessibilité d’Alienist, en ce sens que Psychic TV a un sac à surprise duquel peut sortir pas mal n’importe quelle idée. En se concentrant sur une base rock, le groupe assure une continuité à travers laquelle les passages expérimentaux ou psychédéliques prennent leur sens. La durée plutôt courte de l’album facilite son écoute entière, mais laisse un peu sur sa faim. Venant d’un des grands maîtres de l’industriel, j’avais une petite attente à ce niveau-là, mais semble-t-il que ça sera pour une prochaine fois.

MA NOTE: 7/10

Psychic TV
Alienist
Angry Love Productions
34 minutes

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