Phoenix
Bankrupt!
- Glassnote Records
- 2013
- 41 minutes
Voilà un disque fort attendu! Le quatuor français Phoenix lance aujourd’hui la suite du monstrueux succès Wolfgang Amadeus Phoenix; et ça s’intitule ironiquement Bankrupt!. Réalisé à Paris en 2012, ce cinquième album studio a été mixé par Philippe Zdar de Cassius. Quatre grosses années ont passé, voilà que la formation, qui avait remporté le Grammy du meilleur album indépendant en 2010, revient à la charge. Phoenix est un groupe qui allie intelligemment divers styles musicaux; une mixture accessible, et disons-le commerciale, de soft-rock, de synth-pop, de musique classique et électronique exécutée de façon rock.
Alors ce Bankrupt!? Bien franchement, voilà une conception sonore qui a constitué une heureuse surprise pour nos oreilles. Au programme, des structures chansonnières innovatrices et suaves à la fois, des sonorités eighties merveilleusement bien incorporées et amalgamées à un soft-rock qui normalement aurait dû nous rebuter. Une création moins festive que la précédente, qui met l’accent sur la performance vocale du chanteur Thmoas Mars et qui captive l’auditeur du début à la fin.
Phoenix nous présente un travail (et ça paraît que ces musiciens ont sérieusement besogné) méticuleux, orfévré, intelligent et exécuté avec une dextérité qui honore le groupe. Moins fédérateur que le précédent effort, ce Bankrupt! gagne en crédibilité grâce à ces synthés glorieux, ces ambiances factices et ces couches de vernis synthétique qui parfois font sourire… mais de pur plaisir.
Curieusement, il n’y a pas nécessairement de grandes chansons au menu, mais ce léger faux pas est largement compensé par une réalisation astucieuse qui met les différents sédiments de claviers à l’avant-plan. Un disque qui s’écoute du début à la fin sans aucun moment ennuyeux et soporifique. De l’excellente pop grand public… et il n’y a pas de honte à apprécier un disque à la portée de tous de cette qualité.
Ça démarre avec l’imparable simple titré Entertainment; morceau le plus rock de Bankrupt!. Par la suite, Phoenix enchaîne avec les solides The Real Thing, S.O.S In Bel-Air (changement de rythme jouissif), et la synth-pop Trying To Be Cool. Survient la chanson titre Bankrupt! qui, avec sa longue envolée remémorant Mike Oldfield!?!, se transmute en un folk artificiel émouvant. Superbe! Puis, l’album perd quelque peu de son entrain en fin de parcours, mais qu’à cela ne tienne, les Français réussissent à nous charmer avec quelques ritournelles bien tournées : la percussive Drakkar Noir, l’enfantine mais opérante Bourgeois et la cadencée Oblique City.
Quand un bon disque pop rassembleur se montre le bout du nez, il ne faut pas faire la fine bouche. Même si ce genre musical ne constitue pas nécessairement ce que nous préférons, il ne faut pas se gêner de rendre hommage à un travail artistique cohérent et consistant. De la pop d’envergure crée par des musiciens compétents et imaginatifs qui possèdent le talent de brouiller habilement les pistes sans perdre l’auditeur. Un plaisir coupable!
Ma note : 7/10
Phoenix
Bankrupt!
Glassnotes
41 minutes
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