Okkervil River
The Silver Gymnasium
- ATO Records
- 2013
- 50 minutes
Aujourd’hui même, la formation rock originaire d’Austin, Texas, nommée Okkervil River, lance son septième album studio titré The Silver Gymnasium. Formé en 1998, et mené par le songwriter lettré Will Sheff, Okkervil River s’est fait connaître d’un public plus vaste avec la parution de l’excellent Black Sheep Boy en 2005; un magnifique disque concept qui fait le plein d’émotions fortes. Par la suite, le groupe a fait paraître deux très solides albums: The Stage Names et The Stand Ins. En 2011, se révélait le très moyen I Am Very Far… qui constituait un léger recul dans une carrière jusque là pratiquement irréprochable.
La recette musicale d’Okkervil River est très simple; toujours ce mélange classique de rock et de folk, mais depuis le précédent effort, on assiste à une accentuation pop qui restreint l’intensité et l’ébullition émotive qui caractérisait l’écriture chansonnière de Will Sheff. The Silver Gymnasium est sans contredit la suite logique (mais plus organique) d’I Am Very Far. Donc, un album plus pop que rock qui renferme malgré tout des ritournelles supérieures à ce qui apparaissait sur la tentative antérieure, mais qui n’atteint absolument pas le niveau offert par le groupe sur Black Sheep Boy et The Stage Names.
Réalisé par John Agnello (le même homme qui a propulsé Kurt Vile dans la stratosphère), The Silver Gymnasium est un disque autobiographique dans lequel Sheff relate avec loquacité les bons moments passés en compagnie de gens qu’il a profondément aimés et appréciés; une création qui rend hommage aux relations que l’on tisse au fil du temps. Sheff est l’un des raconteurs les plus doués de sa génération et sur cette offrande l’auteur n’a vraiment pas perdu la pêche.
Musicalement moins synthétique qu’I Am Very Far, prônant une approche plus modérée et sereine, préconisant une interprétation nuancée, Okkervil River sitedemo.cauit une conception sonore détenant malheureusement une linéarité un peu lassante et une maturité un peu trop paisible. La bande à Sheff choisit délibérément de ralentir la cadence. La ferveur emblématique qui servait de porte-étendard à la formation américaine s’efface au profit d’un pop-rock un peu plus convenu. Il ne faut pas se méprendre, The Silver Gymnasium est loin d’être une parution néfaste, mais la direction artistique adoptée contrecarre les débordements émotifs et les déflagrations rock qui faisaient le charme des Texans.
Cependant, ce groupe est talentueux et est encore capable de nous offrir de magnifiques moments. Parmi ceux-ci nous avons noté l’excellent simple It Was My Season, l’émouvante Lido Pier Suicide Car, l’enivrante White, le crescendo cathartique dans Walking Without Frankie (une grande chanson comme Okkervil River peut encore en confectionner), la valse fifties All The Time Everyday de même que la pop nostalgique Black Nemo.
Si l’envie vous prend de découvrir une formation américaine offrant un pop-rock érudit, intelligent et touchant, vous devriez poser vos oreilles sur cet opus… et si vous appréciez The Silver Gymnasium, nous vous conseillons de reculer dans le temps et de mettre le grappin sur Black Sheep Boy; l’œuvre majeure d’Okkervil River. Le groupe américain s’est résolument tourné vers le rock pour adulte. Nous préférions la version plus juvénile… Qu’à cela ne tienne, The Silver Gymnasium est un disque satisfaisant.
Ma note : 6,5/10
Okkervil River
The Silver Gymnasium
ATO Records
50 minutes
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