Martha Wainwright
Goodnight City
- Cadence Music
- 2016
- 46 minutes
Le dernier album en mode solo de la charmante Martha Wainwright date déjà de 2012. Come Home To Mama est un bon disque qui recelait une grande chanson: la magnifique Proserpina. Cette pièce écrite et composée par Kate McGarrigle (mère de Martha) se voulait un hommage senti et bouleversant à la vie de cette grande artiste. Impossible de ne pas verser une larme à l’écoute de ce bijou. L’an dernier, Martha unissait son talent à celui de sa demi-sœur Lucy Wainwright Roche, en présentant un album regroupant des chansons traditionnelles folk que la famille chantonnait lorsque les frangines étaient toutes petites. Intéressant.
La semaine dernière, Martha Wainwright nous proposait Goodnight City. Réalisé par le conjoint de Martha, Brad Albetta, le nouvel album inclut la participation d’une panoplie d’invités de marque. En plus des familles Wainwright et McGariggle, la participation active de Merill Garbus (Tune-Yards), Beth Orton et Glen Hansard sont à souligner au surligneur phosphorescent. Pourquoi? Parce que Martha Wainwright, pour une rare fois, n’a pas eu la mainmise sur l’ensemble du songwriting. Six chansons, pour être plus précis, sont l’œuvre de Martha et la paternité des autres pièces appartient aux collaborateurs mentionnés précédemment.
Autre caractéristique importante à noter, c’est que la majorité des chansons colligées sur ce disque l’ont été en format live avec très peu de retouches. On retrouve donc une Martha Wainwright nettement plus authentique que sur les précédents efforts. La voix de la chanteuse, aussi éraillée que cristalline, est d’une magnifique limpidité et rappelle celle des débuts. Un gros gros plus en ce qui me concerne.
Puisque les camarades nommés antérieurement ont eu un ascendant majeur sur la gestation de cet album, les chansons de Wainwright ont, elles aussi, acquis une cure de jouvence notable. Les moments pianistiques paisibles alternent avec des morceaux dont le fonds de commerce folk de la dame ne disparaît pas totalement, mais qui est bonifié par toutes ces subtiles interventions de cuivres, de claviers, etc. Le songwriting est plus complexe tout en demeurant accessible et, combiné aux textes personnels de Martha, je peux affirmer sans sourciller, artistiquement parlant, que ce Goodnight City est probablement le meilleur disque en carrière de Martha.
J’ai apprécié le soft rock pianistique titré Franci, le petit côté soul et «franchouillard» de Look Into My Eyes, l’interprétation prenante de Wainwright dans Before The Children Came Along, la superbe Piano Music, le rock «springsteenien» évoqué dans So Down et la dépouillée (piano-voix) intitulée Francis qui conclut merveilleusement bien cette création.
Sans être un adepte fini de la musique de Martha Wainwright, c’est assurément son album le plus créatif en carrière. Le folk à fleur de peau si coutumier de l’artiste se conjugue très bien avec tous ces subtils arrangements. Si vous ajoutez à cette recette, une grande bonification du songwrting de Martha, vous vous retrouverez devant le disque le plus abouti et le plus original de la discographie de cette talentueuse musicienne. Les fans seront en pâmoison.
Ma note: 7,5/10
Martha Wainwright
Goodnight City
Cadence Music
46 minutes