Mara Tremblay
À la manière des anges
- Audiogram
- 2014
- 35 minutes
Mara Tremblay s’assagit avec ce cinquième album de compositions originales, tant dans les paroles que dans la musique. Il aura fallu cinq ans pour pondre ce cinquième album, un dont, malheureusement, on oubliera rapidement derrière le flamboyant Tu m’intimides.
Dès le début de l’opus intitulé À la manière des anges, on reconnaît les claviers signatures de l’album de 2009, la guitare mi-agressive, «mi-cheezy» d’Olivier Langevin, compagnon de Mara Tremblay et réalisateur de l’album. Suit une Lumières et diamants, déjà en version Belle et Bum. Ne pleure pas tant, épurée, réussit à redonner foi en l’album.
L’électro prend le pas sur le country-folk avec À la manière des anges, les paroles crues ont fait place à la mélancolie quarantenaire. Le résultat plaira à une certaine frange de ses auditeurs de longue date, moins à d’autres. Le violon faussant, authentique et maladroit de l’époque de Papillon a été remplacé par un quatuor à corde bien léché, la déroute amoureuse par un spleen en rimes. Si plusieurs parlent de disque mature, nous préférerons le terme léché.
L’auteure-compositrice-interprète se quête-t-elle une entrevue à Josélito Michaud quand elle chante dans la pièce Nostalgie ceci: «Quand même bien/on y cherche la fin/on attend toujours un peu le train»? Les confidences sont plus rares sur cet album, les thèmes universels de la déprime et de la peine d’amour pullulant ici.
Le trip familial, «le sang qui coule dans [s]es veines» (Que la peine passe), apparaît sur deux pièces de l’album. Sans toi, une pièce aux accents de Charlotte Gainsbourg, permet la rencontre des paroles de Victor Tremblay-Desrosiers, fils de Mara, avec l’univers maternel. Le résultat détonne avec le reste de l’album, mais redonne un souffle justement à des mélodies qui parfois se confondent tant elles se ressemblent. Le plus jeune, Édouard Tremblay-Desrosiers, joint sa voix dans le chœur de Que la peine passe. Toutefois, si on ne le sait pas, le pauvre Édouard passe incognito.
Le petit côté rebelle de Mara Tremblay s’entend dans les paroles d’À la manière des anges où elle parle de tirer sur un joint pour penser à des embrassements passés.
L’album se clôt par une reprise d’une emblématique chanson de Dolly Parton, The Grass Is Blue, rebaptisée pour l’occasion par Les arbres sont bleus.
L’ensemble s’écoute bien en sourdine, mais nul besoin de garder les mouchoirs proches, l’émotion qui en ressort n’est pas si forte. Néanmoins, le matériel prépare à une prestation scénique des plus puissantes et là, le rendez-vous risque de valoir la peine.
Ma note: 6/10
Mara Tremblay
À la manière des anges
Audiogram
35 minutes
[vimeo]http://vimeo.com/95979117[/vimeo]