La première écoute de l’album homonyme de Last Ex, projet parallèle de Simon Trottier et d’Oliver Fairfield de Timber Timbre, m’a tout de suite rappelé les ambiances retrouvées sur les premiers albums de Can (voire: Soundtracks). Cette impression de déjà vu s’était préalablement manifestée quelques semaines plus tôt, lors d’une session d’écoute du récent album de Timber Timbre, Hot Dreams. À ce sujet, la chanson clôturant ce dernier album, The Three Sisters, s’avère être en quelque sorte le point de jonction qui unit Hot Dreams à Last Ex. On dit que ce premier disque de Last Ex est le résultat d’une session d’enregistrement abandonnée d’une trame sonore d’un film d’horreur. Cela prend ici tout son sens.

Disons le simplement, Last Ex est un album excessivement sombre qui nécessite un bon temps d’absorption et d’analyse afin de bien saisir les multiples subtilités proposées. Se composant de onze chansons instrumentales qui nous rappellent immédiatement le mouvement psychédélique expérimental des années 60 et 70, Last Ex est pourtant un album qui est bien ancré dans la réalité contemporaine. Le ton est rapidement donné dès la première chanson, Hotel Blues, où une ambiance assez inquiétante nous prend par surprise grâce à d’ingénieux arpèges soutenus par une rythmique quasi-militaire. On est ensuite investi d’un sentiment d’angoisse à l’écoute de la chanson Girl Seizure qui, soit dit en passant, a été utilisée pour réaliser une vidéo expérimentale qui s’avère être très réussie.

Les éléments dissonants entendus un peu partout sur l’album ne font qu’amplifier la tension générale qui ne cède que très rarement. On peut cependant pour la première fois déceler certains éléments de relâchement sur Neil’s Theme. L’accalmie est d’une brève durée, car on replonge rapidement dans la décadence sur les chansons Cape Fear et Hotel Blues Returns.

Côté sitedemo.cauction, il est difficile de critiquer les choix de Last Ex. Se disant eux-mêmes de grands amateurs de musique concrète (un petit détour sur le site de Constellation nous donne quelques indications à ce sujet), on entend d’ailleurs très bien les influences du groupe par rapport à l’esthétique des vieilles sessions radiophoniques de la BBC. Il se dégage de cet album une chaleur analogique qui se moule très bien à la démarche expérimentale du groupe.

Au final, la force de Last Ex réside définitivement dans sa capacité à combiner des mélodies et des textures qui sont à la fois intelligentes, sombres et minimalistes. Bien que Last Ex est un album cohérent dans le style, on comprend par ailleurs qu’une telle proposition peut s’avérer être difficile d’accès pour certains. Cependant, pour les amateurs de musique expérimentale aux accents psychédéliques, il s’agit définitivement d’un album qui gagne à être écouté de façon consciencieuse.

Ma note: 7,5/10

Last Ex
Last Ex
Constellation
40 minutes

cstrecords.com/last-ex/

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=4O-2yd8uUgE[/youtube]