Joël Lavoie
Absolument
- Kohlenstoff Records
- 2015
- 48 minutes
Le Montréalais Joël Lavoie est un compositeur de musique électro ambiant qui vient tout juste de sortir son premier album sur l’étiquette Kohlenstoff, intitulé Absolument. Lavoie nous propose des paysages vastes, colorés par des harmonies lointaines, comme des mirages sonores qui s’effritent quand on s’y approche. Les transitions sont subtiles, raffinées, et permettent aux différentes matières de prendre leur souffle, et d’atteindre parfois un niveau de pression acoustique qui décape les oreilles. C’est très satisfaisant.
Absolument débute de façon épique avec la pièce aspires, dont la forme se résume à un fondu d’ouverture de plus de quatorze minutes, rien de moins. Les premières minutes laisse le vent se lever lentement, avec des harmoniques au loin qui gardent leurs distances. Une note de mélodica retentit quelques fois, et réussit finalement à tenir comme le ferait une vielle à roue. La note se développe en deux accords dissonants, qui sont ensuite ancrés en enfer par une note à la basse très dense. À partir de là, ça prend feu, les échantillons se bousculent comme des bruits de foule transformés en émeutes, l’oscillation de la basse annonce la fin comme des gyrophares éclairant une scène de crime.
H.4.U.T.4.C.4.M. retourne à la tranquillité avec une plage nocturne, et des scintillements percussifs qui remplissent tranquillement l’espace. La matière se rapproche comme une pression qui augmente, et puis BOOM! La synthèse sursaturée remplit les oreilles comme du bruit blanc électrocuté. Le changement d’accord devient graduellement perceptible, mais c’est quand même pas mal thrash.
Correspondances débute également avec du «field recording», et offre ensuite une rencontre entre celui-ci et la récitation de textes du poète Sébastien B Gagnon. Quelques éléments électroacoustiques viennent supporter les passages plus violents, et résultent en une performance très bien exécutée.
Bleu 01 est plus distante, comme un accord qui rebondit sur les longs couloirs d’un aéroport. Les strates synthétiques s’intensifient doucement, coupe franche avec une nouvelle ambiance, la synthèse revient accompagnée de cuivres cacophoniques, et puis silence. Le saxophone reprend la pièce en main, comme un solo dans une bulle presque étanche.
Absolument propose une maîtrise de la progression tout à fait géniale. Le «field recording» amène une dimension spatiale qui contraste avec les éléments placés à proximité. Cette dualité dans l’espace nous fait passer du flottement aérien à l’étanchéité sous-marine, du temple bouddhiste à la salle des machines. Amateurs d’électroacoustique, à vos casques! (ou acousmonium)
Ma note: 7,5/10
Joël Lavoie
Absolument
Kohlenstoff
48 minutes